Danny Mallat, « Mona Saudi, vingt ans de labeur et de liberté », L’Orient-Le Jour, 26 septembre 2017
→Matthew Teller, « Finding the Essence », Aramco World, vol. 61, n°3, mai-juin 2010
→Anne Mullin Burnham, « A Search for Simplicity », in Mona Saudi. Forty Years in Sculpture, Beyrouth, Mullen Books, 2006
Mona Saudi, Poetry and Form, Sharjah Art Foundation, Sharjah, 7 mars – 7 juin 2018
→Mona Saudi, Poetic Inspirations, The Mosaic Rooms, AM Qattan Foundation, Londres, 24 septembre – 10 octobre 2010
→Mona Saudi, Rétrospective, Darat Al-Funun, Amman, 1995
Sculptrice, dessinatrice et militante jordanienne-libanaise.
Mona Saudi voit ses origines et ses engagements personnels partagés entre la Jordanie, le Liban et la Palestine. Durant son enfance jordanienne, elle joue dans les ruines de Nymphaeum et ses anciens bains publics romains, où les énormes blocs de pierre préfigurent son destin de sculptrice.
Dès ses 18 ans, en 1962, M. Saudi quitte la Jordanie pour le Liban, où elle finit par s’installer, marquée par ses rencontres avec des artistes tels que Paul Guiragossian (1926-1993), Adonis (1930-) et Michel Basbous (1921-1981). Elle voyage également en France et entre à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris en 1964 où elle réalise sa première sculpture en calcaire intitulée Terre/Mère (1964).
Les sculptures de M. Saudi, dans une recherche de grâce qui transcende les symboles parfois représentés, ne font jamais référence à une seule Antiquité ou une civilisation. Elles renvoient aux Ammonites, aux Édomites ou aux Nabatéens, dont les vestiges se trouvent en Jordanie. Ce qui n’empêche en rien d’autres influences, étrusques, grecques, voire aztèques, de s’immiscer dans ses œuvres – La Graine (2007), par exemple, condense des influences diverses grâce au minimalisme des formes spiraloïdes. De la pierre, le matériau primordial de l’univers et de l’histoire, elle puise une masse vivante et vibrante, en s’inspirant des formes géométriques primaires (carré, cercle, rectangle, cylindre…). Elle saisit le matériau et ses qualités propres (par exemple son utilisation de la pierre de jade jordanienne dans la sculpture intitulée Dialogue, 2004) entre l’immobilité et le mouvement, la forme symbolique et l’expansion abstraite ; en jouant sur les couleurs et les effets naturels des différentes pierres qu’elle utilise (pierre verte de l’Aqaba, pierre volcanique rose d’Arménie, calcaire gris du Liban, marbre de Carrare…). Comme le montre la sculpture Femme/Rivière (2003-2004), elle adopte un langage mi-abstrait, mi-figuratif la rapprochant de Brancusi (1876-1957) qui oscille entre la géologie, le symbolisme et une écriture post-calligraphique qui se décèle mieux encore dans ses lithographies et dessins.
Peu après les événements de Mai 68, à Paris, elle décide de rentrer en Jordanie pour accomplir sa mission auprès des enfants palestiniens réfugiés au camp de Beqqa, suite à la guerre de juin 1967. Au début des années 1970, les combats entre armée jordanienne et combattant∙es palestinien∙nes (« Septembre noir ») la conduisent à Beyrouth, où la scène artistique et culturelle est en ébullition. M. Saudi est alors impliquée dans la section arts plastiques du mouvement de l’Organisation de Libération de la Palestine. Elle fait partie des organisateur∙ices de la grande exposition internationale en soutien à la Palestine de Beyrouth en 1978.
En 1983 elle reçoit une commande de la Petra Bank à Amman, pour trois sculptures de granit monumentales. Elle poursuit ce type d’œuvre monumentale avec Géométrie de l’esprit, installée devant l’Institut du monde arabe à Paris en 1987.
En 1996 elle retourne à Beyrouth pour restaurer sa maison-atelier suite aux dommages causés par la guerre civile libanaise, où elle vit jusqu’à la fin.
On peut trouver les œuvres de M. Saoudi dans plusieurs collections internationales notamment celles de l’Institut du monde arabe, Paris ; du National Museum for Women in the Arts, Washington D.C. ; de la National Gallery of Fine Arts, Amman ; de la Sharjah Art Foundation, Sharjah et du British Museum, Londres.
Une notice réalisée en collaboration avec le Musée d’Art Moderne de Paris et Zamân Books & Curating dans le dans le cadre du programme Role Models
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