Boghiguian Anna, Anna’s Egypt, an artist’s journey, Le Caire, American University in Cairo Press, 2003
→Anna Boghiguian, cat. expo., Carré d’Art-Musée d’art contemporain, Nîmes (14 octobre 2016 – 19 février 2017), Londres, Koenig Book, 2016
→Anna Boghiguian, cat. expo., Sharjah Art Foundation, Sharjah (16 mars – 16 juin 2018), Sharjah, Sharjah Art Foundation, 2018
Anna Boghiguian, Castello di Rivoli Museo d’Arte Contemporanea, Rivoli, 19 septembre – 10 décembre 2017
→Anna Boghiguian. The Loom of History, New Museum, New York, 5 février – 18 août 2018
→Anna Boghiguian, Museum der Moderne Salzburg, Salzburg, 26 juillet – 11 novembre 2018
Plasticienne égyptienne.
Née en Égypte dans une famille arménienne, Anna Boghiguian étudie en 1969 l’économie et les sciences politiques à l’Université américaine du Caire tout en s’initiant à la peinture auprès de l’artiste égyptien Fouad Kamel (1919-1973). Quand sa famille émigre à Montréal, elle poursuit son éducation artistique au sein de l’université Concordia où elle obtient un Bachelor of Fine Arts en arts visuels et musique. C’est à cette époque qu’elle perd l’audition. Depuis, l’oreille est un motif récurrent dans son travail, se faisant tour à tour métaphysique, organique, sociale et sensorielle, comme dans l’installation Guilt Machine (2013) ou dans la toile Mapping the Ear (2011-2014). Artiste nomade, A. Boghiguian parcourt les continents, saturant de dessins des montagnes de cahiers. Habitée par les bruits des villes et les frémissements du monde, elle développe une œuvre hybride et poétique associant peintures, dessins, collages, sculptures, installations et récits pour composer une cartographie mentale, émotionnelle et physique du monde. Ses pérégrinations nourrissent considérablement sa pratique, entre le carnet de voyage et le journal intime. Imprégnée de littérature, sa production est traversée de mots, issus de récits personnels ou empruntés à des pièces de théâtre, des journaux, des récits mythologiques ou historiques. « Il y a une narration, car mon principe de pensée vient de la forme du récit », affirme l’artiste dont l’œuvre agit comme un livre éclaté dans l’espace. Cette affinité avec la littérature l’amène à réaliser des illustrations pour de nombreux ouvrages, dont des poèmes de Constantin Cavafy, de Giuseppe Ungaretti ou de Naguib Mahfouz, prix Nobel de littérature en 1988.
En 2003, elle publie, aux éditions de l’Université américaine du Caire, Anna’s Egypt, un carnet dans lequel elle partage ses souvenirs, ses expériences de l’Égypte à travers des textes, des dessins et des peintures. Au cœur de sa pratique, les voyages donnent lieu à une profonde et sensible réflexion sur les déplacements des hommes et des matières premières (sel, coton, cire) au gré des guerres, des révolutions, des conquêtes, des migrations, comme dans Woven Winds/The Making of an Economy – Costly Commodities (2016). Composée de marionnettes de papier évoquant des esclaves de plantations de coton, cette installation figure en 2018 au New Museum de New York à l’occasion de sa première exposition personnelle aux États-Unis, The Loom of History. « La meilleure des choses est de ne pas avoir fait d’exposition et d’avoir gardé mon travail pour l’exposer à l’âge de 70 ans » ,confie l’artiste à l’occasion de son exposition monographique Promenade dans l’inconscient, organisée au Carré d’art de Nîmes en 2016. Après quarante ans d’exploration et d’expérimentation plastiques dans les marges de la scène artistique, A. Boghiguian connaît un succès fulgurant depuis 2010. Son œuvre foisonnante et expressionniste, enchevêtrant mythologies et histoire, actualité et intimité, est mise à l’honneur dans les plus grandes manifestations : documenta 13 en 2012, Biennales d’Istanbul, Sharjah et Venise en 2015 où elle représente le pavillon arménien. En février 2019, les créations d’A. Boghiguian investiront les espaces de la Tate St Ives.