Jon Abbink, « Aïcha Haddad’s Work of Dreams and Memories », dans Nuria Sanz, Camilla Levis et Anna Beaumont (dir.), Africa in the UNESCO Art Collection, Paris, Unesco, 2021, p. 108-111.
→Mahmoud-Agha Bouayed, Aïcha Haddad, sept noubas pour sept allégories, cat. exp., Alger, galerie Esma, Centre des Arts, Riadh El Feth, 2002.
→Aïcha Haddad. Rétrospective 62-2000, cat. exp. , Alger, musée national des Beaux-Arts d’Alger, 2000.
Festival d’art Femmes créatrices des deux mers, la Méditerranée et la mer Noire, en collaboration avec l’Unesco, Thessalonique, 1997.
→Exposition universelle de Séville, pavillon de l’Algérie, 1992.
→Galerie des Quatre-Colonnes, Alger, 1972.
Moudjahida et plasticienne algérienne.
Née dans une famille de six enfants, Aïcha Haddad a pour ancêtres la tribu des Hachem, des cavaliers vivant dans la plaine de la Medjana. Ses émotions artistiques sont liées à ses souvenirs d’enfance dans le nord de la province des Hauts Plateaux : les couleurs comme parfumées par la nature, lilas, roses et coquelicots embaumant l’environnement, le bleu saphir et le vert émeraude de la mer des plages de Béjaïa où elle passait ses vacances. Son goût pour le dessin est remarqué par ses institutrices, qui affichent ses aquarelles à titre d’exemple pour ses camarades. La jeune fille part ensuite à Sétif pour suivre une formation d’infirmière et commence à exercer à l’hôpital municipal ainsi que dans sa ville natale, Bordj Bou Arreridj. En 1956, durant la guerre pour l’indépendance de l’Algérie, A. Haddad âgée de dix-sept ans, quitte la maison familiale pour rejoindre le combat et prend le maquis dans la wilaya III (Kabylie) ; c’est seulement le lendemain que les parents apprennent son départ par la Gazette de Constantine, qui titre : « Trois infirmières ont été enlevées par le FLN. » A. Haddad participe au congrès de la Soummam d’août 1956. Elle est par la suite arrêtée avec un groupe de combattants et passe plusieurs années en détention au sein de différents camps de concentration et prisons.
À sa libération en 1962, à l’indépendance de l’Algérie, A. Haddad revit sa passion pour le dessin et la peinture. Installée à Alger, elle intègre le cours de Camille Leroy (1905-1995) à la Société des Beaux-arts, où elle côtoie de futurs grands noms de l’art algérien comme Aïssa Hamchaoui (1939-2001), Michel Nedjar (1947-) et Mustapha Belkahla (1949-2023). Enseignante de dessin de 1966 à 1988 au lycée Omar Racim à Alger, elle est promue inspectrice d’arts plastiques à l’Éducation nationale en 1983.
Le parcours artistique d’A. Haddad s’inscrit aussi bien dans la tradition de la miniature algérienne que dans les courants de la peinture occidentale. Elle traite des sujets classiques : des paysages de bord de mer et du Sahara, des portraits de femmes et de guerriers touaregs, des cavalcades. Elle s’intéresse aux effets que créent les reliefs : l’artiste couvre ses supports en toile ou en bois d’une pâte de sable qu’elle lacère de courbes, de carrés, de lignes brisées qui rappellent des voiles, des coupoles de mosquée ou encore des motifs du tissage traditionnel des nomades. Les années 1970 marquent la découverte officielle de son travail : elle participe au prestigieux concours de peinture de la Ville d’Alger et est primée : cette consécration est le point de départ de la participation d’A. Haddad à la vie artistique nationale. Elle adhère en 1973 à l’Union nationale des arts plastiques (UNAP). Elle multiplie les voyages et les expositions en Algérie et dans le monde entier, remportant plusieurs distinctions.
Ses œuvres se trouvent aujourd’hui au sein de galeries et de musées algériens, dont, à Alger, le musée national des Beaux-Arts et le musée national du Bardo, à Rome au siège de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), à Paris au siège de l’Unesco, à Tokyo, aux Émirats arabes unis et dans des collections privées. En 1975, A. Haddad reçoit la médaille d’or du Festival des peintres arabes au Koweït. Mais, pour l’artiste, la plus précieuse de ces distinctions est, en 1997, la médaille de l’Unesco pour l’écriture et l’illustration d’un conte pour enfants édité par l’Unicef et intitulé L’Île aux arcs-en-ciel.
Une notice réalisée dans le cadre du projet Tracer une décennie : artistes femmes des années 1960 en Afrique, en collaboration avec la Njabala Foundation
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2023