Ferrandou Christine, Poussard Laurence, Bréchot Gaëlle, Alice Rahon : poète, peintre, artiste voyageuse, Saché, TFV Production, 2012
Alice Rahon : una surrealista en México (1939-1987), Museo de Arte Moderno, Mexico, 2009
Peintre et poétesse française.
Désireuse de brouiller les repères de sa biographie, Alice Rahon disait être née en 1916, en Bretagne, où elle passait ses vacances. De ses prénoms, elle n’a gardé que le premier, en hommage à l’héroïne de Lewis Carroll, à qui elle s’identifie dans un de ses rares autoportraits (Autoportrait, 1951). Rahon est le nom de jeune fille de sa mère, qu’elle adopte en 1947 après son divorce d’avec le peintre autrichien Wolfgang Paalen rencontré en 1931. Tous ses recueils poétiques sont publiés sous son nom d’épouse. En 1936, elle sort aux Éditions surréalistes son premier recueil de poèmes, À même la terre, remarqué par André Breton. En 1938, au retour d’un long périple en Inde où elle rejoint la poétesse Valentine Penrose, elle publie un autre recueil, Sablier couché. En 1939, avec son époux et leur amie et mécène la photographe suisse Eva Sulzer (1902-1990), elle entreprend un long voyage en Amérique du Nord sur les traces de l’art totémique. Au moment où éclate la Seconde Guerre mondiale, le trio est au Mexique. La jeune femme publie alors dans la revue Dyn, fondée par son mari, des tableaux-poèmes et des gouaches, Cristaux d’espaces (1942-1946).
En 1941, paraît son dernier recueil, Noir animal. Après-guerre, dans le Mexique devenu son pays d’adoption, elle développe un art pictural entre abstraction et figuration, proche d’un Paul Klee ou d’un Joan Miró. Son univers, onirique et primitif, souvent d’un bleu extrêmement lumineux comme dans La Ballade pour Frida Kahlo (1956), forme une géographie merveilleuse où, parmi d’imprévisibles métamorphoses, les oiseaux deviennent des îles (Oiseau sur la ville, 1943), les rivières des partitions (Le Fleuve Papaloapán, 1947) et les femmes des volcans (La Femme qui neige, 1945). En 1946, elle conçoit un ballet avec des marionnettes, Le Ballet d’Orion, qui ne sera jamais joué de son vivant. Elle cesse toute activité artistique après 1975. Le musée d’Art moderne de Mexico lui a consacré en 2009 une grande rétrospective.