Anne-Lise Coste, Poème Police, 2022, Edition Kunsthaus Baselland
→Sarah Issaad (texte), Anne-Lise Coste, Poème de la Douleur, 2021, Allemand / Français, Editions Eigenverlag / Kunstverein Dortmund
→Anne-Lise Coste, La vie en rose, 2021, Édition Crac Occitanie.
Emoji peace dove Emoji red heart Emoji blue butterfly, Galería Nogueras Blanchard, Barcelone, 14 septembre – 3 novembre 2023
→FRONTEX FACHO MACHO MANAGAMENT, Gallery Viewer, Amsterdam, 10 mars – 8 avril 2023
→No god, No boss, No husband, Gallery Lullin + Ferrari, Zurich, 28 octobre 2022 – 21 janvier 2023
Peintre et poète français·e.
Le travail d’Anne-Lise Coste est un jaillissement qui apparaît telle une urgence. Sans esquisse ni croquis préparatoire, sans retour en arrière ni repentir, le geste et les mots se projettent à travers différents médiums, comme autant de moyens pour mettre en avant le paradoxe d’une vie sous surveillance, contrainte, blessée, abusée, dont la puissance est à trouver dans l’amour.
A.-L. Coste se forme aux Beaux-Arts de Marseille et à Zurich, puis part vivre à New York pendant cinq ans avant de se retirer, en 2014, aux portes des Cévennes pendant sept ans. C’est un·e artiste qui travaille beaucoup et s’investit dans chacun de ses projets pour en faire une expérience unique. À partir de 2021, iel vit et travaille à Sète.
Ses œuvres sur toile libre, ses tracés à l’aérographe et au spray, ses pastels gras ou ses crayons de couleur, ses lithographies, ses néons et ses peintures sur châssis (plus rares) côtoient des projets in situ et éphémères. Il s’agit souvent de manifestes qui reprennent les motifs d’injustice que chacun·e subit : fascisme, machisme, patriarcat, racisme, violence policière, oppression de toute espèce, ou tout simplement égoïsme, manque d’empathie, de solidarité. L’intime et la société ne font qu’un et l’artiste s’expose à chaque geste tracé, à chaque monstration, sans jamais pour autant parler d’individus ni de soi. Ses révoltes, comme ses blessures, sont expulsées d’une façon à la fois très spontanée et mûrement réfléchie. A.-L. Coste mesure les conséquences, la justesse, la réception. Iel doute, puis ose, d’un geste. Cette même spontanéité sert les célébrations de la vie, de la tendresse et de l’amour. Il faut oser et prendre le risque, car « à trop voir les effets secondaires, on oublie le temps qu’il fait », et on se tait.
En 2013, une série de douze toiles répond au Guernica (1937) de Pablo Picasso (1881-1973) ; cet ensemble naît d’une même révolte contre la guerre, contre toutes les guerres. L’aérographe trace les même cris, les mêmes ampoules, les mêmes pieds, les mêmes visages. Ils sont cette fois isolés, recadrés, fragmentés et démultipliés, et imposent une autre présence. Il ne s’agit plus du récit d’un événement, mais d’icônes universelles et contemporaines, de bombes ou de drones, de torture, de détresse.
Des mots manuscrits, une écriture maladroite, des dessins qui remplissent la feuille, des couleurs vives, des crânes, des vases qui pourraient être une silhouette : l’œuvre d’A.-L. Coste est prolifique et libère les signes, les couleurs et les mots. L’imaginaire est au pouvoir, nourri d’une conscience politique et de justice sociale. La violence des œuvres est à la mesure de celle ambiante, subie au quotidien et banalisée dans nos sociétés. La naïveté est dans les traits, mais pas dans les sujets traités, et si l’ironie est utilisée pour mieux dénoncer, le sarcasme, lui, n’a pas sa place. Les titres des expositions évoquent l’ambiance dans laquelle l’artiste souhaite plonger les spectateur·rice·s : No God, No Boss, No Husband, Poème, Pute, Police, BAZOOKA, La Vie en rose… Cette atmosphère les entoure et les pousse à continuer de danser, malgré tout.
Le travail d’écriture et de lecture publique d’A.-L. Coste s’intensifie, permettant de sortir de l’objet et du lieu pour rejoindre une forme d’activisme plus immédiate, aux effets plus directs. Rassemblement National – Toutes des putes violées – Dans ton cul, suce avale – Ça pue Alain – Oui Non – Genre Nique Tout – Tu vois ce que je veux dire – Bière et Brise – Police Partout – Kolon de français françaises : les titres des textes performés (2020-2023) sont violents, crus, clairs. Des slogans étendards pour ne pas oublier, ne pas faire semblant, avoir conscience des points de vue et de leur portée.
A.-L. Coste est présent·e dans de nombreuses collections publiques, en France (Centre national des arts plastiques, MRAC de Sérignan…), aux Pays-Bas (Stedelijk Museum, Museum Arnhem…), en Suisse (Migros Museum) et en Espagne (MACBA). Iel est représenté·e par les galeries Elisabeth & Reinhard Hauff à Stuttgart, Ellen de Bruijne Projects à Amsterdam, Nogueras Blanchard à Madrid et Lullin+Ferrari à Zurich.
Une notice réalisée dans le cadre du programme +1.
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