Keaton, Linda (dir.), Bingo: The Life and Art of Bernice Bing, Sonoma, Sonoma Valley Museum of Art, 2019
→Matthews, Lydia, Quantum Bingo, San Francisco, South of Market Cultural Center, 1999
→Roth, Moira, Tani, Diane, Bernice Bing, Berkeley, Visibility Press, 1991
Bingo: The Life and Art of Bernice Bing, Sonoma Valley Museum of Art, Sonoma, septembre 2019 – janvier 2020
→Bernice Bing: Memorial Tribute and Retrospective, SOMArts Culturel Center, San Francisco, juin, 1999
→Bernice Bing, SOMArts Culturel Center, San Francisco, septembre – octobre 1991
Peintre abstraite sino-états-unienne.
Bernice Bing était une artiste et défenseure des arts lesbienne, états-unienne d’origine chinoise. Celle que ses proches appelaient simplement « Bingo » mêlait éléments de l’expressionnisme abstrait de l’école de San Francisco d’une part et calligraphie et peinture paysagère chinoise d’autre part pour produire des œuvres gestuelles sensibles dans des tons terriens.
B. Bing naît dans une famille sino-états-unienne dans le quartier chinois de San Francisco. À la mort de ses parents, elle est élevée au sein de différentes familles d’accueil. À l’époque de sa naissance en 1936, les communautés sino-américaines des États-Unis souffrent encore des discriminations induites par le Chinese Exclusion Act, une loi votée au début du XXe siècle. Les effets résiduels de cette discrimination, auxquels s’ajoute la séparation prématurée d’avec ses parents, coupent B. Bing de son héritage culturel. Elle s’efforce de combler ce vide par la peinture.
En 1957, B. Bing entame des études au California College of Arts and Crafts (CCAC) à Oakland, revendiquant sa place dans un monde de l’art une décennie avant que le féminisme de la seconde vague et les mouvements des droits LGBT remettent en cause le paradigme du « génie » masculin. Au CCAC, elle fait son apprentissage sous la houlette du peintre paysagiste Richard Diebenkorn (1922-1993) et du peintre abstrait d’origine japonaise Saburo Hasegawa (1906-1957). Deux ans plus tard, elle traverse la baie pour étudier à l’Institut d’art de San Francisco (SFAI), où elle décroche un bachelor en beaux-arts en 1959 et un master en 1961. Au SFAI, B. Bing apprend auprès d’Elmer Bischoff (1916-1991) et de Frank Lobdell (1921-2013), promoteurs respectivement du mouvement figuratif et de l’expressionnisme abstrait de la baie de San Francisco.
La démarche picturale de B. Bing s’est appropriée les techniques et les philosophies de ses nombreux mentors. Dans un entretien avec Moira Roth et Diane Tani en 1991, elle explique que la méthode de rendu des paysages de R. Diebenkorn, qui consiste à appliquer des lavis sur des couleurs unies, est demeurée un élément central de sa pratique tout au long de sa carrière. La technique sumi-e – l’application d’un lavis d’encre au noir de carbone sur du papier et de la calligraphie, à laquelle S. Hasegawa l’a initiée – l’a tout autant marquée.
Une autre influence encore, trouvée hors des salles de classe, s’est révélée fondamentale dans la pratique de B. Bing. En 1963, elle quitte San Francisco pour la campagne de la vallée de Napa, où elle travaille sur le vignoble des Macayamas. Le spectacle que lui offre cette région rurale fait forte impression sur l’artiste, qui a passé toute sa vie dans la très urbanisée baie de San Francisco, et la conduit à expérimenter l’impasto (empâtement).
Outre son œuvre de peintre abstraite dynamique, B. Bing a beaucoup contribué à l’art local en tant que coordinatrice. Après son séjour dans les Macayamas, elle rentre à San Francisco dans les années 1970, où elle rejoint le personnel du Neighborhood Arts Program [Programme artistique de proximité] et fonde le Scroungers Center for Reusable Art Parts [SCRAP, Centre Scroungers pour la réutilisation des éléments artistiques]. Ce travail occupe le plus clair de son temps jusqu’au milieu des années 1980.
Cependant, le besoin de peindre ne la quitte pas. À la suite d’un voyage en Chine en 1985, B. Bing retourne une fois de plus à la peinture. Désormais, elle se consacre à l’étude de la calligraphie traditionnelle et à l’intégration de sa rigueur et de sa dimension méditative dans son œuvre abstraite. Elle continuera de travailler dans cette veine jusqu’à sa mort en 1998. En 2020, les bibliothèques de l’université de Stanford acquièrent les archives de B. Bing, ouvrant ainsi de nouvelles voies de recherche dans la vie de cette formidable artiste.
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2022