Beverly Yong, Yee I-Lann : Citizen of the Fluid World, Valentine Willie Fine Art, 2010
ZIGAZIG ah!, Silverlens Galleries, Philippines, 2020
→Kinabalu, Greenaway Art Gallery, Adelaide, 2008
→Malaysiana: New Works by Yee I-Lann & Sidney Tan, Valentine Willie Fine Art, Kuala Lumpur, 2002
Plasticienne malaisienne.
Née sur la côte ouest de l’État malaisien du Sabah, Yee I-Lann est l’une des figures de proue des arts plastiques en Asie du Sud-Est. La majeure partie de sa pratique se nourrit de ses expériences transnationales et de son patrimoine familial multiculturel : en effet, sa mère est néo-zélandaise et son père, sino-kadazan (les Kazadans sont une ethnie autochtone du Sabah).
Yee I-Lann quitte la Malaisie au début des années 1990 pour étudier à l’University of South Australia à Adélaïde. Après avoir obtenu une licence en arts (cinématographie et photographie) en 1990, elle s’immerge dans les cultures européennes en parcourant plusieurs villes d’Italie. Elle emménage ensuite à Londres, où elle suit des cours d’été à la School of Art du Central Saint Martins College of Art and Design.
De retour en Malaisie en 1994, elle travaille tout d’abord en tant que cheffe décoratrice pour le cinéma. Elle cofonde ensuite l’influent collectif d’artistes LabDNA. Ces dernières années, elle collabore avec Kota-K Studio, un lieu d’exposition doublé d’une plateforme pluridisciplinaire spécialisée dans l’art et l’architecture.
La pratique de Yee I-Lann s’articule autour d’une analyse du colonialisme européen et de l’héritage postcolonial qu’il a laissé dans les régions du Sud-Est asiatique, comme l’illustre sa participation à Artist and Empire: (En)countering Colonial Legacies à la National Gallery de Singapour en 2016-2017, où les artistes contemporains exposés posaient un regard critique sur l’art né dans les colonies de la région Asie-Pacifique sous la domination de l’Empire britannique. Ses photomontages d’images d’archives modifiées numériquement incluent souvent des symboles de pouvoir, tel le Jalur Gemilang (drapeau de la Malaisie) ou des animaux comme le seladang, une espèce de bœuf sauvage. Son œuvre comprend également des matériaux et des éléments issus de l’artisanat local, notamment le bambou, la feuille de pandanus, traditionnellement utilisée dans la confection de nattes. Yee I-Lann fait aussi du batik.
La manière dont l’artiste explore le thème du corps féminin dans son lien spirituel avec l’eau et la terre est profondément ancrée dans son identité sabah. L’une des figures spirituelles féminines légendaires auxquelles elle fait appel est issue du récit mythologique séculaire kazadan de Huminodun. Elle revêt alors l’apparence d’une jeune femme solitaire ou d’un groupe soudé de femmes debout, chacune ayant le visage caché par une longue chevelure noire qui s’entremêle parfois à celle de sa voisine. Une fois rassemblées, ces figures dégagent à la fois une impression de pouvoir et un sentiment troublant.
Au fond, l’œuvre de Yee I-Lann « fonctionne » à la manière d’un palimpseste, sous la forme de strates superposées d’impressions imagées qui contiennent le souvenir de son passé et celui de son présent, permettant ainsi à l’artiste de partager avec le public les multiples facettes de son univers et de son discours.
Depuis la première exposition collective de Yee I-Lann à la Sabah Art Gallery de Kota Kinabalu en 1994, son travail a été présenté à plusieurs reprises en Malaisie et dans le reste du monde, notamment à Singapour, Sydney, Tokyo, New York et Shanghai.