Isabelle Waldberg posant devant Lugdus (plâtre), 1977, Courtesy Corinne Waldberg, © Photo : André Morain, © ADAGP, Paris
Isabelle Waldberg (1911-1990), sculptrice franco-suisse qui s’inscrit dans le courant de l’abstraction, appartient à une lignée de femmes artistes dont le travail est encore peu connu. Première femme cheffe d’atelier de sculpture à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, elle a été lauréate de nombreux prix et son travail a été montré à l’échelle internationale ; sa première exposition, monographique, a été organisée par Peggy Guggenheim à New York en 1944.
Isabelle Waldberg, Le Grand Piccucule, 1943, tiges de hêtre ligaturées, Courtesy Corinne Waldberg, © ADAGP, Paris
Aussi bien artiste qu’intellectuelle, Isabelle Waldberg a suivi des études approfondies de sciences humaines qui ont alimenté systématiquement son travail plastique et lui ont permis d’occuper une place importante dans le paysage culturel et intellectuel de son époque : du Collège de sociologie de Georges Bataille au cercle des surréalistes exilés à New York pendant la Seconde Guerre mondiale, elle a côtoyé des personnalités majeures de son temps et a développé dans sa sculpture un univers esthétique singulier, jonglant entre figuration et abstraction.
L’art d’Isabelle Waldberg connaît différentes périodes dans lesquelles se constituent des préférences stylistiques et thématiques propres, où se rejoignent et dialoguent l’ethnologie, la philosophie, l’histoire, la littérature. Ainsi crée-t-elle dans les années 1940 des constructions aériennes en tiges de hêtre qui explorent des interrogations existentielles, puis dans les années 1950-1960 des êtres hybrides mi-humains, mi-végétaux et, plus tardivement, des autoportraits célébrant la féminité par la représentation fragmentée de l’intimité, ou encore, au cours des années 1960-1970, des architectures verticales qui témoignent d’une conception singulière de la corporéité. Si son travail est rythmé par des séries d’œuvres tout autant que par une constante quête d’expérimentation – l’artiste exploitant quantité de matériaux, de formes, de techniques et de couleurs, de même que la polarité figuration-abstraction –, Isabelle Waldberg a néanmoins réservé une place privilégiée au sujet de l’érotisme, sous toutes ses formes et facettes, qui traverse une grande partie de sa production sculpturale.
Isabelle Waldberg, Vue de l’atelier, 44, rue d’Orsel, Paris, 1960, Courtesy Corinne Waldberg, © ADAGP, Paris
Ce travail de recherche se donne comme objectif d’explorer les approches multiples et variées que la sculptrice adopte pour aborder le thème de l’érotisme. Il s’agit dans un premier temps d’étudier les différentes expériences, recherches et influences qui ont forgé son regard d’artiste et lui ont fourni une iconographie appropriée, puis de se pencher sur son œuvre plastique et littéraire, de manière à comprendre quelles stratégies elle met en place pour traiter ce sujet, quels commentaires et métaphores véhiculent les œuvres concernées et dans quelle mesure cette entreprise s’inscrit dans un cadre plus étendu, notamment celui du travail d’autres femmes artistes de son époque.
Mémoire de recherche de master 2, dirigé par Valérie Da Costa et soutenu par Nikoleta Tsagkari, le 19 septembre 2013, au sein de l’université de Strasbourg.