Bartolani Judith, Caillol Claude, L’art du fin fond, Marseille, Images en manœuvre, 1999
→Enrichi Michel, Judith Bartolani. Nos funérailles, Arles, Analogues, 2005
Judith Bartolani, Action régionale pour la création artistique, Marseille, 14 janvier – 23 février 1985
→Un, deux, trois… Sculptures : Judith Bartolani et Claude Caillol ni rond, ni carré, ni pointu, Fondation Cartier, Paris, 15 janvier – 19 janvier 1989
→Judith Bartolani, nos funérailles, Musée d’art et d’histoire du judaïsme, Paris, 1 février – 20 juin 2006
Peintre et sculptrice française.
Judith Bartolani est née en Israël, où sa famille avait émigré dans les années 1950. Au début des années 1980, sa sculpture puissante, gestuelle, lui vaut d’emblée une reconnaissance internationale ; puis elle abandonne la matière et travaille, en association avec Claude Caillol, à des œuvres conceptuelles, engagées politiquement et polémiques. Leur dernière œuvre commune, en 2001, est le film d’animation Blister. C’est à partir d’une réflexion sur le deuil et d’un projet de créer de nouveaux objets funéraires que l’artiste se confronte à l’impérieuse nécessité de revenir sur un drame enfoui, d’écouter ses fantômes et de leur donner une sépulture. Elle le fait par l’entremise du livre, un livre de contes, chargé de mots, de pastels, de biffures, habité par la présence d’une jeune fille, Sara, qui raconte sa vie, « de fait une multitude d’histoires, et dont le prénom est comme un tatouage ». L’ouvrage devient une sculpture, enserrée d’un roncier de mots, et une installation vidéo : Les Funérailles de Sara, nos funérailles, qui sont présentées aux Ateliers d’artistes de la Ville de Marseille en 2005, puis au musée d’Art et d’Histoire du judaïsme, lors de l’exposition Charlotte Salomon, vie ? ou théâtre ? en 2006.
Ce retour à la sculpture par le livre, le texte, mais aussi par l’informe, est incarné par une autre pièce présentée également à Marseille : Margarete Sulamith (2005), qui calligraphie dans l’espace, comme une danse macabre, une phrase de la Fugue de mort (1945) de Paul Celan. L’œuvre de J. Bartolani renoue ainsi avec une gestualité, essentiellement graphique, mais dont le livre est le support quotidien et intime. Après l’expérience de l’écriture et du dessin à « quatre mains », avec le personnage de Sara, elle s’empare, en 2007, de Si c’est un homme (1947) de Primo Levi, qu’elle recopie, comme dans une transe, pendant près de trois ans. « Considérez si c’est une femme, que celle qui a perdu son nom et ses cheveux » est le point de départ de cette plongée, où l’écriture devient dessin, recouvre livres et carnets. À ce retour sur l’histoire du XXe siècle, à ce périlleux retour sur soi succède aujourd’hui un retour sur l’histoire de l’art, comme un « réarpentage » par lequel J. Bartolani inventorie et interprète, par le dessin, les chefs-d’œuvre d’une histoire de l’art dans laquelle elle s’inscrit à nouveau.