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Parent-elles, compagne de, fille de, sœur de… : les femmes artistes au risque de la parentèle

Yoko Ono, B[eatles W]itch ?

Émilie Bouvard

Résumé

Yoko Ono encore aujourd’hui est pour certains fans des Beatles celle qui a séparé le groupe : la « sorcière japonaise », la femme par qui la discorde arrive. En réalité, le groupe souffrait de dissensions internes depuis longtemps. Cette image a eu pour effet de faire oublier qu’elle était avant tout une plasticienne engagée dans la musique expérimentale depuis le début des années 1960, et un membre fondateur de Fluxus. On oblitère également le véritable travail de duo, entre musique expérimentale et performance, qu’elle développe avec John Lennon à partir du début des années 1970, brouillant les genres sexuels et musicaux, les catégories artistiques et l’art et la vie. Enfin, il apparaît clairement qu’Ono et Lennon ont instauré dans leur rapport de couple, et dans leur vie familiale, une organisation qui ne se conforme pas à celle traditionnelle des rapports entre les sexes, Lennon s’occupant de leur fils, tandis qu’Ono était chargée des affaires. Ils sont fidèles à l’idée que « le privé est politique ». C’est cette inversion qui choque les fans du musicien et explique en profondeur, par-delà la personnalité de Yoko Ono, l’image qui lui colle à la peau.

