Gordon Rafael (dir.), Ouka Leele inédita, cat. expo., Centro Atlántico de Arte Moderno, Las Palmas (30 juin – 13 septembre 2009), Madrid, Ministerio de Cultura, 2008
→Etxebarria Lucia & Villasante Carlos, Ouka Leele, Barcelone, Lunwerg, 2009
Between Two Worlds: Ouka Leele Solo Exhibition, Iberia Center for Contemporary Art, Beijing, 25 octobre – 16 novembre 2008
→Ouka Leele : fotographias, 1976-1987, El Museo Espanol de Arte Contemporaneo, Madrid, 24 septembre – 3 novembre 1987
→Ouka Leele inédita, Centro Atlántico de Arte Moderno, Las Palmas, 30 juin – 13 septembre 2009
Photographe espagnole.
Grand nom de la photographie plasticienne contemporaine, figure majeure de la Movida (mouvement culturel né après la fin du régime franquiste), Ouka Leele a contribué au renouveau de la photographie espagnole. Après un passage par le Fotocentro de Madrid, elle publie sa première série en noir et blanc en 1976, et expose pour la première fois en 1978. Son travail s’organise en plusieurs phases : tout d’abord, elle réalise des mises en scènes qu’elle photographie en noir et blanc ; puis elle repeint ces clichés manuellement en couleurs, le plus souvent à l’aquarelle ; elle en photographie enfin le résultat, créant alors des images hybrides, burlesques, insolites, à mi-chemin entre photographie et peinture, comme en témoigne Peluquería (1978), sa série, sans doute la plus célèbre, dans laquelle une succession de portraits sont coiffés de poulpes, de livres ou encore de fruits. Dans ses compositions, elle fait poser ses amis, ses proches, ses voisins, mais aussi des modèles, des vedettes ou des anonymes. La particularité de sa démarche consiste à détourner la photographie de sa fonction habituelle – reproduire le réel – et de l’utiliser comme dessin préparatoire d’une peinture. Ainsi, les thématiques développées font référence au genre pictural : portrait, nu, paysage, nature morte, scène de genre ; les règles de la peinture classique sont réappropriées au service de compositions décalées et délirantes, exacerbées par une palette criarde, tendre ou saturée, qui provoque des rapprochements extravagants et des télescopages ludiques.
Cette pratique n’est pas isolée : elle s’est érigée en école, réunissant des artistes désireux de montrer la réalité plus fidèlement que ne pouvait le faire la simple utilisation de la photographie. L’aspect onirique et poétique de ses images est révélateur des préoccupations d’une jeunesse, soucieuse de s’émanciper, de provoquer, de transformer le monde et de s’affranchir des conventions de l’Espagne franquiste. En ce sens, récompensée par le prix national de la Photographie en 2005, Ouka Leele fait figure de proue.