Simon Eddy, Avril Marie, Divine : vie(s) de Sarah Bernhardt, Paris, Futuropolis, 2020
→Mason Miranda Eve, Making Love / Making Work. The Sculpture Practice of Sarah Bernhardt [thèse de doctorat en histoire de l’art], University of Leeds, History of Art and Culture Studies, mai 2007.
→Abdy Jane, « Sarah Bernhardt’s role in art », Christie’s review of the Year, Londres, 1986.
Sarah Bernhardt, icône de la Belle Époque, Villa les Roches Brunes, Dinard, juin – septembre 2016
→Moi Sarah Bernhardt, Musée Maxim’s, Paris, novembre 2011 – mars 2012
→Sarah Bernhardt: the art of high Drama, Jewish Museum, New-York, décembre 2005 – avril 2006
Actrice, sculptrice et peintre française.
Actrice célèbre, Sarah Bernhardt, née Henriette Rosine Bernard, a multiplié les talents artistiques : elle dessine ses tenues, participe à la création de mises en scène, écrit des pièces, essais et romans, sculpte et peint.
D’abord formée au Conservatoire, à Paris, elle entre une première fois à la Comédie-Française en 1863, la quitte puis y revient en 1872 après un début brillant à l’Odéon de 1866 à 1872. Elle triomphe dans Phèdre en 1873. Jeune fille, elle a appris le piano et le dessin selon la volonté de sa mère. Elle réalise ses premières œuvres peintes et sculptées dans les années 1860 (Les Champs-Élysées en hiver, Buste de femme) et suit ensuite les enseignements des sculpteurs Mathieu-Meusnier (1824-1896) et Jules Franceschi (1825-1893) dans les années 1870. En peinture, domaine où elle se distingue moins, elle suit les cours d’Alfred Stevens (1823-1906), qui réalise lui-même au moins cinq portraits d’elle, dont un tondo la présentant en train de peindre.
À partir de 1874, S. Bernhardt expose au Salon pendant plus de vingt ans. Ses œuvres sont de plus en plus marquées par le symbolisme et l’Art nouveau. Après avoir présenté deux bustes en marbre, elle propose, en 1876, le groupe Après la tempête, pour lequel elle reçoit une mention honorable. Elle envoie ensuite plusieurs bustes de ses proches, dont celui de sa compagne Louise Abbéma (1853-1927) en 1879. En 1880, elle présente au Salon un grand format peint, La Jeune Fille et la Mort, et, en 1881, le bas-relief en marbre Ophélie. Elle offre un bronze grandeur nature de cette œuvre au Théâtre royal danois de Copenhague. À l’Exposition universelle de 1900, elle montre ses compositions marines, presse-papiers, jardinières, vases et fontaine réalisés à partir de moulages sur nature d’algues et de poissons.
Face aux réactions des critiques qui reprochent à celle pour laquelle Jean Cocteau invente l’expression « monstre sacré » de s’éloigner du théâtre, Émile Zola écrit dans Le Naturalisme au théâtre, en 1881 : « Voilà que, non content de la trouver maigre et de la déclarer folle, on voudrait réglementer l’emploi de ses journées. […] Qu’on fasse une loi tout de suite pour empêcher le cumul des talents ! […] Nous sommes ainsi faits en France, nous n’admettons pas qu’une individualité s’échappe de l’art dans lequel nous l’avons parquée. » Sa carrière de sculptrice inspire pourtant : ses contemporain·e·s reconnaissent à la fois S. Bernhardt et Marcello (1836-1879) dans le personnage de Félicia Ruys, statuaire et protagoniste du roman d’Alphonse Daudet Le Nabab, paru en 1877.
En 1879, à l’occasion d’un voyage de la troupe de la Comédie-Française à Londres, S. Bernhardt organise elle-même une exposition de ses œuvres aux William Russel Galleries. Elle présente seize toiles et quatorze sculptures, et vend presque tout. Elle reçoit la visite de l’homme politique William Ewart Gladstone et le prince Léopold d’Albany lui achète un tableau. En 1880, un album souvenir comportant un catalogue de ses œuvres est publié en parallèle de son exposition à l’Union League Club de New York.
S. Bernhardt s’essaie à deux reprises à la sculpture monumentale. L’architecte Charles Garnier lui commande Le Chant, ronde-bosse destinée à une façade du casino de Monte-Carlo inauguré en 1881, à laquelle fait pendant La Danse de Gustave Doré (1832-1883). Elle participe également au concours organisé par le conseil général de la Seine pour un monument commémorant la défense de Paris en 1870.
Outre les bustes et portraits de ses ami·e·s ainsi que le masque funéraire de son mari Jacques Damala, elle réalise plusieurs autoportraits en peinture et en sculpture. Elle s’inspire parfois de ses rôles : en 1876, elle se représente dans La Fille de Roland et, en 1878, elle se peint en Jeanne d’Arc et dans La Dormeuse, tandis qu’en 1883 elle se représente en Pierrot alors qu’elle joue la pantomime au Trocadéro. En 1880, elle est un sphinx dans son Encrier fantastique. Sur ses épaulettes sont représentées la Tragédie et la Comédie, et le motif principal rappelle qu’elle a joué en 1873 puis en 1880 Le Sphinx d’Octave Feuillet. En 1893, elle prend la direction du théâtre de la Renaissance puis, en 1899, celle du théâtre Sarah-Bernhardt jusqu’à sa mort en 1923. Si elle est mondialement admirée en tant qu’actrice, mécène et directrice, son œuvre peinte et sculptée est encore méconnue. En 2011, Autoportrait en chimère (vers 1876) est présentée dans l’exposition Sculpture’Elles. Les sculpteurs femmes du XVIIIe siècle à nos jours, au musée des Années trente, à Boulogne-Billancourt.
Publication réalisée en partenariat avec le musée d’Orsay.
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