AWARE
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Yoko Ono s’installe aux États-Unis en 1956 avec son mari le compositeur Toshi Ichiyanagi. Ils interviennent en tant qu’artistes japonais dans diverses institutions, et présentent à la fois des pratiques traditionnelles et contemporaines. Ono est ainsi parmi les premières à inventer des « events scores », partitions d’événements. Entre 1960 et 1962, elle organise avec La Monte Young une série d’événements et concerts dans son loft de Chambers Street, où elle rencontre ainsi les avant-gardes new-yorkaises. Elle expose également en ce début des années 1960 principalement au Japon, aux États-Unis et au Royaume-Uni. Elle montre par exemple en 1961 à l’AG Gallery à New York ses premières Instruction Paintings, photographiées par George Maciunas. En 1962, elle collabore avec John Cage lors d’une série de concerts événements et de performances au Japon, et y réalise la performance Cut Piece, en 1964. Elle collabore alors régulièrement avec Nam June Paik et le Hi Red Center, avant de retourner aux États-Unis en août. Cette même année 1964, le livre d’artiste Grapefruit synthétise l’ensemble de sa pratique depuis le début des années 1960. Aux États-Unis, elle réalise des performances avec le mouvement Fluxus.
En 1966, après avoir participé au « Destruction in Art Symposium » à Londres, où elle est la seule femme invitée, elle décide de s’installer dans cette ville. C’est là que, à l’occasion du Symposium John Dunbar, elle rencontre John Lennon qui l’invite à exposer à l’Indica Gallery. En 1966, Ono a ainsi non seulement rencontré mais collaboré, performé, exposé, avec tous les artistes fondateurs de ce que va devenir l’art dans les années 1960, articulant approches conceptuelle et langagière, performance et « trans-media ». Elle est un des artistes fondateurs du tournant que prend l’art dans les années 1960 et vogue ainsi de la musique expérimentale aux pratiques plastiques. Dans son introduction à la belle exposition qui lui fut consacrée l’année dernière au MAC de Lyon, Thierry Raspail, rappelant le rôle fondamental de Yoko Ono dans l’élaboration de Fluxus, se demande : « Cette brève concordance des temps est suffisamment claire pour que l’on s’interroge sur les raisons qui ont tenu le rôle de Yoko Ono pour mineur (en Europe notamment), alors qu’elle exerce une influence majeure dans la constitution d’un esprit « Fluxus » (qu’elle se refuse d’ailleurs à revendiquer)1. »
Quelles sont les causes de cette ignorance, tenace jusqu’à récemment, du travail plastique de Yoko Ono, à la fois du monde de l’art et du grand public ?
La première, et ici je voudrais évoquer un point important du travail statistique que j’ai mené durant ma thèse, réside dans le fait qu’elle est une artiste femme des années 1960. En effet, que l’on regarde les chiffres des salons consacrés à l’art émergent en France et aux États-Unis, ou les expositions monographiques des musées particulièrement difficile pour les artistes femmes. Leur présence dans les salons passe de 12-15 % à la fin des années 1950 à 8 % à la fin des années 1960 ; de même, les galeries et les musées n’exposent pas ou très peu d’artistes femmes (statistiques inférieures à 5 %). Les courants dominants – pop art puis minimalisme, art conceptuel et land art – sont des groupes masculins qui se structurent comme tels, soutenus par les galeries. Fluxus est une exception car Charlotte Moorman,
Shigeko Kubota ou, dans une certaine mesure, Carolee Schneemann y tiennent bonne place – mais, pour elles, il est encore plus difficile que pour leurs homologues masculins de passer la barre de la reconnaissance du marché et de l’institution.
Le second problème, à mon sens, est l’oblitération subie par Ono du fait même de sa relation avec John Lennon. Des dizaines de sites Internet s’interrogent encore aujourd’hui sur la séparation des Beatles, et tous évoquent le rôle de Yoko Ono2. Cette dernière a conservé cette image dans l’imaginaire collectif, au point que ce printemps, à nouveau, McCartney et elle ont été amenés à faire des déclarations pour affirmer que les causes de la séparation étaient ailleurs3.
Indirectement, il est clair que l’ombre des Beatles, puis la mort de John Lennon, ont pesé sur la vie et la carrière de Yoko Ono, devenue « femme de ». Sur les sites consacrés aux Beatles et à John Lennon, les références au travail plastique de Yoko Ono sont floues. Elle est décrite souvent simplement comme « une artiste conceptuelle » ou « d’avant-garde », au mieux « membre du mouvement Fluxus » — sous-entendant qu’elle aurait « sucé la moelle » musicale, financière et populaire de John Lennon.
L’année de sa rencontre avec le chanteur, Ono participe à un film sur Fluxus, et à 19 « events » dans plusieurs pays du monde, dans la mouvance Fluxus. En 1967, elle réalise un film, Bottom, et participe à environ 25 « events », seule. Elle a donc une belle carrière solo. En 1968, elle réalise 10 events seule, mais deux autres avec John Lennon (Four Thoughts, Arts Lab Center Londres et Acorn Event, Coventry Cathedral, qui marque le début de leur engagement pacifiste), ainsi que deux films Film no 5 (Smile), et Two Virgins et l’album du même nom dont la couverture fait scandale.
En 1969, annus horribile pour les fans des Beatles, elle réalise deux films avec Lennon, Rape et Bed Peace, 4 singles avec Lennon (dont un crédité avec McCartney), 3 albums avec Lennon, et les Beatles sortent The Ballad of John and Yoko. Ono participent à 18 « events », dont environ 15 avec Lennon. 1969 marque ainsi véritablement le moment de fusion de leurs pratiques artistiques. Dès 1969, Ono, et dans une moindre mesure Lennon, n’ont plus de carrière solo. De 1970 à 1973, la production artistique de Yoko Ono suit cette même tendance. Elle produit relativement moins d’objets ; elle réalise, toujours en collaboration avec Lennon, des happenings pacifistes, dont le fameux Bed-In [ill. 1] et les « bagism conferences » [ill. 2] à la place de leur lune de miel ; elle crée de plus en plus de musique, et les « events » parviennent à une fusion encore plus aboutie entre « musique », « art », et « politique ». Cependant, elle obtient deux types de reconnaissance institutionnelle, qui célèbrent ses travaux personnels passés : une rétrospective en 1971 [ill. 3] à l’Everson Museum of Art de Syracuse (avec Lennon, et Maciunas qui pilote une « boîte catalogue »), et des pièces sont présentées à la Documenta 5 de Kassel (1972, Harald Szeemann). Elle ne se verra pas offrir ensuite d’exposition personnelle d’envergure avant 1989, au Whitney Museum à New York.

Yoko Ono, B[eatles W]itch ? - AWARE Artistes femmes / women artists

1. Mar. 03, 1969 – Bed-In for Peace de Yoko Ono et John Lennon, 1969, Amsterdam, Amsterdam Hilton Hotel, Pays-Bas, © Keystone/Zuma/Leemage

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2. John Lennon et Yoko Ono dans le programme Today avec Eamonn Andrews sur la Thames Television. Eamonn a commencé l’émission dans un lit et a été rejoint par John et Yoko en sortant d’un sac au pied du lit, 1er avril 1969, ©Mirrorpix/Leemage

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3. Yoko Ono lançant un nouveau livre : John Lennon signant des exemplaires de Grapefruit à Selfridges, juillet 1971, ©Mirrorpix/Leemage

