Kasahara, Hisako, Ono-ke no onnatachi: Komachi to Ozū [Les Femmes de la Maison Oni : Komachi et Ozū], Tokyo, Kanrin Shobō, 2001
→Ogura, Kazuha, Ono no Ozū: Rekishi no yami kara yomigaeru momoyama no hana [Ono no Ozū: La Fleur de Momoyama sortie des limbes de l’histoire], Tokyo, Kawade Shobō Shinsha, 1994
→Fister, Patricia, Japanese Women Artists 1600–1900, Lawrence, Spencer Museum of Art, University of Kansas, 1988
The Three Perfections: Japanese Poetry, Calligraphy, and Painting from the Mary and Cheney Cowles Collection, Metropolitan Museum of Art, New York, États-Unis, 10 août 2024-3 août 2025
→Her Brush: Japanese Women Artists from the Fong-Johnstone Collection, musée d’Art de Denver, Denver, États-Unis, 13 novembre 2022-16 juillet 2023
→The Tale of Genji: A Japanese Classic Illuminated, Metropolitan Museum of Art, New York, 5 mars-16 juin 2019
Calligraphe, poétesse et musicienne japonaise.
Ono no Ozū (ou Otsū) demeure une figure méconnue de l’histoire de l’art japonais. Bien qu’elle compte parmi les calligraphes femmes les plus éminentes du Japon moderne, on sait peu de choses sur sa vie et les spécialistes débattent même de la prononciation de son nom. Elle appartenait à l’aristocratie kyotoïte, où elle était dame de compagnie, et l’on pense qu’elle a bénéficié d’une forme de mécénat de la part de chacun des trois « grands unificateurs du Japon », Oda Nobunaga, Toyotomi Hideyoshi et Tokugawa Ieyasu, à différents moments de sa carrière. Son père était sans doute le seigneur féodal Ono Masahide, allié de Nobunaga ; à sa mort sur le champ de bataille, ce dernier aurait confié la fillette aux membres de sa suite. À Kyoto, elle se lie à la puissante famille Toyotomi, soit en tant que dame de compagnie d’une des concubines de Hideyoshi, soit en tant que suivante de Hideyoshi lui-même.
Après un mariage de courte durée avec un domestique de la famille Toyotomi, Ono no Ozū entreprend de gagner sa vie en enseignant à de jeunes femmes de la noblesse les arts, comme la calligraphie, la musique et la poésie. Ses talents auraient attiré l’attention de Tokugawa Ieyasu, qui l’aurait embauchée comme préceptrice pour sa femme et sa fille. Plus tard, Ono no Ozū aurait réalisé pour la famille Tokugawa un portrait d’Ieyasu à l’occasion de son soixante-dix-septième anniversaire et aurait accompagné les filles des shoguns de Tokugawa à leurs noces. Il est probable qu’elle ait joué un rôle similaire pour les filles de la famille impériale.
Ono no Ozū a vécu et travaillé durant la période trouble de transition entre l’époque Momoyama (1574-1600) et la dynastie Tokugawa (1603-1868), ce qui explique en grande partie la rareté des informations dont nous disposons aujourd’hui sur sa vie. En effet, au cours de la période Tokugawa, les aristocrates de son statut faisaient partie des femmes ayant le moins de libertés et étaient le plus souvent cantonnées au foyer ou confinées dans un château. Si les femmes des couches supérieures disposaient certes de davantage de temps libre pour pratiquer les arts, le niveau de reconnaissance atteint de son vivant par Ono no Ozū au sein de l’élite dirigeante malgré ces contraintes n’en demeure pas moins extraordinaire. Aujourd’hui, on se souvient d’elle avant tout pour sa calligraphie caractéristique, qui se distingue par la fluidité des traits liés et des fioritures au pinceau, ainsi que par la solide culture littéraire qu’elle traduit. On sait peu de choses de sa formation artistique, mais son style a influencé les calligraphes femmes des couches supérieures bien après sa mort à travers des recueils d’estampes. Il semble qu’elle ait eu des liens avec l’école de peinture Tosa ; l’œuvre Extrait calligraphique du Dit de Genji (début du XVIIe siècle) est en tout cas une illustration des collaborations qu’elle a nouées avec ses membres. Bien que peu soient parvenus jusqu’à nous, ses rouleaux peints, tels que Hotei à l’enfant (1624) et Le Divinisé Sugiwara Michizane en route pour la Chine (début du XVIIe siècle), sont aussi tenus en haute estime.
En collaboration avec le Denver Art Museum dans le cadre d’AMIS : AWARE Museum Initiative and Support
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