Morineau Camille, Monique Frydman, Paris, Editions du Regard, 2013
→Dreyfus Laurence (dir.), Monique Frydman, U-Topie de la couleur, cat. expo., Espace Muraille, Genève (28 janvier – 2 mai 2015), Genève, Espace Muraille, 2015
→Monique Frydman, cat. expo., Parasol Unit Foundation, Londres (7 juin – 12 aout 2017), Londres, Parasol Unit Foundation, 2017
Monique Frydman, la couleur tissée, Musée Matisse, la Cateau-Cambrésis, 5 mars 2006 – 4 juin 2006
→Monique Frydman, 21st Century Museum of Contemporary Art, Kanazawa, 23 novembre 2011 – 20 mars 2012
→In the Golden Light, Passage de Retz, Paris, 17 octobre – 13 novembre 2016
Peintre française.
Monique Frydman appartient à cette génération postmoderniste de la déconstruction radicale du tableau, pratiquée par le groupe Supports/Surfaces, qui a repensé dans les années 1970-1980 les pouvoirs de la peinture à partir de ses composants matériels et métaphoriques. Le tableau est pour elle, ainsi que pour le groupe, une exploration de l’épaisseur du plan. Le corps est au cœur de son propos intensément lyrique : depuis ses premières peintures figuratives et militantes des années 1960 – basées sur la nécessité impérative d’affirmer une identité féminine par l’inscription de son propre corps – et les papiers de soie muraux collés des années 1970 (Judith triumphans, 1978) jusqu’aux grandes peintures abstraites qu’elle développe en séries à partir des années 1980. La pratique du frottage (souvent à l’aide de ficelles trempées dans la couleur, disposées au verso de la toile puis déplacées) est celle qui, dans l’œuvre de l’artiste, commande ce qui advient en suspens sur la toile – peinture, dessin, lignes, surface, linéaments de figures –par l’effet de couleur/lumière (héritage de Rothko), dispensé par la matière volatile du pigment pur ou du crayon pastel, ou par celle, fluide, de la peinture acrylique. Elle travaille par séries de couleurs, tour à tour crépusculaires et crépitantes, dont elle expérimente la masse, la souplesse, la vibration, la transparence.
Aux Pourpres et aux Rouges des années 1987-1990, suivis par les Violets (1992-1993) et les Sombres (1998), succèdent des toiles qui sont des variations sur les « mutations de substance des corps » (Schefer) par brouillages confus ou faisceaux de lignes électriques, des modulations d’apparitions jaillissantes et d’enfouissements et effacements. Jamais la figure n’apparaît ; seul s’inscrit son passage, ou sa mémoire « ouverte », aléatoire, par des lignes de force mouvantes, qui organisent l’espace conçu comme un espace du désir et de la sensation, un espace d’intensité corporelle. L’expérience essentielle est celle de la fusion. « Ni masculin, ni féminin […] la peinture pulvérise tout pour fonder son propre corps », dit-elle (1995). Présente régulièrement dans différentes galeries et dans plusieurs collections françaises, l’œuvre de M. Frydman est exposée en 1995 au musée des Beaux-Arts de Caen, et en 2006 au musée Matisse de Cateau-Cambrésis.