Anne Koval, « All the words that have been written », dans Halley K. Harrisburg et Francesca B. Leszynski (dir.), Hannelore Baron, New York, Michael Rosenfeld Gallery LLC, 2024
→Fredric Koeppel, « Hannelore Baron : fragments shored against ruins », dans Hannelore Baron : Fragments Shored Against Ruins. The Collection of Mary Mhoon and James Perry Walker, Memphis, Art Museum of the University of Memphis, 2002
→Ingrid Schaffner, Hannelore Baron : Works from 1969 to 1987, Washington, Smithsonian Institution Traveling Exhibition Service, 2001
Hannelore Baron, New York, Michael Rosenfeld Gallery, 27 janvier-23 mars 2024
→Hannelore Baron, Works from 1969 to 1987, Smithsonian Institution Traveling Exhibition Service ; itinérance : Richmond, Stanford, Saint Paul, Purchase, Miami Beach, Orlando, Washington, Long Beach, 2002-2004
→Hannelore Baron, New York, Solomon R. Guggenheim Museum, 19 mai-9 juillet 1989
Collagiste allemande et états-unienne.
Pendant trente ans, Hannelore Baron a réalisé des collages et des assemblages exprimant les angoisses et les peurs de l’après-Seconde Guerre mondiale. À une échelle intime, son œuvre explore le potentiel de matériaux trouvés, de taches, de traces et de griffures pour communiquer des émotions et des souvenirs ainsi que la fragilité de la condition humaine.
Née Hannelore Alexandre, H. Baron est la fille d’un marchand de textiles juif. Elle grandit dans l’Allemagne des années 1930, où elle est témoin des atrocités commises par le régime nazi. Lors de la Nuit de cristal, sa maison est saccagée et son père est tabassé et arrêté – un événement qui aura une influence durable sur sa santé mentale et sur son art. Tout au long de sa vie, H. Baron souffre de formes aiguës de claustrophobie et de dépression, ce pour quoi elle est indemnisée financièrement par l’État allemand de 1962 à sa mort.
Échappées d’Allemagne, H. Baron et sa famille immigrent aux États-Unis en 1941 et s’installent dans le Bronx, à New York. La jeune fille s’inscrit à la Straubenmuller Textile High School, à Manhattan, où elle étudie l’illustration de mode. En 1950, elle épouse Herman Baron, un libraire, avec qui elle a deux enfants. Occupée à élever ces derniers, H. Baron s’adonne à son intérêt pour la peinture à la nuit tombée, travaillant dans un atelier improvisé au milieu de son salon. En raison de ses souffrances psychiques, elle quitte rarement la maison. Alors elle se plonge dans les livres, étudie les philosophies et les cultures d’Asie de l’Est et approfondit sa connaissance de l’art, depuis l’Égypte antique jusqu’aux mouvements contemporains. À la fin des années 1950, une exposition de John Heliker (1909-2000) éveille chez elle l’envie de combiner peinture et collage. Le style dépouillé et esquissé du peintre états-unien ainsi que sa palette sourde influencent ses premières expérimentations avec du papier déchiré et de la caséine.
À la fin des années 1960, H. Baron a développé l’esthétique qui caractérise la maturité de son œuvre. Ses collages mêlent des morceaux de textile et de papier coupés de manière irrégulière avec de l’encre et de l’aquarelle. Dans des compositions dominées par des séries de rectangles, elle griffonne signes et symboles et dessine des figures sommaires, enfantines. En 1976, elle commence à insérer des monotypes dans ses collages. Elle découpe de fines plaques de cuivre, les encre et les imprime à l’aide d’une petite presse. Celles-ci représentent des visages, des figures humaines ou des oiseaux, parfois liés avec des ficelles. Comme les rayures, dont l’artiste fait un usage fréquent, les ficelles évoquent l’emprisonnement, aussi bien littéral que symbolique. H. Baron considère son art comme une forme de protestation contre la guerre, les injustices sociales et autres tragédies humaines. On retrouve des thèmes et une imagerie semblables dans les assemblages de boîtes qu’elle commence à créer en 1968 à partir de morceaux de bois trouvés et de fils de fer. Composés de boîtes à l’intérieur de boîtes, ils évoquent des trésors secrets, des reliquaires et des châsses, reflétant l’intérêt qu’elle développe à cette époque pour la culture italienne et le catholicisme.
Bien que la pratique artistique de H. Baron reste très confidentielle, certains de ses collages sont présentés lors d’expositions collectives locales dans les années 1950. Sa première exposition individuelle a lieu en 1969 au Ulster County Community College de Stone Ridge, dans l’État de New York. À partir de la fin des années 1970, elle est représentée par diverses galeries new-yorkaises. En 1983, une exposition lui est dédiée à Dillingen, sa ville natale.
H. Baron se voit diagnostiquer un cancer en 1973. Malgré plusieurs opérations et des séances de chimiothérapie, elle doit lutter contre la maladie pendant des années et en meurt en 1987. Deux ans plus tard, le Solomon R. Guggenheim Museum de New York présente une exposition rétrospective de son œuvre.