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Que sont donc Ono et Lennon entre 1969 et 1973, année de leur séparation temporaire ? Un véritable duo d’artistes, plus qu’un couple d’activistes. Un ensemble de points de leur passé les préparent l’un et l’autre à la fusion de leurs pratiques. Ono est la fille d’un banquier qui avait initialement suivi des études musicales pour devenir pianiste de concert, d’un mélomane donc, et d’une Japonaise accomplie maîtrisant une demi-douzaine d’instruments traditionnels. Ses parents ont poussé la jeune Yoko vers une solide formation musicale. Elle a fréquenté un type particulier de jardin d’enfants, la Jiyu Gaken, qui fonde sa pédagogie sur un enseignement musical favorisant l’éveil des jeunes enfants. Elle suivra ensuite plusieurs et solides formations musicales avant les années 1960. Elle choisira d’épouser en premières noces un compositeur expérimental, Toshi Ichiyanagi, développant dès le début des années 1950 des pièces impliquant la participation de l’interprète, et un intérêt pour les sons ordinaires ; elle pénétrera avec lui dans les milieux de la musique expérimentale japonaise (Nijusseiki Ongaku Kenkyujo / Centre d’études sur la musique du XXe siècle). Elle sera ensuite l’amie de Charlotte Moorman ; ses premières « performances », initiant la tradition Fluxus, seront bien des « partitions », et elle consacrera la première partie de sa vie d’artiste à fusionner arts plastiques et musique expérimentale, dans la ligne de John Cage.

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John Lennon, de son côté, est passé par le Liverpool College of Art à partir de 1957. Il s’intéresse à l’art de son époque, comme en témoigne le design graphique des pochettes des Beatles – Sergent Peppers est l’œuvre de Peter Blake et de Jann Haworth. Lennon semble avoir continué de dessiner et ses dessins sont visibles sur le site qui lui est dédié4. Enfin, l’histoire mythique de la rencontre, en 1966, entre Lennon et Ono, implique une certaine curiosité première de Lennon pour l’art conceptuel, difficile et à rebours de l’esthétique pop ou psychédélique en vogue. L’album « blanc », comme une vidéo de Ono, comme un silence de John Cage ou un monochrome de Rauschenberg ou de Whitman, s’en ressentira. En 1967-1968, ils sont en un sens en phase : Ono a développé au « Destruction in Art Symposium » en 1966 ce que des journalistes ont décrit comme des sons zen nouveaux, d’ordre hypnotique, des musiques pour l’esprit, à construire dans sa tête, qu’elle poursuit à Liverpool en 1967 pour le programme « Music of the Mind ». Lennon, lui, rentre tout juste d’Inde.

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Quelles sont les caractéristiques de ce travail en duo ?

Ono et Lennon mettent radicalement en pratique la notion Fluxus de fusion de l’art et de la vie, ici de l’amour, du couple et de la vie. La pochette de leur deuxième album Unfinished Music No.2: Life with the Lions est illustrée d’une photographie de Yoko Ono et de John Lennon à l’hôpital après la fausse couche qu’a subie la jeune femme. Le disque contient des enregistrements des battements de cœur du bébé. Le Wedding Album comporte des fac-similés, comme une fluxbox de souvenirs de leur mariage.
En 1970, Ono et Lennon enregistrent dans le même studio, avec la même équipe de production et les mêmes musiciens le Yoko Ono/Plastic Ono Band et le John Lennon/Plastic Ono Band. L’image de la couverture de la pochette est la même, et le verso est illustré d’une image de chacun d’entre eux enfant. Fly, second album solo d’Ono, est enregistré en même temps qu’Imagine, et elle s’y essaie à des chansons beaucoup plus pop. Pour l’album Some Time in New York City en 1972, les artistes écrivent alternativement les chansons. Dans cet album apparaissent des morceaux ouvertement féministes5, et encore davantage dans Approximately Infinite Universe6, sorti en 1973, signalant la communauté de conviction politique des deux artistes, apportée ici par Ono.
Ono insiste enfin sur l’importance libératoire que la découverte du rock’n’roll avec Lennon a eue pour sa pratique. Elle déclare en 2015 :

« La structure du rock’n’roll était tellement simple [par rapport à l’écriture à 12 tons] que cela m’a permis de respirer, sur-le-champ. Je me suis sentie libérée et j’aimais ça. Tout ce que j’ai fait seule – écrire de la poésie comme des paroles de chansons, commencer Unfinished Music, créer des partitions vocales fortes qui brisaient toutes les traditions sonores, rythmiques et métriques et allait à l’encontre de tout ce que le monde pensait être féminin, tout cela est passé par la fenêtre lorsque j’ai hurlé « WHY !! ». Si on ajoute ma réputation de femme responsable de la rupture des Beatles, qui étaient alors tellement à la mode, c’est à ce moment-là que ma carrière de chanteuse-compositrice, est passée par la fenêtre. Et si je m’étais obstinée à rester une compositrice laborieuse dans le système des douze tons, sans doute pour plaire à mon père (qui n’était pas satisfait de toute façon), ma vie aurait suivi une autre voie. Aujourd’hui, j’appelle mon chant détesté – détesté par le monde – Une Voix de Femme7. »

