Truitt Anne, Daybook: The Journal of an Artist, New York, Scribner, 2013
→Wagner Anne M., Truitt Anne, Anne Truitt, threshold: works from the 1970s, New York, Matthew Marks Gallery, 2013
→Baca Miguel de, Memory Work: Anne Truitt and sculpture, Oakland, Canada University of California Press, 2016
Anne Truitt: Sculpture and Drawings, 1961-1973, Whitney Museum of American Art, New York, 18 décembre 1973 – 27 janvier 1974
→Anne Truitt: Sculpture, Georgia O’Keeffe Museum, Santa Fe, 3 juin – 29 octobre 2000
→Anne Truitt: Intersections, Baltimore Museum of Art, Baltimore, 23 octobre 2016 – 6 juin 2017
Sculptrice et peintre états-unienne.
Anne Dean étudie la psychologie avant de travailler à l’hôpital de Boston comme infirmière, tout en écrivant de la poésie et des nouvelles. Un cours du soir de sculpture la convainc, après son mariage en 1948 avec le journaliste James Truitt, de reprendre des études d’art à l’Institute of Contemporary Art de Washington ; A. Truitt y rencontre Kenneth Noland qui exercera une grande influence sur son développement artistique. Elle suit son mari dans différentes villes, dont la baie de San Francisco (1957-1960), où l’espace et la lumière la marquent particulièrement : elle réalise de nombreuses sculptures en céramique inspirées de l’art mexicain et maya, ainsi qu’un important travail graphique. Entre 1960 et 1964, elle revient à Washington et occupe un grand studio. Au cours de cette période charnière, elle renoue avec K. Noland et se lie avec les critiques et historiens Clement Greenberg et William Rubin, et les artistes Morris Louis et David Smith. Lors d’une exposition sur l’expressionnisme abstrait, un tableau de Barnett Newman, Onement VI (1953), et un monochrome noir d’Ad Reinhardt confirment son choix en sculpture : une géométrie pure et monochrome. Elle réalise ainsi un œuvre en forme de barrière, First (1961), suivie en 1962 d’un ensemble important de sculptures et de dessins. Sa première exposition personnelle a lieu l’année suivante à la galerie new-yorkaise André Emmerich. Lors d’un séjour au Japon entre 1964 et 1969, elle produit des sculptures en métal peint, qu’elle détruira par la suite. La même année, séparée d’avec son époux, elle revient à Washington, où une bourse de l’Artist Fellowship Program de la Washington Gallery of Modern Art lui permet de disposer d’un studio et de moyens pour se consacrer à son art.
A. Truitt est alors identifiée, dès les années 1960, comme l’une des rares artistes femmes (dont les peintres Jo Baer et Agnes Martin) à s’inscrire dans la mouvance de l’art minimal. Ses œuvres se retrouvent dans les expositions majeures de ces années-là : Primary Structures (1966) au Jewish Museum de New York ; The Art of the Real: USA, 1948-68 (1968) au Museum of Modern Art de New York. À partir de la décennie suivante, elles font l’objet de rétrospectives, comme celle du Hirshorn Museum and Sculpture Garden à Washington (2009), accompagnée d’une monographie qui fait date. A. Truitt est l’auteure d’un travail original et complexe, qui cherche, depuis son origine, à appliquer les découvertes plastiques de l’art minimal en trois dimensions, tout en dépassant la gamme chromatique des sculpteurs les plus reconnus du mouvement – Carl Andre, Bob Morris, Donal Judd. Elle s’appuie initialement sur des éléments architecturaux et une palette inspirée de la côte est du Maryland, son pays natal. Barrières et tombes se simplifient progressivement jusqu’à devenir des colonnes – sa marque de fabrique –, réalisées dans des tons tantôt pastel tantôt vifs, dont la juxtaposition évoque subtilement la nature et les paysages de la côte Ouest des États-Unis. Parallèlement, elle tient son « journal d’artiste », qui sera publié successivement sous les titres Daybook (1982), Turn (1986) et Prospect (1996). Sa volonté de se démarquer d’une vision doctorale du minimalisme se résume dans cette phrase : « Je n’ai jamais permis qu’en ma présence, je sois qualifiée de “minimale”, car l’art minimal se caractérise par sa non-référencialité. Et ce n’est pas ce qui me caractérise ; (mon travail) est totalement référentiel. Je me suis battue toute ma vie pour obtenir le maximum de sens à l’aide des formes les plus simples possible » (1987).