Sule Ameh James, « Clara Etso Ugbodaga-Ngu’s Many Roles in Nigeria’s Modernist Art Scene », Post Notes on Art in a Global Context, 26 juillet 2023.
→Daniel O. Babalola, The Nigerian Artist of the Millennium : Historian, Builder, Aesthetician and Visioner, Abuja, National Gallery of Art, 2004.
→Jareh Das, « Shaping the Nation : Clara Etso Ugbodaga-Ngu », Bonhams Magazine, n°70, printemps 2022.
Exposition d’arts visuels nigérians, FESTAC’77, World Black and African Festival of Arts and Culture, Lagos, 15 janvier-12 février 1977.
→Radcliffe Graduate Center, Boston, 1963.
→Commonwealth Institute Art Gallery, Londres, 1958.
Peintre, sculptrice et artiste textile nigériane.
Clara Etso Ugbodaga-Ngu est née à Kano, au nord du Nigeria, de deux parents Edo. Pionnière du modernisme postcolonial nigérian, elle dépeint dans son œuvre à la fois figurative et abstraite la vie quotidienne du pays nouvellement indépendant. Elle tient un rôle singulier sur la scène artistique des années 1960, dominée par ses homologues masculins, et son travail n’a pas reçu la même attention que celui de ses pairs.
Enfant, C. E. Ugbodaga fréquente les écoles missionnaires de Kano et de Zaria, avant d’y enseigner elle-même entre 1945 et 1950. En 1950, elle obtient une bourse de l’administration coloniale pour étudier à la Chelsea School of Art de Londres, dont elle sort diplômée en design et peinture en 1954. L’année suivante, elle obtient un diplôme d’enseignante en art de l’université de Londres. Elle rencontre au Royaume-Uni Victor Anomah Ngu, un médecin chirurgien camerounais, qu’elle épouse en 1960, ajoutant le nom de son mari au sien.
De retour au Nigeria à la fin des années 1950, C. E. Ugbodaga-Ngu devient la première femme artiste et intellectuelle – et la première Nigériane – à obtenir un poste de professeure au Nigerian College of Arts, Science and Technology (NCAST). Membre du corps professoral de 1955 à 1964, elle connaît des débuts plutôt difficiles. Ses collègues britanniques ne lui réservent pas un bon accueil et estiment qu’elle n’est pas « à sa place ». Elle tient pourtant un rôle important dans la formation d’une nouvelle génération d’artistes nigérians. Quelques-uns de ses élèves, dont Uche Okeke (1933-2016), Demas Nwoko (1935-), Bruce Onobrakpeya (1932-), Yusuf Grillo (1934-2021) et Erhabor Emokpae (1934-1984), forment la Zaria Art Society (The Zaria Rebels), caractérisée par le rejet d’une approche européenne de l’art pour développer une pratique hybride et un canon spécifiquement nigérian.
En 1958, C. E. Ugbodaga-Ngu est la première artiste femme nigériane à bénéficier d’une exposition personnelle à Londres, à la Commonwealth Institute Art Gallery. En 1959, elle est récipiendaire d’une bourse de la Fondation Ford qui lui permet d’accéder à un poste de professeure à l’Institut d’éducation de l’université d’Ibadan, à cent kilomètres au nord de Lagos, où elle reste jusqu’en 1962. En 1964, elle est chercheuse à mi-temps à l’Institut d’études africaines de l’université d’Ife. Après s’être occupée de ses quatre enfants, elle reprend en 1966 son poste de professeure au NCAST, devenu entre-temps l’université Ahmadu Bello, à Zaria (ABU).
En octobre 1961, C. E. Ugbodaga-Ngu fait partie des artistes qui assistent à la réunion organisée par Uche Okeke (1933-2016) et Ben Enwonwu (1917-1994) pour discuter de la formation de la Nigerian Art Academy. Parmi les autres artistes présent·e·s à cette réunion qui conduit à l’inauguration de l’éphémère académie le 18 novembre suivant et son exposition inaugurale en 1964, figurent Aina Onabolu (1882-1963), Felix Idubor (1928-1991), Demas Nwoko (1935-), Simon Okeke (1937-1969), Y. Grillo, Festus Idehen (1928-), B. Onobrakpeya, Afi Ekong (1930-2009), Jimo Akolo (1934-), E. Emokpae, Timothy Adebanjo Fasuyi (1935-), James Akanu Nkobi (1934-) et Michael Adebayo Ajayi (1936-). C. E. Ugbodaga-Ngu dirige ensuite une autre organisation artistique éphémère et pratiquement inconnue, l’Association of Nigerian Artists. Nommée conseillère d’État du second Festival des arts et de la culture noire en 1975, elle est parmi les sept femmes exposées sur les soixante-trois artistes plasticien·ne·s du FESTAC’77, qui se tient à Lagos du 15 janvier au 12 février 1977. Elle est nommée membre de l’institut Asele, à Nimo, en 1985.
Une notice réalisée dans le cadre du projet Tracer une décennie : artistes femmes des années 1960 en Afrique, en collaboration avec la Njabala Foundation
© Archives of Women Artists, Research and Exhibitions, 2024