Valérie Mréjen, Ping-pong, cat. expo., Jeu de paume, Paris (15 avril – 15 juin 2008), Paris, Allia, 2008
→Valérie Mréjen, Forêt noire, Paris, P.O.L., 2012
→Valérie Mréjen, Troisième personne, Paris, P.O.L., 2017
Valérie Mréjen, Logorrhées, Centre d’art contemporain de Normandie, 1998
→Valérie Mréjen, Ping Pong, Jeu de paume, Paris, 15 avril – 15 juin 2008
→Valérie Mréjen, Portraits de famille, musée national d’Art moderne – Centre Georges-Pompidou, Paris, 2012
Vidéaste, plasticienne et romancière française.
Parmi les jeunes artistes multimédias qui ont accédé à une certaine notoriété à la fin des années 1990, Valérie Mréjen est une de celles dont la voix est la plus singulière, à la fois familière et dérangeante. La caractéristique de son œuvre repose sur une oscillation constante entre deux pôles, le premier étant le texte et le second l’image, en un partage qui demeure présent au sein de son travail de vidéaste. En 1994, elle sort diplômée de l’École nationale supérieure d’arts de Cergy-Pontoise. Elle mène une double carrière, d’une part comme écrivaine (Mon grand-père, 1999 ; L’Agrume, 2001 ; Forêt noire, 2012), d’autre part comme plasticienne et vidéaste à partir de 1997. Ses travaux visuels s’inscrivent dans une logique fortement narrative, gouvernée par l’omniprésence de la voix, tout en privilégiant la forme du fragment, que ce soit dans des œuvres brèves ou plus amples. Ainsi son film Pork and Milk (« porc et lait », 52 minutes, 2004) expose-t-il des témoignages de Juifs issus de communautés orthodoxes et qui évoquent le moment où ils ont décidé de rompre avec leur milieu religieux (le titre évoque les deux interdits alimentaires majeurs de la Torah).
De manière emblématique, le dispositif visuel employé (semblable au confessionnal) acquiert un effet de signature : fixité d’un cadrage plutôt serré, frontalité des récitants et neutralité de ton obtenue par d’inlassables répétitions. Dans la neutralisation du spectaculaire qui en découle, les saynètes répétitives de la vidéaste se vident alors peu à peu de leur sens et d’une affectivité superflue, soulignant la part rituelle et la dimension stéréotypée qui menace la parole aussi bien que les images. Les vidéos Sympa (1998) – une femme raconte sa dernière soirée en usant du tic langagier « c’était sympa » jusqu’à la nausée – et Capri (2008) – un couple se déchire en déclinant tous les clichés cinématographiques des scènes de ruptures – illustrent l’aspect à la fois comique et inquiétant, caché derrière l’extrême banalité de ces reconstitutions pseudo-documentaires.