Larvová Hana, Alena Kučerová. Grafika, plechy, cat. expo., Galerie hl. města Prahy, Prague (1990), Prague, Galerie hl. města Prahy, 1990
→Klimešová Marie, Alena Kučerová, Praha, Galerie Pecka, 2006
Alena Kučerová, Galerie na Karlově náměstí, Prague, 1965–1966
→Alena Kučerová, Galerie hl. města Prahy, 1991
→Alena Kučerová. Summary. Prints, metal plates, objects, Galerie hl. města Prahy, Dům U kamenného zvonu, Prague, 2007
Plasticienne tchèque.
Alena Kučerová est l’une des artistes tchèques les plus originales de sa génération. Elle étudie pendant les années marquées par le dogmatisme officiel (1954-1959) à l’École des arts appliqués de Prague, dans l’atelier d’illustration. Dès 1958, elle découvre la poésie de Christian Morgenstern et les dessins qu’elle crée à cette occasion (1961) l’aident à libérer son langage artistique. Après une intéressante période d’abstraction géométrique, en 1963 elle met au point une technique expérimentale puis commence, dès 1965, à réaliser des gravures de grand format dans lesquelles elle ne recourt pas aux procédés traditionnels mais opère des perforations ponctuelles dans tôles métalliques industrielles à l’aide des outils de son grand-père cordonnier. Ce processus difficile et très physique lui permet de créer des gravures structurales, dont les sujets sont réduits à des figures aux lignes essentielles composées de points isolés. A. Kučerová puise ses premiers sujets dans l’intimité de sa famille. Comme elle le dit alors, elle veut « exprimer des moments heureux », souvent liés à l’expérience du corps plongeant dans l’eau.
La forme simplifiée de ces figures, empreintes de sensualité, s’attache à un réseau abstrait géométrique. Cette dualité confère à ces œuvres une générosité d’expression radicale, de même qu’une qualité ornementale spécifique. Vers la fin des années 1960, l’artiste explore un nouveau thème, le paysage, qu’elle traite de la même manière que ses figures. Dans les années 1980, elle transforme ce concept. Ses nouvelles gravures – des paysages vus de très près, qu’elle crée d’après les promenades à cheval qu’elle faisait dans les forêts de son enfance – rappellent les dessins des maîtres néerlandais du XVIIe siècle, dont la complexité surpasse le genre classique du paysage qu’elle montre à présent comme une métaphore de l’univers. A. Kučerová n’abandonne pas sa technique de perforation, mais elle y ajoute des taches grises et noires qui créent une atmosphère sensuelle extrêmement intense, visuellement riche, que l’on pourrait rapprocher en un sens des œuvres produites dans l’entourage de Rembrandt (1606-1669).
Dès sa première exposition personnelle (Prague, 1965), elle présente non seulement des gravures puissantes, mais même des matrices suspendues dans l’espace, pour qu’on puisse découvrir leurs caractéristiques, tels les vides laissés par les perforations.
À la fin des années 1980, A. Kučerová abandonne la gravure. Durant les décennies suivantes, elle travaille avec des matrices anciennes. Elle les intègre aux cadres faits de bois trouvé – des branches d’arbres, des planches usées – et crée des assemblages. Elle revient parfois à son intérêt pour la couleur distinctive et en couvre des matrices (ou des cadres) de peinture industrielle (Minerve, 1968 et 2002). Elle élargit le concept en remplaçant les matrices par des compositions qu’elle « dessine » à l’aide de petits clous qu’elle plante dans un carton usé. La base des lignes abstraites des clous reste végétale, concentrée sur les détails et sensuelle. Ces assemblages combinent d’une façon fascinante une extrême fragilité avec une rugosité de la matière.
Durant toute sa carrière, l’influence des écrits de C. Morgenstern est palpable. À plusieurs reprises, elle donne différentes versions de dessins qui illustrent les Galgenlieder (Les Chansons du gibet) du poète. Cette poésie non seulement lui offre le choix des motifs, mais lui permet aussi de se confronter aux énigmes de l’humour, du nonsense, et de trouver constamment l’équilibre entre le réel et l’abstrait.
Au cours de la dernière décennie, A. Kučerová développe une autre technique, rarement utilisée : elle brode de riches compositions ornementales. Elle y associe des thèmes morgensterniens à des éléments de la nature et à des allusions à ses propres œuvres anciennes. Plusieurs expositions majeures lui ont été consacrées, notamment celles qu’a organisées la galerie de la Ville de Prague en 1990 et en 2007.