Bradu Fabienne, Iturbide Graciela, Eyes to fly with : portraits, self-portraits, and other photographs, Austin, University of Texas press, 2006
→Iturbide Graciela, Keller Judith, Graceila Iturbide, Juchitán, Los Angeles, The J. Paul Getty Museum, 2007
→Delpire Robert, Frizot Michel, Graciela Iturbide, Arles, Actes Sud, 2011
Graciela Iturbide, Centre Pompidou, Paris, 9 juin – 4 juillet 1982
→Graciela Iturbide, Fundación MAPFRE Instituto de Cultura, Madrid, 16 juin – 6 septembre 2009
→Graciela Iturbide, Museo de Arte Moderno, Mexico, 11 avril – 19 juin 2011
Photographe mexicaine.
C’est dans les pensionnats conservateurs pour filles de familles aisées, fréquentés dès son enfance, que Graciela Iturbide se sensibilise à l’imaginaire catholique, sa mise en scène constante, et, par là même, aux rituels populaires de son pays. À 27 ans, après sept ans de mariage et trois enfants, elle débute des études de cinéma. C’est alors que Manuel Álvarez Bravo (1902- 2002), son professeur et surtout le « père » de la photographie mexicaine, l’encourage, pendant le deuil de sa fille de 6 ans, à passer à la photographie, donc d’une forme de travail collectif à une autre, plus solitaire et adaptée à son approche intimiste des sujets. Devenue assez vite l’une des principales représentantes du boom photographique mexicain des années 1970-1980, elle hérite de l’approche humaniste et du style poétique de son mentor, ainsi que de son noir et blanc non négociable et de sa fascination pour l’éclectisme des expériences culturelles, religieuses et politiques de la vie quotidienne au Mexique, qu’il aborde en effectuant un travail de terrain méthodique, issu de l’anthropologie. Le concept d’« instant décisif », forgé par Henri Cartier-Bresson (1908-2004), tient un rôle central dans la production de la photographe.
Au cours des années 1970, ses recherches pour l’Institut national indigéniste lui font découvrir la diversité culturelle de son pays. Sa série Juchitán de las mujeres (1979), dont fait partie Nuestra Señora de las Iguanas (1979), photographie emblématique qui révèle la force et la fierté des femmes zapotèques, gratifie G. Iturbide d’une immédiate et ample reconnaissance. En 1982, le Centre Georges-Pompidou lui consacre une exposition à Paris, à laquelle succèdent, depuis, d’innombrables prix et rétrospectives. Son œuvre peut se comprendre comme une enquête sur l’identité de l’individu plongé sans cesse dans une succession infinie de jeux de représentation. Parmi ses séries les plus importantes figurent Los que viven en la arena [ceux qui habitent dans le sable, 1981], étude photographique du peuple seri du nord du Mexique, Fiesta y muerte (1988), enquête sur la fête des défunts, les portraits de femmes atteintes du sida à Madagascar en 1990 (commande de Médecins sans frontières), et En el nombre del padre (en 1993), consacré au rituel annuel d’abattage de chèvres à Oaxaca).