Emily Watlington, « Painting Pleasure: In Her Prismatic Portraits, Joan Semmel Builds Feminist Worlds », Art in America (printemps 2024), p. 62-69
→Rachel Middleman, « Aging and Feminist Art: Joan Semmel’s Visible Bodies », dans Women, Aging, and Art: A Crosscultural Anthology, dirs. Frima Fox Hofrichter et Midori Yoshimoto, New York, Bloomsbury, 2021, p. 167-181
→Richard Meyer, « Not Me: Joan Semmel’s Body of Painting » dans Solitaire: Lee Lozano, Sylvia Plimack Mangold, Joan Semmel, cat. exp., dirs. Helen Molesworth, Wexner Center for the Arts, Ohio State University, Columbus [2 février –13 avril 2008], Columbus: Wexner Center for the Arts, 2008), p.109-129
Joan Semmel: Skin in the Game, Pennsylvania Academy of Fine Arts, Philadelphia, PA, 28 octobre 2021- 3 avril 2022
→Joan Semmel—A Lucid Eye, Bronx Museum of the Arts, Bronx, NY, 27 janvier – 16 juin 2013
→The Mannequin Series: Recent Work by Joan Semmel, Jersey City Museum, Jersey City, NJ, 5 avril – 3 juin 2000
Peintre états-unienne.
Joan Semmel est l’une des plus importantes peintres contemporaines de la figure humaine aux États-Unis. En utilisant sa propre image, elle a renouvelé le genre du nu. Son style se caractérise par des couleurs vives, des compositions dynamiques et un mode d’expression pictural qui se joue de la polarisation entre abstraction et réalisme.
J. Semmel naît et grandit à New York. Diplômée de la Cooper Union en 1952, elle obtient un Bachelor of Fine Arts (1963) et un Master of Fine Arts (1972) du Pratt Institute. En 1963, elle emménage en Espagne, où elle trouve une certaine reconnaissance pour ses toiles expressionnistes abstraites, présentées lors d’expositions individuelles dans des galeries madrilènes mais aussi dans des musées en Amérique du Sud. Son expérience en Espagne sous le régime fasciste est formatrice et la conduit à envisager sa propre culture états-unienne dans une perspective politique lorsqu’elle retourne à New York, en 1970. Elle divorce alors de son mari et emménage avec ses deux enfants dans un loft de SoHo.
Dans ses séries Sex Paintings (1971) et Erotic (1972-1973), J. Semmel se tourne vers le réalisme pour exprimer un point de vue féministe. Elle se réapproprie le nu à partir de sa longue histoire d’idéalisation et d’objectification dans l’art et dans la pornographie. En réponse aux galeries qui jugent trop risqué de présenter ses œuvres, l’artiste monte sa propre exposition en 1973. Elle commence alors à utiliser des photographies d’elle-même comme source d’inspiration, ce qu’elle fait dans sa série Self-Image (1974-1979), comme dans Me Without Mirrors (1974), qui représente son propre corps observé depuis le point de vue du modèle. Son travail, présenté dans de nombreuses expositions individuelles et collectives, devient un point focal du discours sur le réalisme et la figure dans l’art contemporain. Dans une œuvre majeure de cette décennie, le triptyque Mythologies and Me (1975), elle place, de manière symbolique, une représentation d’elle-même entre des parodies de Playboy et de Willem de Kooning (1904-1997). Figure clef du mouvement féministe dans l’art aux États-Unis, J. Semmel défend la visibilité des femmes et l’égalité, et s’engage aux côtés du Ad Hoc Women Artists’ Committee, de Women in the Arts et de Fight Censorship. Elle est la première femme recrutée comme enseignante titulaire d’art au Douglas College (aujourd’hui Rutgers University), en 1978. En 1987, elle achète une maison à East Hampton, où elle installe son atelier d’été. Elle bénéficie d’une reconnaissance en milieu de carrière avec l’exposition Through the Object’s Eye (1992), organisée par SUNY Albany.
Sa série Locker-Room (1988-1991) met en avant le thème du vieillissement. L’artiste travaille à partir de photographies prises dans un gymnase, où des femmes sont immortalisées dans le reflet du miroir. Elle continue de questionner les perceptions sociales du vieillissement et de la beauté dans sa série With Camera (2001-2006). Dans Recline (2005), par exemple, l’artiste tient un appareil photographique dirigé tout droit vers la personne qui regarde le tableau, comme si elle capturait son regard. Ses œuvres plus tardives représentent le vieillissement comme une expérience incarnée, mais potentiellement aliénante. Elle quitte la palette naturaliste pour revenir à des couleurs vives et vibrantes avec des œuvres comme Pink Lean (2019) et Morphing (2022). Ces tableaux de grand format présentent de manière éclatante le sujet tabou des corps âgés, peints dans leur chair, dans un style expressif et sensuel.
Les œuvres de J. Semmel ont été présentées dans nombre d’expositions muséales aux États-Unis et en Europe, dont la rétrospective fondatrice WACK ! Art and the Feminist Revolution (2007) au Museum of Contemporary Art (MOCA) de Los Angeles. En 2022, la Pennsylvania Academy of the Fine Arts a organisé une rétrospective majeure de son œuvre, Joan Semmel. Skin in the Game, et, en 2025, son travail a figuré dans Ordinary People. Photorealism and the Work of Art since 1968 au MOCA, ce qui continue d’affermir son legs à la peinture américaine contemporaine.