Summerhayes, Catherine, The Moving Images of Tracey Moffatt, Milan, Charta, 2007
→Maggia, Filippo (dir.), Tracey Moffatt: Between Dreams and Reality, cat. expo., Spazio Oberdan, Milan (28 juin – 1er octobre 2006, Milan/New York, Skira, 2006
Tracey Moffatt, Institute of Modern Art, Brisbane, 8 septembre – 9 octobre 1999
→Tracey Moffatt, Centre cultural de la Fundació La Caixa, Barcelone ; Centro Galego de Arte contemporànea, Saint-Jacques-de-Compostelle ; Centre national de la photographie, Paris, 1999
Photographe et cinéaste australienne.
Diplômée en communication visuelle du Queensland Collège of Art en 1982, Tracey Moffatt est l’une des artistes australiennes les plus en vue de sa génération. Métisse aborigène élevée par des parents adoptifs blancs dans un milieu ouvrier, elle est aussi l’une des premières artistes femmes à placer ses origines ethniques et sociales au cœur de son œuvre : le titre de son premier long-métrage, Nice Coloured Girls (1987), en est le révélateur. Son travail s’articule ainsi autour d’un mélange d’éléments historiques – souvent liés à l’histoire australienne – et d’archives personnelles, qui s’organisent dans des séries de photographies ou des films de durée variable. Sa série photographique Something More (1989) la fait reconnaître sur le plan international : la juxtaposition de clichés en noir et blanc et en couleurs de décors naturels et peints, l’histoire fragmentaire d’un personnage principal féminin, le mélange entre réalité et fiction définissent immédiatement le style de ses œuvres, dont l’interprétation est complexe.
Moffatt se distingue en cela de l’art engagé ou politique qui apparaît dans les mêmes années, mais aussi du développement de la photographie d’un côté, et de la vidéo de l’autre. En effet, ses images mêlent cinéma et théâtre, télévision et vidéo d’artiste, bande dessinée et publicité, histoire de l’art et low culture. Ses photographies ont pour modèles des acteurs et des metteurs en scène, et sont prises selon un processus qui rappelle celui d’un tournage de film ou des tableaux vivants du début du siècle. L’érotisme y est souvent présent, soit teinté d’onirisme (Pet Thang, 1991) soit de violence raciale (dans Laudanum [1998], une propriétaire blanche et ses serviteurs noirs sont représentés dans un style académique, en noir et blanc). Son second long-métrage, Bedevil (1993), montré au festival de Cannes, met en scène les problèmes propres aux Aborigènes : double identité, problèmes économiques et criminalité, qui voisinent avec un lien puissant à la nature, organisé autour de mythes. Images surréelles et réalistes sont mêlées, dans un style narratif devenu sa signature. Dans la seconde moitié des années 1990, T. Moffatt aborde une autre manière de fonder une communauté et/ou un communautarisme parfois empreint de violence, en se tournant vers l’univers des sports non pas collectifs, mais pratiqués collectivement, souvent par des adolescents : Guapa (1995) évoque le roller ; Heaven (1997), le surf ; Games (2000), tourné pendant les Jeux olympiques de Sydney, traite de la déception des quatrièmes, exclus du podium, ou des athlètes privés de médailles. Depuis son prix décerné par la Biennale de Gwangju (Corée) en 1995, T. Moffat multiplie les expositions personnelles dans le monde entier.