Après une formation à l’École des beaux-arts de Mexico dans les années 1980, Ursula Biemann intègre la School of Visual Arts de New York, dont elle sort diplômée en 1986, avant de rejoindre en 1988 le Whitney Independent Study Program, dans la même ville. À travers ses recherches artistiques et théoriques, elle approfondit des sujets comme la migration humaine, la mobilité, les frontières, ainsi que le statut des genres et l’emprise des technologies, ce qui lui permet d’établir une contre-géographie sous forme de vidéos, d’installations, de photographies ou d’écrits. Ses textes théoriques sont, par ailleurs, régulièrement publiés dans des journaux d’art ou féministes. Ses travaux à caractère documentaire analysent les origines géopolitiques des flux humains et commerciaux dans le contexte de la mondialisation, visant à déconstruire les idées reçues et à exposer une autre réalité sociale. Pour cela, elle mène des enquêtes sur le terrain et collabore avec des spécialistes, qu’ils soient anthropologues, théoriciens de la culture ou architectes.

Avec une économie de moyens qu’elle revendique, elle utilise la puissance de l’image, la narration et la hiérarchisation des documents qu’offre le montage pour mettre en évidence les conséquences de la migration dans Sahara Chronicle (2006-2009), des zones de libre-échange dans Performing the Border (1999), de la communication virtuelle dans Writing Desire (2000). U. Biemann dénonce des injustices sociales auxquelles elle ne peut guère apporter de solution, sinon tenter de montrer au public, grâce à la vidéo, la réalité la plus crue possible. Par le biais de sa démarche, elle cherche à générer un espace de médiation.