Kai Stahl, Kanni Labi, Kristi Metste, Mari Õunapuu, Neiud kui Lutsud. Natalie Mei kirjad Karin Lutsule 1923–1928 [Jeunes filles salopes. Lettres de Natalie Mei à Karin Luts, 1923-1928], 2025
→Kai Stahl, Dualismit marginaaleissa: Naistekijyys ja modernisaatio Natalie Mein 1910–1920-lukujen tuotannossa [Dualismes aux marges : féminisme et modernisation dans l’œuvre de Natalie Mei des années 1910-1920], 2023
→Kai Stahl, Ainulaadne sõsarkond. Õed Kristine, Lydia ja Natalie Mei [Une fraternité unique. Les sœurs Kristine, Lydia et Natalie Mei], Tallinn, Art Museum of Estonia, 2020
The Mei Sisters: Avant-Garde and the Everyday Life, Kumu Art Museum, Tallinn, Estonia,13 mars – 31 août 2025
→Natalie Mei teoste näitus, Tallinna Riiklik Kunstimuuseum, Tallinn, Estonia, 1962
→Kunstiühing Pallase III näitus, Raekoja plats 8, Tartu, Estonia, 11 mai– 1 juin 1919
Peintre, graveuse et artiste de théâtre estonienne.
Natalie Mei est l’une des premières femmes estoniennes à avoir reçu une formation artistique. Elle est surtout connue pour ses réalisations novatrices dans le domaine du costume de théâtre et pour ses dessins, aquarelles et assemblages d’avant-garde. Dans ses œuvres, elle traite souvent de thèmes inhabituels chez les artistes femmes. Elle est de surcroît l’une des artistes les plus importantes dans le développement de la scène artistique moderne d’Estonie.
N. Mei naît à Liepāja, ville portuaire où est stationné son père, capitaine de navire pour l’Empire russe originaire de l’île de Hiiumaa. Ses sœurs Kristine (1895-1969) et Lydia (1896-1965), un peu plus âgées qu’elle, deviennent également des artistes reconnues par la suite. En 1912, la famille emménage à Tallinn, où les sœurs entament leurs cursus artistiques respectifs et réunissent autour d’elles un cercle amical étendu, constitué de figures importantes du monde de la culture.
En 1918, N. Mei entreprend des études d’art à l’école de dessin de la Société impériale d’encouragement des beaux-arts de Saint-Pétersbourg, avant de poursuivre sa formation à Tallinn, sous la direction du peintre Nikolai Triik (1884-1940). En 1921, elle s’inscrit à l’école d’art récemment ouverte par la société artistique Pallas, à Tartu, où elle fait partie des quatre premières personnes diplômées. L’obtention de son diplôme marque le début d’une longue carrière dans l’enseignement, d’abord comme professeure de dessin au séminaire pour professeur·es de Võru puis, un an plus tard, à l’école secondaire de commerce pour filles de Tallinn. À partir des années 1940, elle est professeure au département de textile de l’institution actuellement connue sous le nom d’Académie estonienne des arts.
À côté de l’enseignement, N. Mei est artiste et illustratrice indépendante. Ses œuvres, inventives et souvent satiriques, se rapprochent des mouvements modernes en vogue à l’époque, comme le cubo-futurisme, la Nouvelle Objectivité et le vérisme. Elles véhiculent à la fois émotions et critiques sociales. Ainsi, dans les dessins Naised [Femmes, 1928] et Kupeldaja [Procureur, 1928], qui ont pour sujets des prostituées, l’approche empathique de N. Mei diffère de celle des artistes hommes de l’époque. La peintre représente d’autres archétypes du monde moderne, comme l’athlète professionnel, la Nouvelle Femme et le dandy – ce dernier apparaît dans l’un de ses plus célèbres assemblages, Mehe portree [Portrait d’homme, 1932], où, en plaçant une vraie cigarette entre les lèvres charnues du personnage, l’artiste atteint la tridimensionnalité.
N. Mei illustre aussi des ouvrages et publie des dessins dans la presse sous le pseudonyme d’Hans Kunert. Elle y aborde les thèmes du genre, de l’identité et de la modernité, souvent sous un angle satirique. À partir de 1929, elle conçoit des costumes et des décors pour le théâtre d’Estonie, à Tallinn. Alors qu’à l’époque la plupart des productions remploient d’anciens costumes, N. Mei insuffle une approche novatrice en créant des pièces originales, inspirées par les personnages de chaque performance. Ses créations pour le théâtre sont appréciées pour leur style coloré, pour leur symbolisme et pour leur capacité à renforcer la narration grâce à des éléments visuels. N. Mei est l’une des artistes femmes les plus populaires d’Estonie dans l’entre-deux-guerres et la Fondation culturelle d’Estonie achète certaines de ses œuvres.
N. Mei meurt en 1975, mais son influence lui survit. De nos jours, elle est reconnue comme une pionnière dont la vision a contribué à définir l’identité artistique de l’Estonie au xxesiècle. Le Musée estonien du théâtre et de la musique ainsi que nombre de collections muséales estoniennes conservent des milliers de pièces de costumes et de décors de théâtre réalisées par N. Mei. Toutefois, hormis quelques exemples dans les collections du musée d’Art d’Estonie et du musée d’Art de Tartu, la plupart de ses peintures et œuvres graphiques ont été perdues ou sont dispersées dans des collections privées. Une sélection de ses œuvres les plus importantes a été réunie et présentée lors de l’exposition collective The Mei Sisters: Avant-Garde and the Everyday Life en 2025 au Kumu, à Tallinn. Certaines de ces pièces font également partie du parcours permanent du musée.
Un biographie produite dans le cadre d’AMIS : AWARE Museum Initiative and Support
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2025