Lim Lucy, Six contemporary Chinese women artists : Irene Chou, Nie Ou, Nie Ou, Nancy Chu Woo, Yang Yanping, Zhao Xihuan, Zhou Sicong, cat. exp., Cinese Culture Center, San Francisco [21 décembre 1991 – 21 mars 1992], San Francisco, Cinese Culture Center, 1991.
Expressive Ink: Painting By Yang Yanping and Zeng Shanqing, Art Institute Chicago, 10 août – 10 novembre 2019
→Yang Yanping – Ink Bloom, Michael Goedhuis, Lonson, 1 novembre – 6 décembre 2012
→Yang Yanping, Peter Findlay Gallery, New York, 11 novembre – 15 décembre 2008
Plasticienne chinoise.
Installée à New York, Yang Yanping (杨燕屏) est l’une des principales artistes modernistes chinoises en peinture à l’encre et à l’huile. Elle étudie l’architecture à l’université Tsinghua de Beijing. En 1958, diplôme en poche, elle enseigne quelque temps le design avant d’entrer à l’Académie des beaux-arts de Beijing en 1966. Elle étudie aussi la peinture chinoise traditionnelle en autodidacte.
Les années 1980 représentent un tournant pour Yang Y. et beaucoup d’autres artistes en Chine, qui pratiquent leur art plus librement grâce au relâchement des politiques rigides imposées par la Révolution culturelle de Mao. Yang Y. se met à réaliser des tableaux historiques pour le musée de l’Histoire de Chine et le musée de la Révolution chinoise à Beijing. Son œuvre passe alors d’un dessin réaliste et d’une palette monochromatique à des compositions plus expressives et personnelles, au style coloré et abstrait. Elle commence à exposer plus largement et devient membre de l’OPRA (Oil Painting Research Association, Association de recherche sur la peinture à l’huile), dont font partie beaucoup de peintres de sa génération, dont certaines et certains ont étudié à l’Académie de Beijing.
Son tableau Towering Mountain [La montagne imposante, 1981] est montré à l’exposition Chinese Contemporary Painting : An Exhibition from the PRC en 1984 au centre culturel chinois de San Francisco, qui organise une tournée aux États-Unis. L’artiste y a été recommandée par le spécialiste de l’art asiatique James Cahill, qui avait vu ses œuvres à Beijing en 1982. En 1986, Yang Y. voyage aux États-Unis avec son mari, le peintre Zeng Shanqing (né en 1932), grâce aux bourses d’artistes invités que leur a attribuées la Stony Brook University à New York.
La même année, le couple rencontre l’historienne de l’art américaine Joan Lebold Cohen, une figure fondatrice de la recherche sur l’art moderne chinois depuis le début des années 1960, qui a visité la Chine de nombreuses fois sur plus d’une décennie. Entre-temps, Yang Y. s’est installée définitivement aux États-Unis, à Long Island, à New York. J. L. Cohen publie en 1987 l’ensemble de ses entretiens et de ses photographies d’artistes de Chine, The New Chinese Painting 1949-1986. L’ouvrage traite trois générations de pionnières et pionniers de l’encre et de l’aquarelle et contient un portrait de Yang Y., que J. L. Cohen décrit comme « une étoile montante accomplie de l’Académie de gravure de Beijing ».
Si les premières œuvres de Yang Y. témoignent toujours d’une affinité avec la peinture chinoise classique, notamment ses paysages, l’artiste est surtout connue pour sa pratique de la calligraphie et ses multiples représentations de la force, éternelle mais fragile, de la fleur de lotus. Sa réinterprétation moderniste du guohua, la peinture traditionnelle chinoise, est aussi visible dans sa façon unique de représenter les brumes, les nuages et les champs. Cependant, c’est le lotus qui, par sa forme semi-abstraite et ses nuances de champs de couleurs magnifiquement éclatants, révèle les sentiments intenses que Yang Y. éprouve pour son sujet. D’autres tableaux témoignent de son intérêt ininterrompu pour la faune et la flore, et plus particulièrement le changement des saisons, par exemple Qiū lì [Automne éclatant, 1993] et Xià yè qìxí [Parfum de nuit d’été, 2000], où des fleurs semblent se métamorphoser sur le papier, passant de boutons naturalistes à des explosions de formes colorées.
Au cours des décennies suivantes, Yang Y. continue d’expérimenter les multiples façons d’adapter les matériaux pour créer de nouvelles expressions picturales. Plutôt que d’employer les techniques traditionnelles d’application d’encre au pinceau sur le papier, elle est connue pour sa « technique sans pinceau », une méthode ingénieuse consistant à utiliser du papier froissé pour appliquer la peinture. Le papier est imprégné ou pressé comme une éponge dans un mélange de lavis d’aquarelle, d’encres et d’acryliques dilués contrastés, puis tamponné sur les deux faces du papier peint.
Si, en Chine, Yang Y. est une artiste célèbre dont le travail était exposé à l’international au début des années 1980, elle n’est pas encore pleinement reconnue aux États-Unis. Sa dernière exposition conjointe, organisée à l’Art Institute de Chicago sous le titre Expressive Ink : Painting By Yang Yanping and Zeng Shanqing (2019), constitue la première présentation de l’œuvre de ces deux artistes dans un musée d’art important aux États-Unis, après trois décennies de création. Dans les années 2020, Yang Y., libre de créer l’art qu’elle souhaite, continue d’explorer une vaste gamme d’hybrides lotiformes et de paysages, reflétant ce qui lui importe le plus : son autonomie artistique assumée.