EVA & ADELE : The artist = A work of art, cat. exp., Cracovie, Muzeum Sztuki Współczesnej (MOCAK) [17 février – 29 avril 2012], Cracovie, Museum of Contemporary Art in Krakow, 2012
→Obsidian : EVA & ADELE, cat. exp., the Marta Herford, Herford [10 mars – 26 mai 2013], Berlin, Distanz, 2013
→Rosa Rot / EVA & ADELE, cat. exps., EVA & ADELE Rosa, Museum der Moderne Rupertinum, Salzbourg [16 mars – 8 juin 2008], et EVA & ADELE Rot, Lentos Kunstmuseum Linz, [15 mars – 1 juin 2008], Köln, DuMont, 2008
EVA & ADELE – YOU ARE MY BIGGEST INSPIRATION, Paris, Musée d’Art moderne, 30 septembre 2016 – 26 février 2017
→EVA & ADELE – The Present of the Future, OK Linz, 23 juin – 8 octobre 2023
→FUTURING by EVA & ADELE, 56e Biennale di Venezia, Swatch Pavilion, Arsenale Nord, Venice, 9 mai – 22 novembre 2015
Performeuses.
L’identité artistique EVA & ADELE est une œuvre d’art, une performance ininterrompue, la construction de deux artistes non binaires qui apparaissent comme une. Aucune information biographique n’est connue à l’exception de ceci :
EVA & ADELE – SORTIR DU FUTUR
EVA ADELE
Taille 176 161
Tour de buste 101 86
Tour de taille 81 68
Tour de hanches 96 96
LÀ OÙ NOUS SOMMES, C’EST LE MUSÉE.
EVA & ADELE vivent et travaillent à Berlin jusqu’à la mort d’Eva en mai 2025. Depuis lors, Adele poursuit seule leur œuvre.
Eva, originaire d’Autriche, et Adele, d’Allemagne, se rencontrent en Italie en 1988 et entreprennent leur projet artistique avec une installation vidéo à sept pistes intitulée Hellas (1989), dans l’intention de faire de leur vie commune une œuvre d’art. C’est le début d’une Gesamtkunstwerk, une « œuvre d’art totale » façonnée par et constituée de l’esthétique fortement intriquée d’EVA & ADELE et de leur identité artistique jumelle en tant que couple transsexuel. En se distançant des représentations traditionnelles de la masculinité et de la féminité, elles inventent un nouveau personnage : elles se présentent chauves, vêtues des mêmes costumes extravagants et flamboyants qu’elles conçoivent elles-mêmes, parées de bijoux, de sacs à main assortis et de talons hauts qui deviennent bientôt leur marque de fabrique. Au cœur de cette esthétique se trouvent les couleurs rouge et rose, symboles de la différence, référence également au triangle rose qui était imposé aux homosexuels dans les camps de concentration. En incarnant cette nouvelle identité artistique vingt-quatre heures sur vingt-quatre, dans des endroits de grande visibilité comme les musées, les foires et les biennales d’art ainsi que dans les espaces publics et la rue, elles conçoivent une allure bariolée, sympathique, et proposent ainsi de nouvelles images du genre tout en exprimant leurs propres ressentis et leur conception de la transsexualité comme un défi au patriarcat.
Par ailleurs, leurs performances publiques sont devenues la base d’une importante série d’autoportraits photographiques et de clichés grâce auxquels leurs proches ainsi que des personnes du monde de l’art jouent un rôle actif, en fournissant des images depuis les quatre coins du monde où apparaissent EVA & ADELE. Assez tôt, leur travail est exposé à l’échelle internationale, dans nombre d’institutions artistiques réputées, dont le Sprengel Museum de Hanovre (1997), le Lentos Kunstmuseum de Linz (2008), le MOCAK de Cracovie (2012), le musée d’Art moderne de Paris (2016), le SCAD Museum de Savannah (2020) et la Staatsgalerie de Stuttgart (2024). Ces musées présentent des installations artistiques complexes, qui ne se limitent pas à des arrangements de costumes savamment organisés mais consistent en un corpus élaboré de sculptures, vidéos, peintures et dessins – des médiums qui reflètent les discussions et les réflexions poussées au sujet de tout ce qui sous-tend leur couple transsexuel, comme la procédure que doit subir Eva en 2009 pour recevoir la confirmation formelle qu’elle est de sexe féminin. Dans des dessins intimes, comme la série TSG (Transsexuellengesetz) [Loi sur la transsexualité, 2009], Kaktusblüte [Fleurs de cactus, 2011] et TIDES (2012), leur engagement pour les questions de genre, source d’épanouissement comme d’angoisses, s’exprime par une esthétique particulièrement puissante qui indique aussi le côté pesant et l’implication émotionnelle qu’il y a à être tiraillé·e entre les lois, les attentes sociales et les préjugés.
Enfin, EVA & ADELE ont pour message « FUTURING », un terme qui embrasse le fait d’imaginer un état idéal, qui serait atteint dans le futur grâce à la redéfinition du genre par la subversion esthétique et non par la provocation. Elles déclarent ainsi : « Il est vital, selon nous, que le sujet de la transgression de genre trouve sa place dans les débats, dans la vie publique, dans les médias – et qu’il cesse de faire scandale. »