Maria Mikhaïlovna Siniakova, Union des écrivains, Kiev, 1969
Peintre ukrainienne.
Toute son œuvre est marquée du sceau formel et coloré de son pays. Maria Mikhaïlovna Siniakova fait son apprentissage artistique d’abord à Kharkiv, puis à Moscou, chez un des maîtres du cézannisme primitiviste fauve du Valet de carreau, Ilia Machkov. Elle montre, pour la première fois, deux œuvres à la dernière exposition du groupe avant-gardiste pétersbourgeois, l’Union de la jeunesse, en 1913-1914. Elle voyage en Allemagne et en Asie centrale, se nourrit de l’influence de Gauguin, de Matisse, du mouvement néoprimitiviste russe ; elle s’intéresse à l’icône et aux enseignes de boutiques, aux miniatures et aux tapis persans. Elle est aussi très liée au milieu des poètes « cubo-futuristes », dont Vélimir Khlebnikov, l’hôte de la famille, qui écrit un poème, Siniyé okovy, sur les trois sœurs Siniakova, célèbres pour leur beauté. M. Siniakova réalise en 1915 la couverture d’un recueil poétique de Nikolaï Asseïev (l’époux de sa sœur), qui paraît à Kharkiv. La même année, elle participe à l’almanach futuriste Strélets [le sagittaire]. En 1916, elle illustre le recueil poétique de Bojidar, Le Tambourin, et cosigne le manifeste futuriste, La Trompette des martiens, avec les poètes V. Khlebnikov, Petnikov, N. Asséïev et Bojidar. Elle est proche, en 1918, de Soyouz Sémi [Union des sept], groupe avant-gardiste russo-ukrainien de Kharkiv, qui compte le constructiviste ukrainien Vassy l’Ermilov parmi ses membres.
En 1926, elle illustre Vanka-Caïn et Sonka la manucure, le roman du poète et théoricien « transmental », Alexeï Kroutchonykh. Elle poursuit dans la voie de la mise en page et de l’illustration de livres, en particulier ceux de son beau-frère, mais aussi ceux de Korneï Tchoukovski et de Vladimir Maïakovski (Oblako v chtanakh [le nuage en pantalon], 1937). En 1952, elle est exclue de l’Union des artistes pour « servilisme à l’art occidental ». En 1969 a lieu sa seule exposition personnelle à l’Union des écrivains de Kiev. À côté des artistes de la Grande Russie tels que Natalia Gontcharova et Pavel Filonov, qui montrent les deux faces opposées – solaire et souterraine – de la géologie culturelle, spirituelle, picturale, mentale russe, M. Siniakova est l’auteure d’une œuvre qui respire toute la gaieté, l’insouciance et le multiculturalisme de l’Ukraine, et dont la palette est un véritable arc-en-ciel. Elle était, par ailleurs, comme sa compatriote Sonia Delaunay, une adepte du nudisme qu’elle pratiquait couramment. Ses œuvres s’inspirent essentiellement de la miniature persane, de la gamme colorée populaire ukrainienne, du néoprimitivisme de Larionov.