Louati Ali, Artistes de Tunisie et d’ailleurs, écrits sur l’art contemporain 1983-2016, Oloron-Saint-Marie, Contraste Editions, 2018
Être avec, Ambassade de Suisse, Le Kram, 23 novembre – 30 décembre 2018
→Rouge, Blanc, Noir, Baltimore Museum of Art, Baltimore, 2007
→Fatma Charfi, Galerie Kunstkeller, Bern, 2001
Plasticienne et performeuse tunisienne.
Étudiante à l’École des beaux-arts de Tunis, Fatma Charfi est la seule femme acceptée dans la classe d’audiovisuel. Elle poursuit ses études à l’université Paris 1-Sorbonne et obtient un doctorat en esthétique et sciences de l’art. À la fin des années 1980, elle s’installe à Berne, en Suisse. L’exil devient alors un thème central de son œuvre. En 1990, elle crée un petit personnage de 7,6 centimètres de longueur, fabriqué dans du papier de soie qu’elle trempe dans de l’encre noire puis sèche, découpe et roule, suivant la technique traditionnelle de la fabrication du pain, utilisée par les femmes tunisiennes. Elle multiplie ce personnage et le dissémine dans toutes ses créations. L’Abrouk (Abérics, au pluriel) incarne les difficultés de l’exil et le fourmillement des sentiments.
En 2004, à Dakar, elle développe sa performance intitulée Projet laboratoire de Paix : l’Offrande. Une tour de 2,3 mètres, Installation verticale, composée de boîtes en plexiglas, contient d’innombrables personnages qui semblent y étouffer. Sur le sol, d’autres figurines sont éparpillées sur une frise rectangulaire tapissée d’ouate de coton et recouverte par endroits d’un filet, de sorte que les personnages semblent tantôt protégés, tantôt emprisonnés. Chaque figure est, par sa répétition, déshumanisée. Mais la répétition se conjugue avec de subtiles différences : non seulement dans la distribution des poupées et dans leur agencement, mais pour chacune d’entre elles par la manière dont elle a été gonflée, frisée ou crêpée. L’effet collectif, qui ôte aux figures leur individualité, n’en laisse ainsi pas moins percevoir une multitude de sens.