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Plus loin, elle analyse son rapport à la chanson comme très ancien, mais révélé par ce que « John avait dans le sang ». À l’inverse, selon les spécialistes, les expérimentations d’Ono sur le cri se retrouvent dans les compositions de Lennon. Cette fusion de l’art et de la vie se traduit également dans la musique – elle est rejetée profondément par les fans des Beatles.
Je voudrais enfin évoquer les cinq dernières années du couple Ono/Lennon, révélées dans le livre de David Sheff paru en 2010 en français chez Autrement, et reposant sur plusieurs entretiens menés avec le couple en 1980 alors que ceux-ci, après cinq années de silence, mettent la dernière main à l’album Double Fantasy. Ce livre, révélateur quant au fonctionnement du couple, est assez mal reçu par la critique, qui, en plein déni, regrette en général que l’histoire des Beatles n’y soit pas davantage évoquée par John Lennon. On peut lire par exemple :

« Ce serait mentir que de dire que tout retient l’attention – les discours de Yoko Ono sur le business, le féminisme, sa jeunesse et tout le fatras ‹ pseudo intello arty psychologie de bazar › qu’affectionnait le couple sont relativement fatigants ! – mais de très nombreux passages sont extrêmement parlants sur la genèse des chansons des Beatles ou de Lennon en solo, sur les idées qu’il voulait véhiculer, sur le contexte historique et politique, sur les rapports entre John, Paul, George et Ringo (…) Dès qu’on a fini de lire John Lennon et Yoko Ono, L’ultime entretien, il n’y a pas 36 options : on ne pense qu’à se jeter frénétiquement sur les chansons de Lennon et des Beatles, pour les écouter encore et encore, et redécouvrir sous un jour nouveau leur géniale richesse8 ! »

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Double déni ici : un entretien avec Lennon et Ono devient un entretien avec Lennon, et Lennon comme Beatles. Il semble que le monde de la musique ait souffert d’un trauma fondamental : celui de la séparation des Beatles, avec toutes les caractéristiques associées à ce type de traumatisme (déni, déplacement de la culpabilité, recherche d’un bouc émissaire, etc.).
Le livre de Sheff est intéressant car il témoigne, dans une relative mesure, lui aussi de ce phénomène. Sheff est ouvert à entendre les conceptions du couple sur la vie en général – mais il revient beaucoup sur les Beatles, alors que John Lennon botte en touche régulièrement. Pourtant, pour Ono et Lennon, comme ils l’expliquent très clairement au début de l’ouvrage, ce livre vise à expliquer leur retour, comme un nouveau manifeste, une exposition publique de leur intimité des cinq années passées, un nouveau bed-in.

« Playboy/ David Sheff : Je serais curieux de savoir pourquoi vous avez accepté de faire cette interview.
– Lennon : Pour faire comprendre certaines choses, et franchement, nous exposer… Beaucoup de gens connaissent John et Yoko, mais ils ne savent pas qui sont John et Yoko. Nous avons besoin d’une certaine exposition. Nous n’avons pas besoin de publicité, nous avons besoin d’expliquer ce que nous faisons9. »

De quoi s’agissait-il ?

« P : qu’est ce que vous avez fait entre-temps ?
L : J ’ai fait du pain.
P : du pain ?
L : et je me suis occupé du bébé.
P : et quels genres de projets secrets se tramaient derrière tout ça ?
L : tu plaisantes ! Il n’y avait pas de projets secrets, parce que le pain et les couches, c’est un boulot à plein temps. Et ça, toute mère de famille le sait. On n’a pas le loisir de faire autre chose. (…) C’est une responsabilité incroyable. Maintenant je comprends la frustration des femmes. Et il n’y a pas de gros lot à gagner à la fin de la journée. (…) Maintenant, nous allons nous engager complètement là où, elle et moi, nous pouvons être, et ce n’est pas le merveilleux prince mystique du rock qui s’amuse avec cette étrange femme orientale, comme la presse nous présentait avant.
P : que faisais-tu à cette époque-là Yoko ?
L : Pendant que je vidais la litière du chat et que je donnais à manger à Sean, elle était assise dans des pièces enfumées avec des hommes en costume trois-pièces qu’ils ne pouvaient plus boutonner.
Yoko Ono : je m’occupais des affaires : le business traditionnel – Apple, Maclen, et les nouveaux investissements. (…) J ’ai appris, le droit n’est plus un mystère pour moi. Les hommes politiques ne sont plus un mystère10. »

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En fait, Lennon et Ono ont volontairement inversé les rapports de genre dans leur couple et leur vie familiale de 1975 à 1980. De nombreux passages du livre sont portés de manière féministe à la fois par Ono et Lennon. Leur projet, par cette exposition, est clairement de démontrer qu’un autre modèle est possible, actes à l’appui.

