Boutibonnes Philippe, Comme de très loin…, Paris, Galerie N. Dortindeguey, 1994
→Eve Gramatzki, cat. expo., musée des Ursulines, Mâcon, (15 octobre – 31 décembre 2005), Mâcon, Musées de Mâcon, 2005
Ève Gramatzki, musée des Ursulines, Mâcon, 15 octobre – 31 décembre 2005
→Rétrospective en hommage à Ève Gramatzki, musée Fabre, Montpellier, 2009
Peintre et dessinatrice française.
L’enfance d’Ève Gramatzki est marquée par deux tragédies successives : sa mère meurt trois mois après la naissance de son frère ; puis, en 1944, le bombardement par les Alliés de sa ville natale et l’arrivée de l’armée russe contraignent sa famille à se réfugier à Hambourg. Entre 1956 et 1961, elle étudie à l’École des beaux-arts de la ville, dont l’enseignement est fortement marqué par le constructivisme. La pratique de la jeune artiste s’oriente plutôt vers une forme d’hyperréalisme. Entre 1972 et 1980, alors qu’elle vit à Paris, elle dessine des objets abandonnés, reproduit avec finesse et sensibilité la trame des vêtements ou des tissus usés. Ni fond ni décor ne perturbent la lecture du dessin. Cette étude de la texture l’incite à poser son regard sur des objets a priori anodins : sous son crayon, un torchon ou une feuille de Sopalin s’animent et se parent de motifs géométriques ondulants. La mise en exergue de la structure de ces matériaux annonce le glissement de son œuvre du réalisme vers l’abstraction.
En 1980, elle s’installe en Ardèche dans un mas sans électricité ni eau potable, au cœur de la nature. C’est au cours de cette retraite de treize ans qu’elle fait passer l’objet au second plan : le motif, la texture et la trame deviennent alors les véritables thèmes de ses créations. Tandis que l’art des années 1980 s’oriente vers un retour à la figuration, elle continue d’explorer l’abstraction, sans toutefois se détacher du sujet. Les structures linéaires font peu à peu place à des peintures et des dessins qui dénotent d’une véritable liberté de composition et d’expression. Sous son crayon ou son pinceau, la ligne est déstructurée, morcelée, dissoute. Dans ces réalisations désordonnées, la violence côtoie la passion. À partir de 1995, elle se partage entre le Sud et Paris, où un atelier lui est octroyé par la ville. En 2000, la vente du mas ardéchois la force à retourner vivre définitivement dans la capitale. Cette dernière période est marquée par un retour à la structure : È. Gramatzki conçoit notamment des quadrillages serrés, dans lesquels figurent de petites tâches translucides colorées ; ces créations délicates se positionnent à mi-chemin entre la trame des tissus de ses débuts et sa production en Ardèche. En 2003, elle met fin à ses jours.