Mirtha Dermisache, Cahier n°1., 1975, G. Schraenen, Anvers, 1975
→Fajole Florent (dir.), Mirtha Dermisache : publicaciones y dispositivos editoriales, cat. expo., Pontificia Universidad Católica Argentina, Pabellón de las Bellas Artes (2011), Ed. de la Universidad Católica Argentina, Buenos Aires, 2011
→Pérez Rubio Agustín (dir.), Mirtha Dermisache: ¡Porque yo escribo!, cat. expo., Museo de Arte Latinoamericano de Buenos Aires, Buenos Aires (2017), Museo de Arte Latinoamericano de Buenos Aires & Fundación Espigas, Buenos Aires, 2017
Mirtha Dermisache, Other books and So, Amsterdam, 1978
→Mirtha Dermisache: The Otherness of the Writings, Henrique Faria Fine Art, New York, 2017
→Mirtha Dermisache, Porque ¡yo escribo!, Museo de Arte Latinoamericano de Buenos Aires, Buenos Aires, 2017
Dessinatrice, écrivaine et éditrice argentine.
Mirtha Dermisache étudie à l’Escuela Nacional de Bellas Artes Prilidiano Pueyrredón à Buenos Aires en Argentine. Sa carrière débute dans les années 1960 lorsqu’elle entame un travail autour du livre et du signe. Libro No 1 [Livre no 1, 1967], considéré comme une première étape marquante, est un ouvrage de 500 pages au graphisme aléatoire rappelant le gribouillage. Elle construit dès lors un corpus de calligraphies qualifiées d’« écriture illisible » par Roland Barthes, terme qu’il explicite dans la première lettre de leur correspondance en 1971.
À partir des années 1970, son ensemble d’œuvres s’enrichit, l’artiste reprenant des formats usités pour écrire des Artículos, des Cartas, un Diario, des Libros, des Newsletters, des Postales – cartes postales – des Reportajes, des Textos. En 1972, elle publie Diario No 1 [Journal no 1], un journal sur lequel elle inscrit des écritures inintelligibles. En creux, elle y dessine le portrait des médias argentins contrôlés par le gouvernement pendant la période de dictature (1976-1983). Par la suite, Diario No 1 deviendra dans son pays un emblème de la protestation contre le régime politique oppressif. Sa production commence à être présentée à l’étranger, et plus particulièrement en Europe du Nord où ses réflexions sur la relation entre le livre et l’art font écho aux intérêts de nombreux curateurs et curatrices ainsi qu’à ceux de beaucoup d’institutions muséales. Grâce au Centre d’art et de communication (CAyC), invité par Marc Dachy et Guy Schraenen à Anvers (1974), elle expose notamment en Belgique. Sa rencontre avec G. Schraenen est décisive : celui-ci fait paraître Diario No 1 dans sa maison d’édition Archive for Small Press and Communication et fait circuler son travail dans plusieurs villes d’Europe. C’est durant cette même décennie qu’elle réfléchit à la capacité éditoriale de ses œuvres, qui sont produites à la plume, au stylo tubulaire, au feutre ou simplement avec la main et qui doivent exister sous la forme ultérieure d’une publication.
M. Dermisache se consacre amplement aux travaux pédagogiques et à la pratique collective. Elle crée des ateliers pédagogiques, notamment le Taller de Acciones Creativas, fondé en 1973, mais aussi des Jornadas del Color y de la Forma, qu’elle coordonne entre 1975 et 1984, où sont expérimentés, en groupe, des procédés d’écriture similaires à sa démarche. Elle engage par ailleurs une réflexion sur le renouvellement de sa production, en s’intéressant à la lecture en public et aux différentes possibilités qu’offre celle-ci. Les années 2000 présentent un retour au foisonnement avec de nombreuses éditions et œuvres originales encouragées par un de ses derniers éditeurs, Florent Fajole. À la même époque, sa première exposition personnelle est organisée à la Galería El Borde-Arte à Buenos Aires. Cet événement consolide le dispositif éditorial qu’elle a mis en place et le concept d’écritures multiples. Avec l’aide de son éditeur, elle entreprend une série de projets qui explorent les dimensions de l’installation et le processus d’impression. D’autres expositions internationales, comme elles@centrepompidou, au musée national d’Art moderne – Centre Georges-Pompidou à Paris (2009-2011), vont asseoir sa reconnaissance mondiale. Ses œuvres entrent à cette occasion dans les collections du musée national d’Art moderne.
En 2011, M. Dermisache présente une dernière fois son travail au centre d’exposition de l’Universidad Católica Argentina de Buenos Aires. En 2017, cinq ans après la mort de l’artiste, le Museo de Arte Latinoamericano de cette même ville organise la première rétrospective qui lui soit consacrée dans son pays natal.