Luyken, Gunda (dir.), Pia Fries : Fabelfakt, cat. expo., Kunstpalast museum, Düsseldorf, (mars – juin 2019), Cologne, Verlag der Buchandlung Walther König, 2019
→Sandra Gianfreda (dir.), Pia Fries : Malerei 1990 – 2007, Kunstmuseum Winterthour, Winterthour, (avril – juin 2007), Josef-Albers-Museum Quadrat, Bottrop, (août – october 2007), Düsseldorf, Richter, 2007
Pia Fries: parsen und module, musée d’Art moderne de la Ville de Paris, Paris, mars – mai 2018
→Pia Fries: Vier Winde, Gerhard-Altenbourg Preis, Lindenau-Museum Altenburg, Altenburg, novembre 2016 – janvier 2017
→Pia Fries: tabula coloribus, Kunstparterre, Munich, novembre – décembre 2015
Peintre suisse.
Pia Fries fait ses études à Lucerne et à Düsseldorf, où elle a pour professeur de master Gerhard Richter (né en 1932). Elle enseigne actuellement à l’Akademie der bildenden Künste de Munich. P. Fries produit une peinture très soignée, qui traduit un sens aigu de la composition. Ses œuvres témoignent de son attachement à la structure, de son sérieux et de la délicatesse de son geste, ainsi que de l’attention qu’elle porte à la couleur et à la forme. Dans l’ensemble, il s’agit d’un mélange fortuit de purisme contrôlé et d’énergie exaltée, au sein duquel elle accorde une grande importance aux proportions et au rythme, de même qu’à l’harmonie et à la discordance entre les différents éléments. Ses tableaux sont conceptuels, mais n’entrent pas dans le cadre de l’art conceptuel ; ils sont abstraits, mais ne sont pas de l’art abstrait à proprement parler. En effet, leurs motifs, qui s’axent sur la couleur, la composition et l’expressivité, sont tirés de contextes figuratifs. En outre, ils présentent dans leur contenu plusieurs degrés de lecture et de multiples niveaux de référence.
P. Fries est passionnée par la métamorphose et par l’idée de défaire une image hautement complexe pour ensuite la recréer. Son intérêt pour l’histoire de l’art et ses connaissances en la matière sont évidents dans sa façon de la citer, de l’analyser, de l’adapter et de la déconstruire. Parmi les thèmes qu’elle traite, on retrouve des figures d’outsiders ou d’originaux et originales, comme Maria Sibylla Merian (1647-1717), Stefano della Bella (1610-1664) ou Hendrick Goltzius (1558-1617). P. Fries utilise la sérigraphie pour intégrer leurs œuvres aux siennes, se focalisant ainsi sur l’essence de leur expression visuelle. Elle a dédié des groupes entiers d’œuvres aux Quatre Disgraciés (1588) de H. Goltzius, une série de figures musculeuses tombant du ciel. P. Fries révèle la puissance du motif de la chute tourbillonnante en déployant toutes les ressources que lui offre la peinture, en ménageant des vides et en opérant des réductions. Conformément à notre vision moderne, qui requiert rythme et rapidité, elle ne reproduit que partiellement les images de l’artiste néerlandais, puis les relie entre elles à l’aide de la peinture. Les parties du corps les plus emblématiques, telles que les jambes écartées, et le mouvement des cheveux deviennent de toutes nouvelles inventions imagées. Les fragments sont agrandis pour occuper tout l’espace ou rétrécis jusqu’à devenir secondaires. Là où les figures de H. Goltzius sont à deux doigts de s’écraser au sol, celles de P. Fries semblent flotter dans un espace sans air, comme s’il leur était impossible de toucher la terre ferme. Les différents éléments de ses tableaux sont parfois superposés ou tournés sur leur axe à 45 ou 90 degrés. Ils peuvent heurter le bord du tableau ou être noyés dans d’épais aplats de couleur. Ces images visuellement frappantes et intellectuellement stimulantes, pleines de vitalité, de fraîcheur et de modernité, sont fondamentalement ancrées dans l’ici et maintenant.
P. Fries est connue pour son usage libre et singulier de la peinture. En plus d’étaler la couleur au pinceau, elle utilise également des couteaux, des spatules, des racloirs, des rouleaux et nombre d’autres outils pour la façonner en bandes épaisses, créant ainsi un paysage au relief onduleux fait de zones en volume et en creux. Pour P. Fries, la peinture est la forme la plus immédiate d’expression artistique et de puissance créatrice. À travers elle, l’artiste développe une réflexion continue et renouvelle l’approche de la surface bidimensionnelle et de la valeur intrinsèque de la peinture.
P. Fries expose régulièrement dans le monde entier et ses œuvres sont conservées dans de nombreuses collections publiques (à la Kunsthaus de Zurich, au Museum Folkwang à Essen, au Los Angeles County Museum of Art, et dans bien d’autres institutions).