Lin Tianmiao: bound unbound, cat. expo., Asia Society Museum, New York (2012-2013), New York, Asia Society Museum
Seeing Shadow, Art and Public Gallery, Genève, 2007
→Lin Tianmiao : est-ce permis ? Est-ce possible ?, galerie Lelong, Paris, 14 novembre 2013 – 11 janvier 2014
→Systems, Rockbund Art Museum, Shanghai, 26 juin – 26 août 2018
Plasticienne chinoise.
Lin Tianmiao obtient une licence d’arts plastiques en 1984 à l’Université normale de la capitale à Beijing, avant de poursuivre sa formation à l’Art Students League de New York en 1989. De 1986 à 1995, elle vit aux États-Unis avec son mari, l’artiste vidéo Wang Gongxin. En 1995, le couple retourne à Beijing, où Lin Tianmiao devient progressivement l’une des artistes chinoises les plus en vue. Elle développe une technique qu’elle nomme « thread winding » (enroulage de fil) et qui s’inspire de ses souvenirs d’enfance, lorsqu’elle aidait sa mère à coudre des vêtements. Cette technique est visible dans sa première œuvre majeure, The Proliferation of Thread Winding (1995), une installation multimédia dans laquelle un lit est piqué de 20 000 aiguilles reliées par des fils à 20 000 boules de coton, un téléviseur et un magnétoscope. L’œuvre se veut une représentation du dur labeur que nécessite la fabrication du tissu, mettant ainsi en lumière l’exploitation des femmes en Chine. Elle utilise à nouveau cette technique intensive d’enroulement dans l’œuvre Bound and Unbound (1997), pour laquelle elle enroule 600 objets de la vie quotidienne dans du fil de coton blanc. Ce faisant, les objets se retrouvent dissimulés et deviennent symboliques à travers la perte de leur fonction d’origine. Focus (2001) est un tirage argentique d’un portrait en noir et blanc de l’artiste, qu’elle retravaille à l’aide de fils brodés et de cheveux humains. Pour Spawn (2001), elle se prend en photo nue et tête rasée, se présentant ainsi comme une femme imposante et sûre d’elle.
En 2013, le New York Asia Society Museum présente Bound Unbound, sa première exposition individuelle tenue dans un musée aux États-Unis. Son œuvre More or Less the Same (2011) fait usage d’os humains artificiels, d’outillage agricole et d’ustensiles domestiques enroulés dans du délicat fil de soie, donnant ainsi aux ossements la fonction d’outils corporels. Le squelette ne fait pas de distinction de hiérarchie, de culture, de classe et de statut politique ou social : il est au contraire un élément universel chez les êtres humains, qui possèdent tous un nombre défini d’os – idée que l’on retrouve dans All the Same (2011). En termes conceptuels, les os constituent un point de recoupement socio-politique et culturel commun à tous les genres et origines. En 2017, son exposition individuelle Protruding Patterns transforme la galerie new-yorkaise Lelong en une mer de tapis anciens brodés de gros caractères chinois et de mots reflétant diverses attitudes sexistes, dont un certain nombre d’expressions dégradantes à l’égard des femmes.
À travers l’usage de fils, Lin Tianmiao entremêle d’un point de vue féministe les problématiques sociales liées à la sensibilisation à l’égalité des sexes et à la conscience de soi. Son œuvre aborde les thèmes de la parité, de l’industrialisation et des déplacements de population en Chine à travers la pratique laborieuse du tissage et de la couture. Ses installations sont les métaphores d’un système politique qui glorifie les exploits de la classe ouvrière tout en dissimulant leur véritable sort dans une Chine en rapide mutation.