Bowness Alan, The Complete Sculpture of Barbara Hepworth, 1960–69, Londres, Lund Humphries, 1971
→Wilkinson Allan G., The Drawing of Barbara Hepworth, Londres, Lund Humphries, 2015
→Bowness Sophie (dir.), Barbara Hepworth: Writings and Conversations, Londres, Tate Publishing, 2015
Barbara Hepworth, Wakefield City Art Gallery and Bankfield Museum, Halifax, 1944
→Barbara Hepworth, musée des Beaux-Arts, Nancy, 12 janvier – 27 mars 2006
→Barbara Hepworth, Sculpture for a Modern World, Tate Britain, Londres, 24 juin – 25 octobre 2015
Sculptrice et dessinatrice britannique.
Souvent présentée comme l’alter ego féminin d’Henry Moore, Barbara Hepworth n’a cependant pas connu la même notoriété. Leur vie parallèle commence à la Leeds School of Arts, où la jeune fille, issue d’un milieu modeste, entreprend des études de sculpture, poursuivies entre 1921 et 1924 au Royal College of Art de Londres qui dispense alors un enseignement selon la tradition du XIXe siècle. Entre 1924 et 1927, elle séjourne à Florence, où elle observe la sculpture étrusque et romane plus que l’art renaissant, puis à Rome, où elle rejoint son premier mari, le sculpteur John Skeaping, à la British School. C’est dans la capitale italienne qu’elle apprend la taille directe, dont elle devient, avec H. Moore, la spécialiste : dans l’article de The Studio (1932), elle explique que « le sculpteur taille parce qu’il le doit » et proclame son amour de la matière dure qui résiste à la taille. Tout au long de sa carrière, elle a renouvelé son travail en diversifiant matériaux et couleurs : la pierre sous toutes ses formes (marbres, albâtres de teintes variées) et les essences de bois exotique aux couleurs souvent chaudes (teck, ébène, sycomore, acajou, séquoia, bois de Birmanie, bois de rose). Ses premières sculptures prennent pour thème l’animal, sujet minimal qui permet d’échapper aux contraintes de la tradition figurative et d’attirer la forme vers les frontières de l’abstraction : Doves (« colombes », 1927) est un bon exemple des petits formats qu’elle privilégie. B. Hepworth représente aussi la forme humaine : jusqu’au début des années 1930, ses corps, trapus et épais montrent son intérêt pour les œuvres dites primitives – un intérêt partagé par nombre d’artistes depuis deux décennies. En effet, la sculptrice est, aux côtés de son second mari le peintre Ben Nicholson, très intégrée aux communautés artistiques d’Hampstead et de Paris, qui se font et se défont.
En 1933, elle est membre d’Abstraction-Création avec Arp, Gropius, Le Corbusier, Hélion, Mondrian ; en 1934, elle participe, avec H. Moore et le critique Herbert Read, à l’expérience d’Unit One ; à Paris, elle fréquente Picasso, Brancusi, Giacometti. Créée en 1931 (et détruite pendant la Seconde Guerre mondiale), sa première Pierced Form (« Forme percée ») a inspiré H. Moore : trait marquant de son style, cet évidement de la forme par une puis plusieurs ouvertures lui permet d’explorer les réactions de la matière à la lumière, et les contrastes entre l’intérieur et l’extérieur des formes géométriques dominées par la ligne courbe. Ses premières œuvres percées coïncident avec ses premiers « groupes ». Leurs titres, Mother and Child (1934), Large and Small Form (1934), suggèrent l’assimilation entre forme et figure. Il est néanmoins tentant d’attribuer son évolution vers l’abstraction à ses expériences collectives des années 1930 plutôt qu’à ses maternités (comme on l’a parfois fait), d’autant plus que très rapidement, ses « formes », souvent désignées par leur nombre, deviennent de libres explorations géométriques émancipées de la référence au corps. À partir de 1940, l’introduction de cordes puis de couleurs enrichit ses sculptures ovoïdes de lignes droites et contribue à créer des effets de perspective. La guerre contraint la famille à se réfugier en Cornouailles. Elle inspire à B. Hepworth un retour à la figure, dont témoigne notamment une série de dessins représentant le travail du chirurgien (Reconstruction, 1947). D’abord précaire, ce refuge devient un paysage dans lequel elle crée, dans son atelier-jardin de St Ives, des œuvres d’extérieur. C’est là qu’elle livre ses sculptures les plus connues. Leurs noms – Pelagos (1946), Anthos (1946), Eidos (1947), Elegy III (1966) – rappellent la mer et la Grèce, avant même qu’elle n’y séjourne. C’est l’époque de sa consécration : deux ans après H. Moore, elle représente en 1950 la sculpture anglaise à la Biennale de Venise. Ses formats deviennent plus imposants pour satisfaire les commandes publiques qu’elle commence à recevoir et qui déterminent son adoption des métaux dans les années 1950 (bronze, cuivre, laiton), plus légers, résistants et ductiles. C’est le cas de Meridian (1958-1960), un bronze de près de 5 mètres de haut, réalisé pour la State House de Londres. Un an après sa mort, en 1975, au cours d’un incendie dans son atelier de St Ives, conformément à sa volonté, le lieu devient le musée Barbara Hepworth, extension de la Tate Gallery depuis 1980. Un deuxième musée consacré à la sculptrice, The Hepworth Wakefield, a également ouvert ses portes en 2011 dans sa ville natale.