Derrida Jacques (dir.), Camilla Adami : l’ange déchu, cat. expo., Villa Tamaris centre d’art, La Seyne-sur-Mer (27 mars – 16 mai 2004), Villa Tamaris, 2004
Camilla Adami, Sala Caballerizas, Los Molonis del Rio, Murcia, 13-30 mars 1995
→Camilla Adami : l’ange déchu, Villa Tamaris centre d’art, La Seyne-sur-Mer, 27 mars – 16 mai 2004
→Camilla Adami, À cent mètres du centre, centre d’art contemporain, Perpignan, 16 janvier – 27 mars 2016
Peintre italienne.
Camilla Adami vit et travaille en Italie (Meina, Lago Maggiore) et en France (Paris). Diplômée de l’Académie des beaux-arts de Milan (Accademia di Brera), elle épouse le peintre plasticien Valerio Adami, dont l’œuvre devient très prisée dès les années 1960-1970. Camilla, qui a arrêté de peindre depuis son mariage, recommence à travailler, d’abord pour la réalisation de décors de théâtre en France, au festival de Carpentras, et pour FR3. Elle n’est plus une débutante lorsque, dans les années 1980, elle se remet à peindre : elle a rencontré les grands artistes contemporains, participé aux débats de la modernité, acquis une connaissance intellectuelle des arts, maturité et exigence. À une époque où le figuratif n’est guère à l’honneur, c’est le domaine qu’elle explore, à la recherche d’un rapport viscéral à l’art. Elle choisit le grand format, attentive au geste qui a besoin d’espace et de continuité. Elle fait une série de portraits d’intellectuels, au crayon, à la mine de plomb, les traitant en gros plan comme de la photographie. Le trait fouille les regards, décadre les visages, fait saillir les tracés en détail, hyperréels et fantomatiques. Ainsi se présentent les têtes de Luciano Berio, Italo Calvino, Jacques Dupin, Jean-François Lyotard, Jorge Semprun, Saul Steinberg. Sa première exposition se tient Galleria del Naviglio à Milan.
Durant des années, C. Adami travaille le dessin, mine de plomb, fusain, puis crayons de couleur, avec une impressionnante minutie donnant aux nus une texture vibratile : Vertige (Caryatide), 1985 ; Crayon sur toile, 1986-1987. Parallèlement, elle commence la peinture à l’huile et à l’acrylique sur des formats encore plus grands (jusqu’à 220 x 550 cm) et des compositions polyptyques. La série des Retroscena (1999, 2003, 2006) opère par technique mixte, fusain et pastel sur toile avec projection DVD ; Rituels magiques, Contaminations, Conflits expérimentent également matériaux et techniques. L’ensemble de huit portraits intitulé Drag Queens présente des visages brouillés qui sondent le théâtre des transformations humaines. Avec la série Primates (depuis 2001, fusain sur toile, 195 x 144 cm), C. Adami a entrepris une nouvelle exploration du portrait : celui des grands singes, qui font signes vers d’autres modalités de rapport au vivant. Ce regard insolite sur le monde appelle la réflexion philosophique : Jacques Derrida analyse le « non-domesticable » et « l’entêtement » ; Avital Ronell les portraits; Michel Onfray le « chamanisme » du peintre.