Chavanne Blandine & Gaudichon Bruno (dir.), Odette Pauvert : (1903-1966) ; Première femme Grand Prix de Rome de Peinture, cat. expo., Poitiers, musée Sainte-Croix (18 juin – 15 septembre 1986), Poitiers, Musée Sainte-Croix, 1986
Odette Pauvert : (1903-1966) ; Première femme Grand Prix de Rome de Peinture, cat. expo., Poitiers, musée Sainte-Croix, 18 juin – 15 septembre 1986
Peintre française.
Issue d’une famille d’artistes – ses parents sont peintres miniaturistes –, Odette Pauvert se destine à l’enseignement du dessin, puis, comme son père, intègre l’École des beaux-arts de Paris en 1922, pouvant ainsi bénéficier de ses conseils et réseaux. Lauréate de la médaille d’argent au Salon des artistes français en 1923, et de la médaille de bronze l’année suivante, elle multiplie aussi les récompenses à l’école : en 1925, à l’unanimité des voix moins deux – Forain et Besnard, deux jurés particulièrement misogynes considérant qu’une femme ne pouvait prétendre à une telle récompense –, elle est la première peintre femme à recevoir le premier Grand prix de Rome de peinture avec La Légende de saint Ronan. Cet exemple illustre les difficultés qu’éprouvent les femmes de cette époque à pénétrer la sphère artistique, notamment celle de l’art académique. L’École des beaux-arts de Paris n’a ouvert ses portes aux femmes qu’en 1897 ; ce n’est qu’en 1900 que celles-ci ont eu accès à ses ateliers, et seulement en 1903 qu’elles ont pu concourir pour le prix de Rome.
La première à le recevoir fut la sculptrice Lucienne Heuvelmans (1881-1944) en 1911. En 1925, la villa Médicis accueille O. Pauvert, seule femme résidente. À son retour en 1929, l’artiste travaille dans l’atelier de ses parents. En 1932, l’architecte de l’église du Saint-Esprit, Paul Tournon, lui commande une fresque. L’année suivante, elle exécute une décoration, L’Amour maternel, pour l’école primaire de garçons de la rue Jomard, à Paris. En 1935, après avoir séjourné à la Casa de Velázquez de Madrid grâce à une bourse attribuée par l’Académie des beaux-arts, elle expose à la galerie de la Renaissance ; elle décore l’année suivante le dortoir d’une école à Sèvres, puis deux pavillons à l’Exposition universelle de 1937. Elle épouse André Tissier, peintre amateur, avec qui elle aura trois enfants. En l’absence de commandes publiques – l’État et l’Église penchent vers la modernité –, l’artiste se tourne vers la miniature et la peinture de chevalet. Une grande rétrospective de ses œuvres au musée de Poitiers en 1986 permet de reconsidérer sa carrière au regard de l’histoire des artistes femmes.