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La vie de Yoko Ono est ainsi un paradoxe : ce n’est pas sa parentèle réelle, son compagnon, qui a freiné sa carrière, bien au contraire, il a reconnu en elle un alter-ego, et l’a toujours, et de manière constante, présentée comme telle. C’est la parentèle virtuelle de ce compagnon qui a oblitéré sa carrière artistique : autres membres du groupe, fans, historiens et critiques de la musique. Peu importe que l’on aime ou non l’évolution musicale de Lennon ou le radicalisme des œuvres musicales d’Ono, il est assez évident que reconnaître et approfondir ce projet duel devrait permettre de jeter un nouvel œil à la fois sur la production plastique et musicale d’Ono et de Lennon de 1969 à 1980, et au-delà.

AWARE

Émilie Bouvard achève une thèse d’histoire de l’art portant sur la « Violence des femmes dans l’art des années 1960 aux années 1980 ». Elle est conservatrice du patrimoine, actuellement en poste au Musée national Picasso-Paris, où elle est chargée des peintures (1938-1973), de la recherche et des éditions, et de l’art contemporain. Fondatrice du site www.portraits-lagalerie.fr, elle est engagée dans l’étude des artistes femmes et pour leur visibilité. Elle a publié de nombreux articles portant, entre autres, sur Louise Bourgeois, Niki de Saint-Phalle, Hessie ou Maja Bajevic.

Pour citer cet article :
Émilie Bouvard, « Yoko Ono, B[eatles W]itch ? » in Claire Barbillon, Pascal Faracci, Camille Morineau, Raphaële Martin-Pigalle et Hanna Alkema (dir.), Parent’elles. Compagne de, fille de, sœur de… : les femmes artistes au risque de la parentèle, actes du colloque (23-24 septembre 2016, Poitiers, Musée Sainte-Croix), Paris/Poitiers, AWARE/Université de Poitiers, Musée Sainte-Croix, [En ligne], mis en ligne le 15 juin 2017, consulté le 18 avril 2024. URL : https://awarewomenartists.com/publications/yoko-ono-beatles-witch/.
1
Thierry Raspail, « Yoko Ono » dans Yoko Ono. Lumière de l’aube, cat. expo., MAC Lyon (9 mars-10 juillet 2016), Paris, Somogy Éditions d’art, MAC Lyon, 2016, p. 13.

2
Voir par exemple l’article en français de Wikipedia « Séparation des Beatles » et le point 1.4 « Arrivée de Yoko Ono ». https://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9paration_des_Beatles. Site consulté le 14 janvier 2017.

3
Voir les récentes déclarations de Yoko Ono et de Paul McCartney au Daily Mail et à la BBC :
http://www.usmagazine.com/entertainment/news/yoko-ono-25-things-you-dont-know-aboutme-w165101 ; http://www.bbc.com/news/entertainment-arts-36357574. Voir aussi les remous provoqués par la vente d’une lettre de John Lennon adressée à Paul McCartney en 1971 mise en vente cet automne à Boston : http://www.dailymail.co.uknews/article-3938676/I-hope-realise-s-laid-Yoko-ve-John-Lennon-s-furious-letter-Paul-Linda-McCartney-treatmentwife-goes-auction-20-000.html. Sites consultés le 14 janvier 2017.

4
4. http://www.johnlennonartworks.com/. Site consulté le 14 janvier 2017.

5
Par exemple Woman is the Nigger of the World, Sisters O Sisters appelant à l’union des femmes, ou Angela, en hommage à Angela Davis, parmi d’autres titres politiques.

6
Comme Approximately Infinite Universe, Death of Samantha ou I Have a Woman Inside My Soul.

7
Entretien avec Stéphane Davet, dans « Yoko Ono et la musique », Yoko Ono. Lumière de l’aube, op. cit., p. 55.

8
http://www.foutraque.com/chronique_livre.php?id=4070. Site consulté le 14 janvier 2017.

9
David Sheff, [All we are saying. The last interview with John Lennon and Yoko Ono, New York, Playboy Entreprise Inc., 1981], John Lennon. Yoko Ono. L’ultime entretien, Paris, Autrement, 2010, p. 33.

10
Ibid., p. 21 et suiv.

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