Chaffee Cathleen (dir.), Eija-Liisa Ahtila, ecologies of drama: collected writings, interviews, and scripts, Buffalo, Albright-Knox Art Gallery, 2015
→Bal Mieke (dir.), Eija-Liisa Ahtila: Marian ilmestys = The annunciation, Helsinki, Crystal Eye, 2011
Eija-Liisa Ahtila, Jeu de paume, Paris, 22 janvier – 30 mars 2008 ; K21 Kunstsammlung Nordrhein-Westfalen, Düsseldorf, 17 mai – 17 août 2008
→Eija-Liisa Ahtila: Parallel Worlds, Kiasma, Helsinki, 2017
→Eija-Liisa Ahtila, M Museum, Louvain, 18 mai – 16 septembre 2018
Artiste multimédia finlandaise.
Eija-Liisa Ahtila appartient à la génération d’artistes des années 1990, dont la pensée se situe dans cet état antérieur-postérieur des images de cinéma à travers la télévision. Son projet indique des modes de circulation entre le petit et le grand écran, de la salle de projection à celle de l’exposition. Le cinéma qu’elle produit est une recherche sur la structure de l’image et de la langue, sur différents clivages entre les espaces collectifs et individuels. Il exhibe sa propre jouissance à produire du montage, du rythme, du son, à faire communiquer d’un écran à l’autre, et dans sa langue d’origine, les mots de l’enfance, de la mémoire, de la sexualité, à raconter des histoires d’attachement, de chute ou de désastre. À travers ses premiers films courts, elle expérimente des procédures de narration syncopée. Dans la série des « drames humains », les trois parties de Me/We, Okay, Gray (1993) prennent pour sujet l’univers déséquilibré de la famille, l’adolescence, la confusion des désirs, la séparation. On y voit déjà à quel point elle joue, de manière singulière, entre les héritages des démarches conceptuelles et alternatives des années 1960 et les conventions du cinéma commercial, des sitcoms et de la publicité.
En 1999, l’installation Consolation Service radicalise cette esthétique, prise entre le réalisme documentaire et le cinéma fantastique. Ce récit sur le divorce d’un jeune couple introduit magistralement un autre élément majeur de l’œuvre : le thème de la mort, de la rupture, celui du temps et de sa révolution. L’installation est conçue pour deux écrans, avec différents niveaux de lecture entre l’image de droite, où les événements défilent, et celle de gauche, qui dévoile des éléments plus abstraits : un paysage, des émotions, l’imaginaire des personnages. La maison fait partie des figures récurrentes de l’univers d’E.-L. Ahtila, sous la forme de maquettes, d’objets narratifs, d’espaces mentalisés, comme dans l’installation en trois écrans The House (2002) : l’enceinte du foyer devient alors le lieu d’un drame à plusieurs voix, d’un basculement schizophrène – la pièce a été réalisée à partir d’entretiens avec des femmes psychotiques. Avec une extrême sophistication et précision, ses pièces mettent en évidence des mécaniques d’illusions du cinéma et des conditions de production d’une image. Elles disent, sans la dévoiler, toute la complexité des relations humaines contemporaines, en restant toujours au bord d’une énigme, d’un secret infranchissable.