Virginie Barré, cat. expo., galerie Loevenbruck, Paris (9 novembre – 18 décembre 2001) ; Le Parvis, Ibos (23 avril – 21 juin 2002) ; Villa Arson, Nice (25 janvier – 30 mars 2003), Paris, Galerie Loevenbruck, 2003
→Virginie Barré, cat. expo., Collections de Saint-Cyprien, Saint-Cyprien (24 février – 22 avril 2007), Paris, Galerie Loevenbruck, 2007
Virginie Barré : à ciel ouvert, musée de La Roche-sur-Yon, La Roche-sur-Yon, 4 octobre – 28 novembre 2014
→Virginie Barré : Bord de mer, des films et leurs objets, Frac Bretagne, Rennes, 15 décembre 2017 – 18 février 2018
Plasticienne française.
Active à partir du milieu des années 1990, Virginie Barré détonne par sa maîtrise de la mise en scène. La jeune artiste conçoit alors des installations comparables à des « arrêts sur image », où des mannequins factices laissent supposer d’improbables scénarios : effractions, assassinats (Pulp, 1998 ; Help Agence Jestin Robert, 2000) et étranges réunions costumées (Les Gras, 2004) semblent avoir eu lieu il y a un instant à peine, voire être encore en cours. Les spectateurs et spectatrices sont pris·e·s à témoin de ces mystérieux drames en suspens, où la mort et l’effroi tutoient le grotesque. Ses mannequins, dont les attitudes théâtrales l’emportent sur le souci d’un hyperréalisme, font parfois les frais d’une ironie mordante (Fat Spiderman, 2002 ; Fat Bat, 2005). Longtemps perçu dans le sillage de l’appropriationnisme, l’univers de V. Barré est structuré par sa cinéphilie – au rang de ses grandes influences figurent la nouvelle vague, Brian De Palma, Michelangelo Antonioni, Stanley Kubrick, Federico Fellini, Martin Scorsese, mais aussi l’animation japonaise de Hayao Miyazaki – et marqué par son goût pour la bande dessinée. Elle-même crée des planches dès les années 2000, faisant parfois se rencontrer plusieurs personnages empruntés au réel comme à la fiction. Des techniques cinématographiques se retrouvent précisément dans ses œuvres graphiques en noir et blanc, à la ligne claire. Les hors-champs, contre-champs et ellipses règnent. Il en va ainsi dans une série fondée sur la rencontre entre des réalisations et des protagonistes strictement contemporains, par-delà les éloignements géographiques et culturels (Warriors Apsaroke & maison de maître du Bauhaus, Walter Gropius, 1925-1926, 2006). Elle transpose également dans ses dessins des extraits de story-boards ou des photographies de tournage, révélant par exemple des moments d’intimité partagés entre une actrice et son fils. La femme – artiste, actrice et mère – de même que l’enfant et son imaginaire sont de fait des passagers familiers de son art.
En 2012, V. Barré s’est elle-même emparée de la caméra, à l’occasion d’un premier film (Odette Spirite, 2013), écrit et réalisé avec Claire Guezengar et Florence Paradeis. Au-delà de leurs particularités narratives et formelles, ses courts-métrages (dont La Forme des rêves, 2013 ; Le Rêve géométrique, 2017) sont traversés par les obsessions propres à l’ensemble de son œuvre – outre le travestissement et l’enfance, citons aussi le rêve, l’ailleurs. Les objets qu’elle chine ou fabrique sont désormais mis au service de ses narrations filmées. En adepte du collectif, elle invite d’autres artistes, dont certain·e·s sont issu·e·s de l’École supérieure des beaux-arts de Quimper où elle enseigne, à collaborer à son univers, tout comme ses deux jeunes filles, les ami·e·s et les proches de Douarnenez, où elle réside. Les rivages bretons ne sont jamais loin, voire occupent une place déterminante dans le synopsis. La Cascadeure, une minisérie écrite et réalisée avec Romain Bobichon et Julien Gorgeart en 2018, incarne à ce titre le fascinant alliage de toutes les obsessions précitées. Ces dernières années, parallèlement à son incursion dans le champ de la réalisation, des installations plus abstraites, assemblages d’objets manufacturés ou faits main, se font jour dans sa pratique (La Table japonaise, 2018 ; La Forme des rêves, 2018). Des cosmogonies mises en espace tels des abécédaires visuels, nourries de son attrait de toujours pour la culture japonaise, qui renvoient au souvenir d’une précédente série de petits modules suspendus (Charades, 2009). En 2017-2018, le FRAC Bretagne (Rennes) a organisé une exposition personnelle du travail récent de cette artiste (sous le commissariat de Catherine Elkar). Virginie Barré est représentée par la galerie Loevenbruck (Paris), la galerie ADN (Barcelone) et la maison de production 36secondes (Rennes).