Celant Germano, Louise Nevelson, Milan, Skira, 2012
→MacKown Diana, Aubes et crépuscules : conversations enregistrées avec Diana MacKown, Paris, Des Femmes, 1983
→Wilson Laurie, Louise Nevelson: Iconography and Sources, New York, Garland Pub, 1981
Louise Nevelson, Whitney Museum of American Art, New York, 1967
→The Sculpture of Louise Nevelson: Constructing a Legend, cat. expo., Jewish Museum, New York, 5 mai – 16 septembre 2007
→Louise Nevelson, Centre national d’art contemporain, Paris, 9 avril – 13 mai 1974
Sculptrice états-unienne.
« Je veux devenir sculpteur et je ne veux pas l’aide de la couleur », déclare, enfant, celle qui va, tout au long de sa vie, habiter l’espace avec ses sculptures massives et poétiques. D’origine russe et de tradition juive, sa famille émigre en 1905 aux États-Unis, où Louise Nevelson reçoit un double héritage : le climat de libre-pensée prônant l’égalité entre les sexes dans laquelle elle est élevée, et l’artisanat – son grand-père était marchand de bois et son père travaille dans une usine consacrée à ce même matériau –, qu’elle privilégiera par la suite. En 1920, elle se marie et s’installe à New York, où elle peut se consacrer à ses passions : la peinture, la danse, le chant, le piano et le théâtre. En 1931, divorcée, elle part seule en Europe, où elle approfondit sa connaissance du cubisme auprès de son professeur, Hans Hofmann (1880-1966), à Munich, ainsi que des « arts primitifs », notamment au musée de l’Homme à Paris, où elle découvre l’art africain. De retour à New York, elle devient l’assistante du peintre mexicain Diego Rivera (1886-1957), qui réalise une série de fresques pour la New Workers School. À l’Art Students League, elle suit de nouveau les cours de H. Hofmann, mais aussi ceux de l’Allemand George Grosz (1893-1959). À la même époque, elle présente ses premières peintures et ses sculptures anthropomorphiques. Dans les années 1940, outre sa première exposition personnelle à la galerie Nierendorf de New York, L. Nevelson s’initie à la gravure, technique qu’elle pratiquera toute sa vie. Sous l’influence du cubisme et de l’« art primitif », elle s’éloigne de la sculpture traditionnelle et réalise des assemblages, conçus à partir de morceaux de bois trouvés. Au cours des années 1950 – étape charnière –, la visite de sites archéologiques et la vision des façades des édifices précolombiens au Mexique lui inspirent la création d’environnements, constitués de plusieurs éléments juxtaposés dans l’espace.
Ses sculptures s’apparentent alors à des murs, des constructions en bois peint de grandes dimensions ou des ensembles formés de structures strictement géométriques, à la façon de Tropical Garden II (1957) ; elles sont recouvertes d’une seule couleur, du noir mat ou du doré unifiant le tout et camouflant l’identité première des différentes pièces. Abstraite convaincue, l’artiste est également influencée par le théâtre et la danse qu’elle a pratiqués très tôt. Ses sculptures prennent très vite un caractère dynamique et sont mises en mouvement, comme ses Moving-Static- Moving-Figures. Outre sa présentation en Europe à la galerie parisienne Jeanne Bucher, l’année 1958 constitue un tournant dans sa carrière avec l’exposition Moon Garden + One à la galerie Grand Central Moderns de New York : de vastes caisses, à géométrie variable, remplies d’objets de récupération uniformément noirs, sont empilées en sculptures murales qui s’apparentent à des bas-reliefs et dynamisent l’espace. En 1959, elle expose son premier environnement conçu à partir de figures totémiques blanches, Dawn’s Wedding Feast (« noces de l’aube »), consacré au thème du mariage, récurrent dans son travail ; en expérimentant de multiples techniques et matériaux, elle poursuivra la réalisation de ses « bibelots-monstres », comme les appelle l’artiste Jean Arp (1886-1966), après avoir découvert Sky Cathedral (1958). En 1966, elle fabrique avec de l’aluminium ses premières sculptures métalliques, puis, en 1967, de petites œuvres en plexiglas. Elle répond à des commandes monumentales et crée un des premiers ensembles en acier Cor-ten, Atmospheres and Environment X (1969), pour l’université de Princeton, suivi de Night Presence IV (1972) à New York. Figure reconnue de la scène américaine, L. Nevelson est choisie, dès 1962, pour représenter les États-Unis à la Biennale de Venise, et, deux ans plus tard, expose à la documenta de Kassel. Plusieurs rétrospectives lui sont consacrées. En 1979, elle est élue membre de l’American Academy and Institute of Arts and Letters. Le Whitney Museum organise, à l’occasion de son quatre-vingtième anniversaire, l’exposition Atmospheres and Environments. Inclassable, cette artiste, dont les œuvres sont conservées dans les plus grandes collections internationales, joue un rôle majeur dans l’histoire de la sculpture moderne aux États-Unis.