Portrait de Bia Davou, A/A 3434, Bia Davou [Sails], Art Archive, EMΣT | Musée national d’art contemporain, Athènes, don de Zafos Xagoraris (2001)
Tina Pandi et Stamatis Schizakis, PLEXUS Petros Moris – Bia Davou – Efi Spyrou, cat. exp., Maison de Chypre, Athènes, 19 novembre 2015 – 16 janvier 2016, Athènes, Maison de Chypre, 2015
→Tina Pandi et Stamatis Schizakis, Bia Davou – A Retrospective, cat. exp., Musée national d’art contemporain d’Athènes (ΕΜΣΤ), Athènes, 17 décembre 2008 – 1er mars 2009, Athènes, Musée national d’art contemporain d’Athènes (ΕΜΣΤ), 2008
→Bia Davou, Seiraikes Domes 2. Odysseia. Mikri anakefalaiosi [Structures sérielles 2, L’Odyssée : Une brève Synthèse], Athènes, Desmos Art Gallery, 1981 (brochure)
Bia Davou – A retrospective, Musée national d’art contemporain d’Athènes (ΕΜΣΤ), Athènes, décembre 2008 – mars 2009
→Bia Davou – A Retrospective 1991-1996, Maison de Chypre, décembre 1996 – janvier 1997
→19e Biennale de São Paulo : Utopia versus Realidade, Biennale de São Paulo, São Paulo, octobre-décembre 1987
Artiste visuelle grecque.
Figure majeure des arts visuels en Grèce, Bia Davou se révèle avec les explorations artistiques des années 1960-1970, période marquée par des évolutions profondes, tant dans le domaine sociopolitique que dans celui de l’histoire de l’art. Sa famille ne lui permet pas de suivre une formation artistique formelle, mais elle étudie l’art auprès du peintre Kostas Iliadis (1903 – 1991) pendant quatre ans entre 1952 et 1958. Progressivement, au gré de recherches et d’expérimentations continues autour des interactions entre l’art, le langage, la science et la technologie, sa pratique s’écarte des conventions artistiques. Son œuvre diversifiée intègre la cybernétique, l’électronique, la programmation, les mathématiques et la poésie, témoignant d’un engagement novateur avec les nouveaux médias et leurs méthodologies. Elle n’hésite pas dès lors à faire appel à une vaste gamme de techniques, allant de la peinture au dessin, en passant par l’impression de circuits sur des supports en bakélite cuivré ou la broderie. Elle se nourrit de ses échanges intellectuels avec son partenaire, l’artiste et mathématicien Pantelis Xagoraris (1929-2000), pour se forger sa propre conception des systèmes de communication homme-machine.
Dès le milieu des années 1960, Β. Davou expérimente différents modes d’abstraction, en quête d’innovation pour élargir son expression artistique. Entre 1967 et 1970, elle crée Plegmata [Grilles], une série de constructions utilisant des matériaux comme le PVC ou le Plexiglas. La superposition d’éléments qui se chevauchent annonce ce qui deviendra un composant essentiel de sa méthodologie artistique, à savoir le concept de la grille. Les séries suivantes, Diagrammata [Diagrammes] et Kiklomata [Circuits] (1973-1975) témoignent de ses recherches autour des tableaux informatiques dynamiques et des aspects formels et conceptuels de leur langage technique. Cet ensemble d’œuvres marque le début d’un intérêt jamais démenti pour les systèmes logiques et les codes de communication mathématique, développant ainsi une théorie élargie du rôle social de l’art et de son potentiel de communication.
Au milieu des années 1970, B. Davou adopte la sérialité comme principe d’organisation de sa production. Elle structure son œuvre autour de séries logiques mais non hiérarchisées, qu’elle appelle des Siraikes domes [Structures sérielles]. Fondées sur un système numérique binaire, elles évoluent selon une logique séquentielle. Elles peuvent être appliquées sur différents supports – sculpture, peinture, broderie, etc. –, mais le dessin reste le principal vecteur pour développer sa méthodologie des séries. Elle y intègre la suite de Fibonacci, qui sert de code visuel pour faciliter la communication entre l’artiste et son public.
L’art de B. Davou se caractérise entre autres par une production manuelle méticuleuse, nécessitant un travail intensif, qui bouscule leur format apparemment structuré et systématique. À la fin des années 1970, ce laborieux processus appliqué à ses séries l’amène à s’intéresser au mythe du tissage de Pénélope dans l’Odyssée d’Homère, marquant un changement décisif dans sa création artistique, qui s’éloigne désormais des systèmes rigides qu’elle avait jusque-là conçus. Elle se met à transcrire les vers d’Homère en séquences numériques sur du papier millimétré ou à les broder sur du tissu, créant des formes s’apparentant à des voiles. Les thèmes récurrents de Nostos [Retour] et de Thanatos [Mort] de l’Odysséedeviennent les axes conceptuels de sa production, qu’elle entrecroise avec sa propre expérience.
L’œuvre de B. Davou a été redécouverte et réinterprétée après sa mort, à l’occasion d’une grande rétrospective organisée en 2008 au Musée national d’art contemporain d’Athènes (ΕΜΣΤ), qui détient une importante collection de ses œuvres.
Une notice réalisée dans le cadre du programme “Vivre avec deux cerveaux : Artistes femmes dans les nouveaux médias, années 1960 -1990”
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