Amrin, Aisha, Wright, Astri, Soriano, Nicole, Dirgantoro, Wulan, I Gusti Ayu Kadek Murniasih: Shards Of My Dreams That Remain In My Consciousness, cat. exp., Gajah Gallery, Singapour (15 juillet – 15 août 2021), Singapour, Gajah Gallery, 2021
→Northmore Aziz, Mary, I Gusti Ayu Kadek Murniasih: On Beginnings, cat. exp., Gajah Gallery, Singapore (19 octobre – 10 novembre 2019), Singapour, Gajah Gallery, 2019
→Dirgantoro, Wulan, « Female Desire and the Monstrous-Feminine in the Works of IGAK Murniasih, », Feminisms and Contemporary Art in Indonesia: Defining Experiences, Amsterdam, Amsterdam University Press, 2017, pp. 119–42
I See Myself Floating, Gajah Gallery, Jakarta, 29 octobre – 27 novembre 2022
→I Gusti Ayu Kadek Murniasih: Shards Of My Dreams That Remain In My Consciousness, Gajah Gallery, Singapore, 15 juillet – 15août 2021
→Merayakan Murni / Celebrating Murni, Sudakara Art Space, Sanur, 16 juillet – 18 septembre 2016
Artiste multidisciplinaire indonésienne.
I Gusti Ayu Kadek Murniasih – aussi connue, d’après les conventions indonésiennes, sous le nom de Murniasih ou de Murni – compte aujourd’hui parmi les artistes les plus recherché·es, célébré·es, exposé·es et étudié·es d’Indonésie. Née dans une famille de paysans à Bali, Murni passe son enfance sur l’île de Sulawesi : dès son plus jeune âge, elle fait l’expérience de la mobilité, ce qui induit un déracinement et un élargissement de son horizon. Après plusieurs expériences difficiles, sa carrière commence au début de sa vingtaine. Elle étudie la peinture traditionnelle balinaise dans la région d’Ubud auprès de ses aîné·es, en particulier de Dewa Putu Mokoh (1934-2010). Elle y est aussi constamment exposée aux productions artistiques et aux idées venues de l’étranger grâce au climat international qui règne à Ubud et, surtout, grâce à son partenaire artiste, l’Italien Mondo (Edmondo Zanolini, né en 1951). Cela lui permet d’étendre son vocabulaire artistique et de se libérer, afin d’explorer son propre langage visuel dans toute son unicité. La peinture est son médium principal, mais elle sculpte aussi des poupées à partir de tissu et, dans les dernières années de sa vie, avant de mourir d’un cancer, elle crée une série de sculptures et d’installations en métal et en bois.
L’une des expériences qui la conduit vers un mode de vie libre est de ne pas avoir pu porter d’enfant. Son mariage avec un homme indonésien prend fin pour cette raison, ce qui la libère des devoirs imposés aux femmes balinaises et d’une conception de la sexualité féminine comme moyen de reproduction avant tout. L’exploration radicale par Murni du corps féminin et du plaisir, que cela soit dans une quête solitaire ou dans une chorégraphie sexuelle à deux, devient bientôt le thème dominant de son travail. Mais son œuvre transcende largement cela : des œuvres sexuellement explicites, mêlant de manière surprenante des parties génitales, des accessoires et des créatures étranges, coexistent avec des conversations surréelles entre des êtres fantastiques et humoristiques libérés des lois de la gravité. Murni a souvent raconté dormir dans son atelier et peindre ses visions et fantasmes oniriques. Avec ses figures extrêmes, souvent naïves, parfois enfantines, représentées dans un espace vide, peintes dans des aplats de couleurs vives, son art titille d’abord les sens avant d’inviter le·la spectateur·rice à des réflexions plus vastes. Murni est intensément présente dans son art, s’enracinant dans sa culture d’origine sans s’y limiter. Peu de temps avant de mourir, Murni évoquait la nature existentielle de son besoin de créer de l’art.
Parmi le groupe dynamique des artistes femmes d’Indonésie et, plus généralement, d’Asie, Murni est passée au premier plan international ces dernières années. Depuis sa première exposition individuelle en 1995, son œuvre a aussi été présentée à l’échelle mondiale à Bangkok (2022), Bologne (1999), Padoue (1998), Hong Kong (1998) et Melbourne (1998) ainsi que lors d’expositions collectives dans des galeries nationales à Singapour, en Australie et aux États-Unis. En 2016, une série d’événements intitulée Merayakan Murni [Hommage à Murni] s’est tenue à Bali et au-delà. Son programme mêlait recherches, publication d’articles et expositions collaboratives où les artistes étaient invité·es à créer des œuvres inspirées de la vie et du travail de Murni. En 2021, une grande rétrospective organisée à la Gajah Gallery de Singapour était accompagnée d’un catalogue exhaustif. En 2023, Murni est devenue la première artiste balinaise à entrer dans les collections de la prestigieuse Tate Modern Gallery de Londres.
Une notice réalisée dans le cadre du programme The Flow of History. Southeast Asian Women Artists, en collaboration avec Asia Art Archive
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2024