Carlos Basualdo, Huyssen Andreas, Princenthal Nancy, Doris Salcedo, Londres, 2000
→Bal Mieke et al., Doris Salcedo Shibboleth, Londres, Tate Publishing, 2007
→Carlos Isabel, Bal Mieke, Dos Anjos Moacir (dir.),
Doris Salcedo : plegaria muda, cat. expo., Moderna Museet Malmö (21 mai – 4 septembre 2011), CAM – Fundação Calouste Gulbenkian, Lisbonne (9 novembre 2011 – 22 janvier 2012), Munich / Lisbonne / Malmö, Prestel / CAM – Fundação Calouste Gulbenkian / Moderna Museet, 2011
The Unilever Series: Doris Salcedo Shibboleth, Tate Modern, Londres, 9 octobre 2007 – 6 avril 2008
→Plegaria Muda, Pinacoteca, São Paulo ; White Cube Mason’s Yard, Londres ; MAXXI, Rome, 2012
→Doris Salcedo, Perez Museum of Art, Miami, 22 avril – 17 juillet 2016
Plasticienne et artiste multimédia colombienne.
Après avoir obtenu un diplôme d’artiste plasticienne en 1980 à l’université Jorge Tadeo Lozano de Bogota puis un master en art à l’université de New York en 1984, Doris Salcedo retourne en Colombie, où elle enseigne la sculpture et la théorie de l’art. Son œuvre personnelle, récompensée en 1993 par une bourse de la fondation Penny McCall, est constituée pour l’essentiel d’installations. Ce sont le plus souvent des dispositifs de mémoire qu’elle élabore après avoir écouté des individus ayant subi la perte violente d’un être bien aimé. Proche de la sensibilité de Joseph Beuys, son art cherche à agir sur la société. Ses matériaux sont généralement des objets quotidiens, des vêtements ou du mobilier, douloureusement détournés de leur vocation pour signifier l’absence de ceux auxquels ils appartenaient. Ainsi, La casa viuda VI (1995), pièce de « la maison veuve », sa première exposition au White Cube, porte sur la manière dont la mort réaménage sinistrement l’équilibre domestique.
Son travail investit également souvent l’espace public et se construit, une fois encore, en réaction à des événements violents : ainsi, le 13 août 1999, après le meurtre en Colombie de l’humoriste Jaime Garzón, l’artiste édifie, avec des volontaires, un mémorial de 5 000 roses devant la maison de la victime. Dans la même perspective, pour la Biennale d’Istanbul de 2003, elle empile plus de 1 500 chaises dans le creux laissé par la démolition d’un immeuble du centre-ville, abandonné par ses habitants grecs et juifs : en 1942, l’État les avait frappés d’un impôt qu’ils n’avaient pu payer, puis les avait envoyés dans des camps de concentration.
Entre 2007 et 2008, la Tate Modern de Londres accueille Shibboleth (terme hébreu désignant un mot servant à déterminer l’appartenance à un groupe et à en exclure ceux incapables de le prononcer convenablement). L’artiste crée sur le sol de la Turbine Hall une craquelure imperceptible qui s’amplifie et s’approfondit progressivement sur une longueur de 167 mètres jusqu’à devenir une profonde crevasse. Par cette intervention structurale, elle souhaite faire prendre conscience des douloureux mécanismes d’exclusion, visant notamment les immigrés, qui fracturent notre civilisation occidentale. Ces mêmes mécanismes ont, selon l’artiste, un lien étroit, voire causal, avec le progrès, en tant qu’idéologie animant les dynamiques politiques et économiques globales actuelles.