Naitō, Rei, Sora o mite yokatta [C’est bon de voir le ciel], Tokyo, Shinchōsha, 2020
→Naitō, Rei, Naitō Rei | 1985-2015 shukufuku [Rei Naito | 1985-2015 bénédiction], Tokyo, Millegraph, 2015
→Naitō Rei: Subete dōbutsu wa sekai no uchi ni chōdo mizu no naka ni mizu ga aru yō ni sonzai shiteiru [Rei Naito: Tout animal est dans le monde comme de l’eau á l’intérieur de l’eau], cat. exp., The Museum of Modern Art, Kamakura (2009), Kamakura, The Museum of Modern Art, 2009
Rei Naito: Mirror Creation, 21st Century Museum of Contemporary Art, Kanazawa, préfecture d’Ishikawa, 2020
→Rei Naito: On this bright Earth I see you, Contemporary Art Gallery, Art Tower Mito, Mito, Ibaraki Prefecture, 2018
→Chijō ni hitotsu no basho o [Un lieu sur terre], Sagachō Exhibit Space, Tokyo, 1991
Artiste japonaise.
Rei Naito est connue pour ses installations combinant les éléments naturels comme la lumière, le vent ou l’eau et de subtils motifs faits de ficelle, de ruban, de textile, de perles, de verre ou de ballons gonflables qui dialoguent avec l’espace. Elle est aussi l’autrice de peintures superposant des couleurs tendres sur un support de toile ou de papier, ou encore de petites figurines humaines en bois de quelques centimètres de hauteur – autant d’œuvres majeures qui s’inscrivent dans le prolongement d’une seule et même démarche, au cœur de laquelle se trouve une interrogation récurrente : « Notre existence sur Terre est-elle une bénédiction en soi ? »
En 1991, R. Naito expose Une place sur la Terre au Sagacho Exhibit Space : sous une tente blanche ovale faite de flanelle, elle dispose de fragiles objets faits de matériaux divers (végétaux, tissu, coquillages, pierres, verre) placés de façon symétrique. Cette création de ses débuts retient l’attention par le mode de contemplation qu’elle impose, puisqu’un seul visiteur à la fois peut pénétrer sous la tente. L’installation est présentée par la suite dans le monde entier, de New York à Paris en passant par le Pays de Galles, Nagoya ou encore Venise, notamment en 1997, dans le pavillon japonais de la 47e Biennale. Cette même année, l’ancien monastère des Carmélites de Francfort accueille son exposition monographique Takusan no mono ga Yobidasarete iru [On fait appel à plein de choses] : pour chacun des trois cent quatre martyrs et hérétiques figurant sur la grande fresque murale de ce qui servait autrefois de réfectoire aux religieux, R. Naito a fabriqué un petit oreiller ainsi que différents objets de formes et matériaux variés qu’elle a disposés dans un endroit où seul un visiteur à la fois peut pénétrer pour les apprécier. C’est la première fois qu’elle réalise des œuvres qui se veulent des offrandes à des disparus, comme pour tisser un lien avec l’au-delà.
Si beaucoup de créations de R. Naito sont éphémères, visibles uniquement pour une période limitée et dans un espace donné, elle a également réalisé des œuvres permanentes, qu’on peut admirer sur les îles de la mer intérieure de Seto. On pense notamment à Kono koto wo [Cette chose-là] pour la demeure Kinza dans le cadre du Art House Project de l’île de Naoshima en 2001, ou encore à Bokei [Matrice], achevé en 2010 au Teshima Art Museum. Pour la première œuvre, l’artiste a ôté le plancher et le plafond d’une vieille maison traditionnelle abandonnée et y a disposé des cercles de marbre, des fils ou des perles dans un intérieur sombre puisque la lumière ne filtre que par le bas – installation que, de nouveau, les visiteurs ne peuvent admirer qu’une personne à la fois. Par contre, au musée d’art de Teshima, le projet est mené conjointement avec l’architecte Ryūe Nishizawa et l’expérience est collective. À l’intérieur d’une structure en béton qui épouse la forme d’une goutte d’eau pendent des rubans et des ficelles bercés par le vent et jaillit de l’eau qui ruisselle sur le sol. Percée de deux alvéoles rondes, elle laisse la lumière, le vent ou la pluie s’immiscer à tout moment, pour une création qui ne semble ne faire qu’un avec la nature environnante. Avec une telle œuvre, on aura compris que l’art de R. Naito a évolué, passant progressivement d’un espace fermé au monde extérieur à un espace ouvert à la nature et à la présence humaine.
À partir de la fin des années 2000, R. Naito est accueillie dans de nombreux musées à travers le monde pour des expositions individuelles : au Museum of Modern Art de Kamakura et Hayama (2009), au musée Teien de la Ville de Tokyo (2014), au musée d’Art de Tel Aviv (2017), au Centre d’art contemporain du Art Tower Mito (2018), au musée d’Art contemporain du XXIe siècle de Kanazawa (2020), etc. En 2017, elle réalise une installation faisant écho à Hiroshima à la Maison de la culture du Japon à Paris. Au fur et à mesure qu’elle avance dans sa réflexion sur la disposition des œuvres et sur la construction des espaces qui les accueille, sa démarche prend de la profondeur afin de mettre en scène le drame qui se déroule entre ce qui apparaît comme des opposés, mais qui sont aussi le reflet l’un de l’autre : l’humain et la nature, l’humain et la création, soi-même et autrui, la vie et la mort, l’intérieur et l’extérieur…
Une notice réalisée dans le cadre du programme « Artistes femmes au Japon : XIXe-XXIe siècle »
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2022