Yoshimoto, Midori, “A Woman and Collectives: An Interview with Tabe Mitsuko”, in positions: asia critique, vol. 21, no. 2, Durham, Duke University Press, été 2013
→Kokatsu, Reiko, “Mitsuko Tabe: Beyond Kyushu-ha”, in n.paradoxa. international feminist art journal, vol. 27, Londres, KT Press, janvier 2011
→Tabe, Mitsuko, Tabe Mitsuko Recent Works, Fukuoka, Gallery Toile, 2002
Mitsuko Tabe Solo Exhibition, Fukuoka Art Museum, Fukuoka, janvier – mars 2022
→Mitsuko Tabe Exhibition: Life is Art, Fukuoka Art Museum, Fukuoka, octobre – décembre 2013
→Japanese Women Artists in Avant-garde Movements. 1950-1975, Tochigi Prefectural Museum of Fine Arts, Utsunomiya, juillet – septembre 2005
Plasticienne japonaise.
Mitsuko Tabe est née à Taïwan, alors sous domination japonaise, en 1933. Peu après la fin de la Seconde Guerre mondiale, elle s’installe dans la région de Fukuoka, au Japon, où elle vit encore aujourd’hui.
Si elle est connue pour être l’un des quelques membres féminins du Kyūshū-ha, un groupe d’artistes d’avant-garde du Japon de la fin des années 1950 et 1960, son activité artistique ne s’est jamais limitée à cette période ou à ce cadre. Elle a poursuivi son travail jusqu’aux années 2010, élaborant sans cesse des œuvres originales.
C’est à l’exposition inaugurale de Kyūshū-ha en 1957 que sont exposées ses premières œuvres. Elle continue de participer aux expositions du groupe jusqu’en 1960 et remporte plusieurs récompenses dans des concours d’art.
Dans ces expositions, on trouve les œuvres Gyozoku no Ikari [Colère des poissons, 1959] et Hanshoku suru 2 [Reproduction 2, 1958/1988], qui emploient un même procédé consistant à faire fondre du bitume et à le couler sur une feuille de contreplaqué, puis à y coller des rondelles de bambou. Colère des poissons s’inscrit dans la fureur de l’artiste à l’encontre du test américain de la bombe à hydrogène, à l’origine de la contamination du Daigo Fukuryū Maru en 1954 et d’une pollution aux conséquences tragiques, dont la maladie de Minamata.
Parmi les œuvres majeures de la période Kyūshū-ha de M. Tabe, citons Jinkō Taiban [Placenta artificiel] et Placards, toutes deux datées de 1961. La première émane de son souhait de voir les femmes libérées de leurs longues grossesses. En effet, elle la crée à une époque où elle doit continuer de travailler sur ses œuvres tout en étant enceinte. L’installation est présentée à l’exposition de Kyūshū-ha en 1961 à la galerie Ginza à Tokyo. Elle est composée de trois objets, chacun constitué du bassin d’un mannequin posé à l’envers, sur lequel sont collés du coton hydrophile et des balles de ping-pong ; des clous y sont enfoncés et un tube électronique est y est inséré en guise de vagin. L’œuvre est présentée avec deux objets représentant des fœtus.
Les cinq premières pièces constituant la série Placards, exposées au même moment à la galerie Ginza, se trouvent désormais dans les collections de musées de Tokyo et de Fukuoka. Ces œuvres, représentant des publicités à caractère politique et sexuel, s’inscrivent dans l’intérêt de M. Tabe pour les problématiques sociales et l’érotisme, comme l’expriment symboliquement les marques de rouge à lèvres et le sexe féminin. En guise de support, elle utilise des morceaux de fusuma, les portes coulissantes japonaises, déplaçant sa production artistique hors du cadre conventionnel de la toile.
Après la dissolution du Kyūshū-ha dans les années 1970, M. Tabe préside dix années de suite l’exposition annuelle Women’s Art à Kyūshū (1974-1984). Dans les années 1980, elle installe le « bureau de poste de la Terre » tout en réalisant son projet d’art postal. En 1988, elle se déclare « à la retraite de sa carrière de femme au foyer » et se consacre entièrement à la peinture. À partir des années 1990, elle concentre sa pratique sur le motif de la pomme, qu’elle considère comme un symbole de l’univers. Elle entame la série Pomme, constituée de peintures à l’huile et de collages, et la série Langue des signes, où des mains en plâtres formant des signes sont disposées autour de l’image d’une pomme.
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring