Martine Barrat, cat. expo., musée d’Art moderne de la ville de Paris, Paris (15 novembre – 9 décembre 1984) ; galerie du Jour, Paris (14 novembre – 7 décembre 1984), Paris, Le Musée, 1984
→Martine Barrat, Do or Die, New York, Viking Adult, 1993
Martine Barrat. Do You See Your Face, Établissement lyonnais d’art contemporain, Lyon, 1994
→Martine Barrat, Harlem in my Heart, Maison européenne de la photographie, Paris, 10 octobre 2007 – 6 janvier 2008
Photographe et vidéaste française.
Comédienne, danseuse et metteuse en scène à Paris dans les années 1960, Martine Barrat s’installe à New York en 1968, invitée par La MaMa Experimental Theater Club, théâtre fondé par Ellen Stewart. Elle crée alors un atelier qui mêle théâtre, vidéo et musique jazz, à destination des enfants du Lower East Side. Progressivement, elle se tourne vers le monde de l’image : la vidéo et le 16 mm, auquel elle se consacrera entièrement. Au début des années 1970, elle commence une série vidéo sur la vie des membres des gangs du South Bronx, un quartier difficile où elle réussit à se faire accepter. De cet énorme projet documentaire, qui la mobilisera pendant plusieurs années, elle tire You Do the Crime, You Do the Time [Tu as fait le crime, tu as fait ton temps, 1978], qui obtient le prix du meilleur documentaire à Milan. Fascinée par ce quartier noir dont elle photographie ensuite les rues, les clubs de boxe et les églises, elle rend hommage à ses habitants : vieillards, musiciens et enfants, qu’elle côtoie depuis des années. La rétrospective Harlem in My Heart [Mon cœur est à Harlem] présentée à la Maison européenne de la photographie, à Paris, en 2007-2008, a dévoilé la beauté de ses héros à la fois pauvres et flamboyants.
Célèbre aussi pour ses photos sur le monde de la boxe, elle publie Do or Die [Fais-le ou meurs, 1993] préfacé par le réalisateur Martin Scorsese. La puissance des images, la dimension rituelle du sport et la fraternité qui perce sous la violence des combats valent à l’ouvrage un accueil enthousiaste. L’intensité de ses photographies réside dans le regard : « La boxe est le seul sport où les adversaires se regardent dans les yeux », explique-t-elle. On comprend dès lors son attirance pour l’énergie de la violence, qu’elle soit sur le ring, dans les ghettos du South Bronx et de Harlem, ou à la Goutte-d’Or, autre ghetto, parisien cette fois, où elle va systématiquement photographier les enfants lorsqu’elle retourne en France.