Alex Kither, « The Early Life of Painter Sarah Biffen », Untold Lives Blog, British Library, 12 avril 2022.
→Essaka Joshua, « Sarah Biffin : The Celebrated Nineteenth-Century Artist Born Without Arms or Legs », ART UK : Stories, 5 juillet 2021
→Emma Rutherford et Ellie Smith (dir.), « Without Hands » : The Art of Sarah Biffin, Londres, Philip Mould & Company, 2022.
→Winifred Leybourne, « Sarah Biffin, Miniaturist », The Dickensian, vol. 93, 1997, p. 165-184.
Peintre miniaturiste britannique.
Selon tous les critères traditionnels, la carrière de Sarah Biffin est exceptionnelle. S. Biffin atteint une large renommée en produisant des portraits miniatures et des dessins de natures mortes – en particulier de fleurs – en maniant le pinceau avec sa bouche. Née « sans bras ni jambes », comme l’énonce son acte de naissance, la condition physique de S. Biffin (phocomélie) ne l’empêche pas de mener une solide carrière artistique, d’abord comme exposante dans le circuit des foires rurales anglaises, puis comme portraitiste de la noblesse européenne. Les archives qui nous sont parvenues indiquent qu’elle s’est servie de sa condition physique dans sa stratégie d’autopromotion, ce qui suggère qu’elle n’était pas seulement une artiste talentueuse mais aussi une habile femme d’affaires. S. Biffin bénéficie d’une célébrité étendue, elle reçoit une médaille de la Society of Arts et est mentionnée dans plusieurs romans de Charles Dickens. Les journaux de l’époque suivent continuellement sa carrière, ce qui contribue à sa réputation internationale.
Née dans une famille de fermiers du Somerset, en Angleterre, S. Biffin apprend à coudre et à écrire en se servant de sa bouche. À l’âge de vingt ans, elle signe un accord avec John Dukes, artiste itinérant, pour faire montre de ses capacités lors de foires dans les campagnes. Au sein de cet environnement sensationnaliste, dans lequel elle est présentée comme « le Grand Génie » et « la Huitième Merveille », elle présente ses talents pour l’écriture, la peinture et la couture. Après une quinzaine d’années, S. Biffin met fin à cet arrangement avec J. Dukes, car elle s’est assuré le soutien et la reconnaissance de George Douglas, 16e comte de Morton, qui lui facilite l’accès à une formation artistique officielle auprès du miniaturiste William Marshall Craig (vers 1764-1829).
Grâce à cette formation supplémentaire et aux connexions professionnelles qui l’accompagnent, S. Biffin se lance dans une carrière indépendante. Elle prend un atelier à Londres, sur The Strand, et soumet ses œuvres à la Royal Academy of Arts en 1821. La même année, elle voyage à Bruxelles, où elle est nommée miniaturiste de Guillaume Frédéric, prince d’Orange. En 1824, elle épouse William Stephen Wright, dont on sait peu de chose. À la suite de cela, elle décide d’enseigner à Birmingham, où elle vit et travaille avec deux autres artistes : Mary Ann Saunders (dates inconnues) et R. Hill (dates inconnues). Les années suivantes, S. Biffin déménage fréquemment entre Brighton, Londres, Oxford, Windsor et Bristol, mais elle maintient des connexions avec la famille royale britannique, devenant peintre miniaturiste de la princesse Augusta-Sophie, fille du roi George III, en 1830. Elle emménage ensuite à Liverpool, peut-être à l’origine dans la perspective d’un voyage aux États-Unis, mais elle y établit son atelier et la présentation publique de ses œuvres jusqu’à sa mort, en 1850.
Un autoportrait achevé en 1842 (conservé au Baltimore Museum of Art) indique le statut de célébrité artistique de S. Biffin, équivalent à celui des peintres accomplis du passé. Vêtue d’habits raffinés et à la pointe de la mode, avec une coiffure soigneusement rendue, elle se représente avec la médaille qui lui a été remise par la Royal Society of Arts ainsi qu’avec son pinceau de miniaturiste cousu au revers de son vêtement. Sous son image, elle a écrit : « Miss Biffin. Peinte par elle-même, sans les mains », s’affirmant comme une artiste ayant obtenu la reconnaissance et les louanges par ses seules volonté et ingéniosité.
Malgré ses accomplissements considérables, la réputation de S. Biffin s’est éteinte avec le déclin du goût pour les peintures miniatures, à la fin du XIXe siècle. Son histoire n’a été redécouverte que grâce à des recherches menées dans les années 2020. La majorité de ses œuvres connues se trouvent dans les collections britanniques régionales, comme celles du South West Heritage Trust et du Somerset County Council, bien que ses autoportraits miniatures soient conservés dans les collections de la National Portrait Gallery de Londres et du Baltimore Museum of Art.
Une notice réalisée dans le cadre du programme « Rééclairer le siècle des Lumières : Artistes femmes du XVIIIème siècle »
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