Tatay, Helena, Johanna Calle. Silentes: 1985-2015, Bogota, Museo de Arte del Banco de la República, 2015
→Fajardo-Hill, Cecilia, Variaciones. Dibujos de Johanna Calle, Bogota, Galería Casas Riegner, 2010
→Pérez-Ratton, Virginia et Roca, José, Variaciones políticas del trazo. Dibujos de Johanna Calle, San José, TEOR/éTica, 2008
Johanna Calle. Dibujos / Dessins, Maison de l’Amérique latine, Paris, octobre-décembre 2017
→Silentes 1985-2015, Museo de Arte del Banco de la República, Bogota, novembre 2015 – février 2016 ; Museo Amparo, Puebla, mars-juin 2016
→Variaciones políticas del trazo, Fundación TEOR/éTica, San José, août-septembre 2008
Artiste visuelle, archiviste et chercheuse colombienne.
Johanna Calle suit des études d’art à l’université des Andes de Bogota (1984-1989) puis au Chelsea College of Art and Design de Londres, grâce à une bourse du British Council. Ses premières productions sont des ensembles et des peintures réalisés au moyen de composés chimiques comme l’oxyde et l’acide. Ces éléments lui révèlent des aspects essentiels de son travail : l’exploration, la recherche et le processus. Le dessin est le langage qui lui permet d’intégrer ces trois aspects, qu’elle met à son tour en relation avec l’observation, la liberté et le silence – celui de la femme latino-américaine élevée dans une structure familiale de tradition patriarcale. Le dessin devient alors un outil multiple, d’où la variété de médiums et de matériaux qu’elle mobilise afin de créer formes et contours : la couture, l’encre, la photographie, le découpage, le fil, la dactylographie, entre autres – et un objet d’étude où elle découvre un langage intime, secret, mais aussi concret et subversif.
Les thèmes des œuvres de J. Calle tournent autour du conflit. Cependant, bien que la Colombie soit en guerre depuis des dizaines d’années, ses productions visuelles s’intéressent moins à la guerre elle-même qu’aux types de violence que connaît un pays en crise. Nombre propio [Nom propre, 1997-1999] est une série de portraits brodés d’enfants abandonnés, qui lui a demandé deux ans de recherches et de travail ; l’artiste y reproduit, à l’échelle, les photographies publiées par l’Institut colombien de la protection de la famille sous le titre « Les enfants cherchent un foyer » dans différents journaux du pays. Obra negra [Œuvre noire], expression qui désigne un chantier de construction interrompu, est le titre choisi par J. Calle pour une série de dessins au fil sur carton, réalisée en 2008. Dans cette œuvre, l’artiste dénonce les conditions de vie des familles vulnérables en Colombie ; mais elle insiste également sur le rôle des filles et des femmes de cette classe sociale, qui portent sur leurs épaules le fonctionnement du foyer. Divers dessins représentent ainsi des jeunes femmes dont le corps est remplacé par une maison ou des silhouettes féminines enfermées.
Parmi les autres outils de l’artiste figure le langage, par exemple le texte comme dessin dans Baldíos [Communs, 2007-2008], où la transcription manuscrite de recherches scientifiques sur les effets des herbicides sur les plantes et le sol construit l’image de tissus foliaires. Lluvias [Pluies, 2012-2013] est une représentation phonétique sur papier comptable, qui montre quatre-vingt-dix-sept manières dont les tribus indigènes expriment le mot lluvia afin de réfléchir à la manière dont une langue (en l’occurrence, l’espagnol) s’impose à d’autres (les langues aborigènes).
J. Calle a obtenu plusieurs prix et distinctions, dont la bourse de création et de diffusion du ministère colombien de la Culture, en 2013 ; la mention d’honneur du IVe prix Luis-Caballero, à Bogota, en 2007 ; le prix du salon régional des artistes, attribué par le ministère de la Culture, à Bogota, en 2000 ; et la mention du même salon, en 2005. Parmi ses expositions personnelles les plus importantes, on peut citer Dibujos, à la Maison de l’Amérique latine, à Paris, en 2017 ; la rétrospective Silentes 1985-2015, au musée d’Art de la Banque de la République, à Bogota, en 2015 et au musée Amparo, à Mexico, en 2016.
Ses œuvres figurent dans des collections publiques, dont celles de la Banque de la République à Bogota (2005, 2010), du MoMA à New York (2011), du musée d’Art moderne de Buenos Aires (2004) et de la fondation ARS TEOR/ética, à San José, au Costa Rica (2008).
Une notice réalisée dans le cadre du réseau académique d’AWARE, TEAM : Teaching, E-learning, Agency and Mentoring
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