Barbero, Carla, Arroyuelo, Javier (dir.), Delia Cancela: Reina de Corazones, 1962-2018, Buenos Aires, Museo de Arte Moderno de Buenos Aires, 2018
→Fajardo-Hill, Cecilia, Giunta, Andrea (dir.) Radical Women: Latin American Art, 1960-1985, Los Angeles, Hammer Museum y DelMonico Books/Prestel, 2017
→Herrera, María José, Pop! La Consagración de la Primavera, Buenos Aires, Fundación Osde, 2010
Los pies en la tierra, los ojos en el cielo, Museo Nacional de Bellas Artes, Neuquén, septembre – novembre 2019
→Delia Cancela: Reina de Corazones, 1962-2018, Museo de Arte Moderno de Buenos Aires, Buenos Aires, novembre 2018 – mars 2019
→Pablo & Delia, The London Years 1970-75, Judith Clark Gallery, Londres, mai – juillet 2001
Artiste argentine.
De ses œuvres informelles des années 1950 à ses sculptures molles en textile, le travail de Delia Cancela interroge les contraintes qui s’exercent sur la femme dans la société patriarcale, les stéréotypes de genre dans les formes du vêtement, ou la symbolique et la sexualité féminines. Sa trajectoire artistique comprend un passage par l’Institut Torcuato Di Tella (ITDT), épicentre de l’avant-garde artistique à Buenos Aires dans les années 1960, le monde de la mode européenne dans les années 1970 et 1980 et des techniques comme le collage, le dessin et la peinture, ainsi que la conception de costumes – en tissu, sur des mannequins, dans l’atelier, ou sur les corps d’un défilé de mode.
En 1964, D. Cancela entame un travail en duo avec Pablo Mesejean (1937-1991). Ensemble, ils réalisent installations, peintures et modèles de costumes pour les employés de l’ITDT (Señalización de los empleados de Di Tella [Signalisation des employés de Di Tella], 1967), ainsi que les dispositifs scéniques de plusieurs spectacles (Dance Bouquet, 1965 ; Drácula, 1966 ; ou Aventuras [Aventures], 1967). En 1965, ils présentent à la galerie Lirolay, à Buenos Aires, un environnement intitulé Love and Life, composé de musique, d’une performance et d’images d’astronautes et de vaisseaux spatiaux sur les murs. Dans les mêmes années, ils réalisent des portraits d’Elvis Presley, de Bob Dylan ou de Jean Shrimpton, pour lesquels ils associent des images de nuages, de cœurs ou de bouquets de fleurs.
Après une première expérience parisienne en 1968, D. Cancela et P. Mesejean retournent à Buenos Aires où ils réalisent un défilé de modèles non professionnel·le·s (Ropa de riesgo [Vêtement de protection/de risque]) et fondent une revue de mode conçue comme une œuvre d’art (Yiyisch), qu’ils présentent dans l’exposition Experiencias ‘68 à l’ITDT. Ils quittent ensuite Buenos Aires pour s’installer à New York en 1969 puis à Londres en 1970, où ils créent la marque Pablo & Delia et réalisent des couvertures pour les magazines Vogue et Harper’s Bazaar. L’idée de la mode comme langage et du vêtement comme processus de création en collaboration avec le·la modèle conduisent le travail des artistes, qui s’installent à Paris au milieu des années 1970.
En 1980 s’achèvent presque vingt ans d’activité conjointe avec P. Mesejean. D. Cancela commence progressivement à concevoir le vêtement comme sculpture molle (Sin título [Sans titre], 2018) qui n’appartient plus dès lors à la scène de la mode mais est appelé à couvrir d’autres corps et à être exposé dans des espaces spécifiques. Dans sa performance Coser y cortar [Coudre et couper, 2000], au Centre culturel – parc d’Espagne à Rosario, elle recouvre une sculpture molle en tissu de fleurs qui se fanent rapidement – référence directe à sa préoccupation de toujours pour l’écologie. Ses peintures de ces années témoignent d’un intérêt renouvelé pour les relations entre le paysage, la nature et le corps féminin, déjà sensible dans des collages comme Páginas Vogue [Pages Vogue, 1962].
Dans les dernières années, D. Cancela mène de front sa production textile et une activité intense dans les domaines du dessin et de la peinture, où elle continue de développer son univers iconographique composé de fleurs, de cœurs et de portraits. Parmi ses œuvres les plus significatives, on note une série de dessins-peintures en hommage à Pierre Bonnard (1867-1947), dont Te odio, te amo. Te amo, te odio (y cómo llego a amarte a pesar de todo) [Je te hais, je t’aime. Je t’aime, je te hais (et comment j’arrive à t’aimer malgré tout), 2012] et un ensemble de pièces en forme de livres enveloppés dans des tissus, sur lesquels D. Cancela fait le portrait d’écrivains, de cinéastes, de musiciens et d’autres personnages (série Mis Favoritos [Mes favoris], 2005-2009).
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring