Jeanne Henriquez, « Lucila Engels », dans Kòrsou su muhénan pionero [Pionnières de Curaçao], Willemstad, Archivo Nashonal di Antias Ulandes, 2002
→Charles Eyck, « Cola Debrot-prijs voor Lucila Engels » [Le prix Cola-Debrot pour Lucila Engels], Watapana, 2e année, 1969-1970, p. 27
→Luc Tournier, Chris + Lucila Engels, Amsterdam, Stedelijk Museum, 1957
Lucila Engels : Schilderijen [Lucila Engels : peintures], exposition itinérante, Gouda, Apeldoorn, Leeuwarden, Schiedam, Hoogeveen, Venlo, 1967
→Chris + Lucila Engels, Stedelijk Museum, Amsterdam, 1957
→De Trap Op [En haut des marches], Nijverheidsschool, Van Raderstraat, 1951
Peintre, mosaïste et sculptrice curacienne.
Lucila Engels-Boskaljon a vécu dans le quartier d’Otrobanda, à Willemstad, où la musique joue un rôle essentiel dans la vie quotidienne. Le soir dans les foyers et lors des fêtes organisées sur la place Brionplein, des musiciens et musiciennes se réunissent et jouent pour le public qui danse au rythme des valses, des mazurkas et des danzas de Curaçao. Élevée justement dans une famille de musiciens, la jeune fille joue du violon au sein de l’orchestre de son père, Rudolf Boskaljon. En 1939, elle épouse un médecin néerlandais, Chris Engels (1907-1980), arrivé à Curaçao en 1936, qui joue du piano dans le même orchestre. Le couple vit dans une maison sur Molenplein, où se réunissent chaque semaine des amateurs d’art et de culture. Un soir, L. Engels-Boskaljon s’essaye spontanément à la peinture et se découvre un talent pour cela. Elle s’épanouit désormais en tant qu’artiste : en plus de la peinture à l’huile, elle commence à créer des œuvres murales, des mosaïques et des sculptures en bois flotté.
En 1948, L. Engels-Boskaljon et son mari, lui-même artiste, jouent un rôle décisif dans la fondation du Het Curaçaosch Museum à Willemstad. Elle dirige ce musée de culture et d’histoire jusqu’en 1969 et y reste impliquée comme commissaire d’expositions internationales jusqu’en 1986. Bien que discrète, L. Engels-Boskaljon est une figure majeure de la scène artistique locale. Son mari et elle exposent d’abord dans un pavillon du Vondelpark, à Amsterdam, en 1950. Compte tenu de sa formation de musicienne, c’est un style expressionniste lyrique qui vient naturellement à l’artiste. La forme et la couleur de ses sujets sont distordues plus ou moins fortement. Elle trouve ses motifs dans son environnement immédiat : le port, des natures mortes, les gens qui l’entourent. L’une de ses œuvres les plus célèbres, De Blauwe Vrouw [La femme en bleu], est présentée en 1951 à l’exposition De Trap Op [En haut des marches], où cette représentation d’une poitrine dénudée cause du remous dans la société de Curaçao.
En 1955, la famille Engels emménage à Stroomzigt, une villa adjacente au Rif, qui devient un havre d’art et de culture sur l’île. Là, L. Engels-Boskaljon apprend la peinture aux enfants et propose des séances d’art-thérapie aux résidents de la clinique Capriles. Les rencontres culturelles s’y poursuivent et le grenier est utilisé comme atelier. Le couple accueille à Stroomzigt ses nombreuses connaissances internationales : le célèbre architecte néerlandais Gerrit Rietveld est par exemple invité à concevoir l’escalier de la maison. La villa acquiert une certaine réputation sur l’île, présentant dans ses murs et dans ses jardins une collection d’art local et international.
En 1970, L. Engels-Boskaljon est la première plasticienne à recevoir le prestigieux prix Cola-Debrot pour les arts de la part du gouvernement de Curaçao. Son travail a été exposé à Curaçao, aux Pays-Bas, aux États-Unis, au Venezuela, en Colombie, en République dominicaine et au Brésil, à la Biennale de São Paulo en 1961 et 1967.
Une notice réalisée dans le cadre du projet “Related” : Pays-Bas – Caraïbes (XIXe siècle – aujourd’hui)
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