Dès son enfance, Claudia del Río suit des cours de théâtre et prend des cours particuliers de peinture avec Mario Albea (1908-1998). Elle étudie les arts visuels à l’université nationale de Rosario (1975-1980). À la fin de ses études, elle est invitée par Jorge Orta (1953-) à faire partie du groupe de recherche en art Hacia un Arte Grupal [HUAG, Vers un art groupal, 1981-1983] et du Centro Experimental de Arte Contemporáneo [CEAC, Centre expérimental d’art contemporain, 1981-1983] ; elle prend part à des interventions, des performances et à l’édition de matériel graphique. À la suite de la visite en 1981 d’une exposition à la Sociedad Argentina de Artistas Plásticos [SAAP, Société argentine des artistes plasticien·nes], elle fait la connaissance de Graciela Gutiérrez Marx (1945-2022) et d’Edgardo Antonio Vigo (1928-1997), avec qui elle se lie au mouvement arte correo (mail art ou art postal) entre 1983 et 1992. En 1984, elle participe à la création de la Asociación Latinoamericana y del Caribe de Artistascorreo [Association latino-américaine et des Caraïbes de mail-artistes] dans la ville de Rosario. Au moyen de l’art postal, l’artiste s’essaye au travail collectif et en réseau.

À compter des années 1990, C. del Río expérimente avec de multiples procédés techniques (collage, dessin, peinture, broderie) et formats, qui vont d’une feuille de cahier à un travail scénographique, une installation ou l’appropriation d’un espace, tissant des tensions entre le populaire, le local et le global. On trouve, parmi ces procédés créatifs, l’acte de collectionner des images de revues nationales et internationales, où elle découvre des constructions d’imaginaires et d’identités sur lesquelles elle intervient ou qu’elle juxtapose. Cette démarche donne naissance à des séries d’œuvres telles que Carne [Viande, 1992], qui est composée de 49 collages réalisés à partir de publicités de Coca-Cola, dans lesquels elle place des images de viande bovine crue ; l’œuvre Sans titre (2004), dans laquelle elle copie la typographie du soda et crée une affiche avec le slogan « Coca-Cola es un ejército » [Coca-Cola est une armée]. La collecte depuis 1998 de faits divers de la police rapportant des assassinats locaux l’amène à réfléchir sur les actes de violence à Rosario, en particulier contre les femmes, et à créer la série Bordados policiales [Broderies policières, 1998-2018], 36 tissus sur lesquels elle brode des titres de journaux.

Dans le sillage de la crise de 2001 en Argentine, C. del Río, Mario Gemin (1960-) et América Sánchez (1939-) fondent le Club del Dibujo [Club du dessin, 2002]. Ce groupement d’échanges entre artistes professionnel·les, amateur·rices et curieux·ses propose de créer du lien social à travers le dessin, en même temps qu’il cherche à promouvoir le dessin en tant que diffuseur d’idées, médium de création d’imaginaires collectifs ou comme simple moment de plaisir, sans prétention. Ce projet donne naissance à l’installation Pieza pizarrón [Pièce tableau noir], œuvre d’intervention spatiale interactive qui a connu plusieurs éditions et formats depuis 2006.

C. del Río a participé en qualité de tutrice et d’artiste à divers programmes, ateliers et résidences de formation artistique, dont la VI^e Biennale de La Havane (1997), la VII^e Biennale du Mercosul (2009) et Encuentro Internacional de Medellín [MDE, Rencontre internationale de Medellín, 2011]. Ses œuvres se trouvent dans des collections privées, ainsi que dans des musées et institutions, en Argentine et à l’étranger. En 2022, elle a reçu le prix de la fondation Konex en dessin et le Premio Nacional a la Trayectoria Artística [Prix national de la trajectoire artistique] attribué par le Palais de Glace et le Museo de Bellas Artes [musée des Beaux-Arts] de Buenos Aires.