Anita Dube, cat. expo., Nature Morte Gallery, New Delhi (21 mars – 9 avril 2005), New Delhi, Nature Morte Gallery, 2005
Labyrinths, Dr. Bhau Daji Lad Museum, Project Space, Mumbai, 2013
→Yours Disparately, Anita Dube, Nature Morte Gallery, New Delhi, 30 novembre – 10 janvier 2015
Anita Dube from grant watson on Vimeo.
Plasticienne indienne.
Formée à l’histoire et à la critique d’art à l’université de Delhi puis à la faculté des beaux-arts de Baroda (aujourd’hui Vadodara), elle rédige le texte des catalogues d’exposition Seven Young Sculptors en 1985 et Questions and Dialogue en 1987. Dans le premier, elle se fait la voix d’une génération de sculpteurs posant un regard critique sur la précédente, s’interrogeant sur la tradition, l’histoire et leur relation au présent. Porte-parole et seule femme du groupe des « radicaux » (Indian Radical Painters and Sculptors Association) (1986-1989), elle remet en cause, dans son essai-manifeste pour Questions and Dialogue, la structure institutionnelle même de la pratique artistique et la théorie qui en découle dans l’Inde moderne. Son implication au sein du groupe l’amène à pratiquer la sculpture et à développer sa propre esthétique basée sur l’emploi de matériaux hétérodoxes, industriels, traditionnels ou naturels, aussi bien que d’objets trouvés qu’elle subvertit et se réapproprie en privilégiant l’excellence du savoir-faire manuel (découpe, couture ou broderie) hérité de sa mère.
Elle investit la sphère politique, publique et privée, dans des œuvres très tôt marquées par une dualité de sens ; elle oscille entre « désir et peur » dans une sculpture du même nom en 1992, entre « beauté et macabre » avec Silence (Blood Wedding) (« Silence [noces de sang] », installation à Bombay, Sakshi Gallery, 1997). À la même époque, elle pose la question du regard et du rapport à l’intime, en assemblant des yeux en émail, ceux qui, traditionnellement, ornent le front des divinités dans les temples hindous. Dans l’installation River/Disease (« Rivière/maladie », 2000), ils semblent couler sur le mur, évoquant les grandes migrations de l’histoire. Ses travaux s’articulent désormais autour de thématiques plus larges, questionnant la société, sa violence latente, ses tensions, toujours grâce au jeu des supports et des références propices aux intensions multiples.